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28 mars 2010, Eglise du Collège Saint-Michel, Fribourg, Requiem de Jean-Luc Darbellay et Danse des morts d'Arthur Honegger par le Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg, l'Academiechor de Lucerne et la Jungen Philarmonie Zentraschweiz (dir. Pascal Mayer) (posté le 28/03/2010 à 23:38)

Subtilité d'un monde complexe, ce requiem calme ou violent n'a peut-être pas son écrin le plus adapté dans le roccoco de l'église du collège Saint-Michel. Il n'empêche qu'on se laisse entraîner, malgré les bancs douloureux au postérieur, dans un monde proche de la mort, inconnu, où les voix murmurent et chuchotent, puis crient, où l'on ne sait pas, parfois, si le choeur chante et si les instruments jouent ou si c'est seulement notre imagination qui s'en fait l'écho. On a l'impression d'entrer dans une grotte ou un tombeau, les sons se font lancinants, les notes les plus basses (Raymond et Joël) s'effacent pour laisser la place à des suraigus grinçants. Il y a comme une corde tendue qui ne se relache pas, une tension calme, un apaisement douloureux. Rien pour l'épate. Rien de cette musique neuronale qui se sait laboratoire. Une musique contemporaine qui n'a pas oublié Mozart. Arthur Honegger vient ensuite danser la carmagnole au bord du tombeau, et là, la caverne d'Ali Baba que sont les murs de l'église Saint-Michel, retrouvent leur sens, c'est-à-dire tous les sens, et l'esprit, soufflé par Dieu à Claudel, et l'amour, qui est plus que la mort. Bien sûr, il aurait fallu être dans le choeur...

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27 mars 2010 : Eglise de Montagny, Concert des choeurs mixte de Montagny-Tours (dir. Eric Kolly) et de Carignan-Vallon-Gletterens (dir. Geneviève Moullet Murith) (posté le 28/03/2010 à 12:48)

Encore de la musique chorale... Petit voyage dans le temps. Un peu de Renaissance, belle qui tient ma vie (et le souvenir d'Artoris). Un peu de Romantisme, erlaube mir (et le souvenir du bac d'allemand). Un peu de chants d'ici, une madeleine à jolie voix, la fille qui venait le soir chez nous et qu'on prenait sur nos genoux, et "c'est la Toussaint, viens boire un verre". Comme souvent, ce que l'on entend ne surprend pas, mais le plaisir de chanter passe, et l'on se rend compte qu'il n'est pas d'art plus populaire que le chant. Certes, on aurait aimé savoir ce qui se chantait, mais peu importe, la tradition chorale reste le fondement de l'identité d'ici, celle d'hier et celle d'aujourd'hui. Et parrain fête cette année ses 70 ans de chant !

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20 mars 2010, Centre sportif de Cousset, Concert de La Concorde de Montagny-Cousset (dir. Jacques Aeby) (posté le 21/03/2010 à 18:18)

La fin de soirée un brin calamiteuse et le fond du bar ne doivent pas nous faire oublier que d'abord, il y a eu la musique, l'enthousiasme d'amateurs éclairés pour des pièces exigeantes ou légères, le talent des solistes d'un soir, une vierge qui saute d'une tour et met le feu au château, des flûtes sensuelles qui se font bossa nova, un basson espiègle, un trombone langoureux, une batterie battante, "je ne veux parler qu'à tes seins", des médailles d'or, un président au crâne rasé et un registre de clarinettes qui a hâte de s'étoffer. J'arrive...

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13 mars 2010, Eglise de Grolley, Concert des choeurs mixtes de Grolley (dir. Pascal Mayer) et d'Hérémence (dir. Samuel Emery) (posté le 14/03/2010 à 16:18)

Retour à la tradition, la belle musique chorale du canton de Fribourg, l'abbé bovet, encore et toujours, quelques unes de ces pièces dont il serait sacrilège de se lasser, L'immortelle de Jean, Le baiser de ma mère, ces chansons qu'on nous fredonnera quand on entra au paradis... Les successeurs de l'abbé Bovet, Henri Baeriswyl, André Ducret, l'autre abbé, Pierre Kaelin, à la hauteur, puis des musiques d'ailleurs, Rheinberger, Fauré, Rossini. Le concert était sans surprise, et l'on ne s'en plaindra pas. Se sentir un peu plus fribourgeois, au coeur de ce monde choral amateur, se sentir le dernier rameau d'une tradition vivante, voilà de quoi réjouir un coeur encore sous le choc de la création du week-end dernier. Si "Failloubaz" a été possible, c'est aussi grâce à Bovet, grâce à Kaelin, grâce à Pascal Mayer, grâce à tous ceux qui font que le chant choral est au coeur de l'identité de notre coin de terre.

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5, 6, 7 mars 2010, Halle des Fêtes, Payerne, Failloubaz (paroles : Patrick Charles, Bernard Ducarroz, Vincent Francey ; musique : Lucas Francey, Fabien Renevey, Pierre Huwiler, Francis Volery, Fabien Volery) (posté le 13/03/2010 à 17:41)

 J’avais à peine esquissé ce journal des choses vues et entendues, trop vite abandonné. Il est sans doute temps de le reprendre, et je ne pouvais pas ne pas écrire quelques mots sur ce week-end (ces deux ans…) inoubliable(s). Pari réussi. 1000 chanteurs (ou presque), un orchestre symphonique pour mes mots, comment ne pas fondre ? quelques émotions fortes, juste pour les garder au cœur, un petit inventaire à la Prévert :

 

L’oiseau d’azur qui allume plus de deux heures de soleil

Un tic-tac algorithmique qui m’a estomaqué

Des ados qui volent les étoiles

« Un poids pareil » (par Jean-Albert Favre)

Des trous de mémoire

Romy à vélo

« Quant au vent » ou « mais là-haut » ?

Un Roméo sur son échelle

Une acrobate qui va plus haut

« Un meeting à Avenches » (par Georgette Mayor)

La foule

« Il va sur ses dix-huit ans » (par ma sœur)

La foule

Pierre Huwiler qui décolle

 

 AaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaCH ! (et les dentiers qui tiennent encore)

La voix de Nicolas Pernet quand il chante « charognard »

La voix de Grégory Mauroux quand il chante « demain je serai un ange » à qui, à chaque représentation, mes larmes disaient (et disent encore, car elles reviennent quand j’écris ces lignes) un immense merci

La musique de Francis Volery à qui mes larmes, au même moment, disent aussi un immense merci

Les ailes de géants qui ont empêché Failloubaz de marcher

« La chienne de vie » (par Romy Jaquet et Monique Volery)

Le pantalon de Francis

Pour le pays

Demain

Film d’horreur

Demain

Le vieux chalet

Demain

Fabien, tu délires

Demain

Les larmes qui sont de retour pour les violons du bal

« Et vous les gens d’Avenches, vous n’avez rien dit ? vous n’avez rien fait ? » (par deux enfants adorables)

Le subtil et superbe souvenir de nos jours d’enfance

« C’est la sueur du jardinier qui fait pousser les roses, mais c’est son rêve qui les fait fleurir » (par René Pradervand)

Et Failloubaz qui s’envole dans un final époustouflant.

 

L'après-concert ne figurera pas dans cet inventaire. Trop long à raconter. Merci encore à toutes les personnes qui ont participé à cette aventure unique!

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15 novembre 2007, Aula du Collège Saint-Michel, Fribourg, Figures de l’humour, de François et Laurent Gachoud (posté le 13/03/2010 à 17:39)

Entre humour et philosophie, quelle posture prendre ? Public rare, des philosophes. Personne ne rit. L’effet recherché par les auteurs foire, sans doute parce que le public est mauvais. Conclusion ? Les philosophes n’auraient-ils pas d’humour ? En sortant, je ne suis pas loin de le penser. Un public de collégiens se serait marré. Les passages humoristiques pourraient être drôles, malgré leur air de déjà entendu. Un doute plane. Raymond Devos, sans Raymond Devos. François Sylvan, mort. Les commentaires philosophiques ? Impression qu’ils ne sont pas à leur place. Lire de la philo sur l’humour, pourquoi pas ? La monter au théâtre, erreur sans doute. Ou alors, changer de public. Les publics intellectuels sont les plus mauvais. Je brave le froid, salue madame Braillard et vais boire une bière au stamm. J’aurais sans doute dû le faire d’emblée.

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15 novembre 2007, Aula de l’Université, Fribourg, Dies Academicus (posté le 13/03/2010 à 17:36)

BA. 18’000 francs. Oubli du nœud papillon. Tant pis. Il neige. Ils disent tous la même chose, Isabelle Chassot, Jacques Eltschinger (en costar), le recteur, les nouveaux docteurs honoris causa, bla, bla, bla. Seul bon moment : nous (le Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg). Zigeunerleben de Schumann, ça va trop vite, je bafouille un peu. Ready to go, to go, to go, to go, pas mal, sans la Chine, impression de chanter devant un mur. Conférence du recteur, trilingue, une histoire de bateau qui coule naviguant entre Socrate, le radeau de la méduse et la « fin du sujet ». Sans fin. Discours. « Notre Alma Mater », personne ne dit plus ça, tout le monde pourtant, ici. A nous. Il Carnevale di Venezia, Rossini, ça faisait longtemps, ça fait du bien. Die Beredsamkeit, Joseph Haydn, jolie pièce, préparation à un apéro qui se fait attendre. Non. Jean-Claude Cornu, volubile, seul discours écoutable. Apéro ? Non. Les sept couplets du Gaudeamus, lutter contre le rubato des sociétés d’étudiants. Bravo. Apéro. Petits fours, enfin, excellents, ça valait la peine d’attendre. Midi et demie, une matinée de perdue. 18’000 francs. BA. Et puis ré-avoir chanté le Carnaval de Venise. Prendre du plaisir là où il y en a, dans le chant, comme d’habitude, malgré l’acoustique impossible de l’aula, malgré les politiques. Un chanteur me raconte qu’il a chanté en Valais, au karaoké, avec l’homme à la queue de cheval, malgré la politique. BA ?

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3 novembre 2007, Beaulieu, Payerne, Je veux chanter encore, concert de l’Ensemble vocal Chorège (posté le 13/03/2010 à 17:33)

Etions-nous bons ? Etais-je bon ? Il semble que oui. Mon texte, mi-sentimental, presque humoristique, a bien passé. C’était bien consensuel (faut-il écrire « hélas » ?). Parlons musique. Programme sympa, bien équilibré. Retenons les plus beaux chants. Les public ne s’y est pas trompé. Le sommet, en musique chorale populaire, ça ne peut être que Bovet, et quand le Bovet chanté est l’un des plus beau, il ne peut pas y avoir photo. L’immortelle de Jean illumine la soirée. Simple et beau, rien à dire, juste se laisser emporter, comme sur cette Montagne si difficile pour quelques rigides calvinistes vaudois mais si émouvante pour les dzos olé-olé de Cousset et de Villarimboud, plus détendus, plus sensibles au pathos de l’armailli au bredzon rayé, à la rengaine du gardien de vachettes, à la youtze de Jean, là-haut, au Lac Noir, et au chant qui s’élève de la voix grand-paternelle du paysan. Autres moments forts, dans le désordre : Automne, enfin un texte qui ne fout pas les belles musiques à plat ; Locus iste, enfin de quoi donner de la voix, de quoi se croire presque un peu à l’opéra, de quoi sortir de la prison populaire, si agréable, mais un peu étroite ; La marquise empoisonnée, Philippe Ney royal ; Quick, course de côte agréablement négociée malgré les craintes d’Eddy, qui, heureux d’y être arrivé, se déchaîne lors du bal de fin de soirée ; Complainte, où l’on se demande malicieusement qui est le chanoine qui a bien pu pondre une si poignante histoire d’amour avortée. Les transitions du groupe Carré d’As sont juste ce qu’il faut, pas trop, pas trop peu. La soirée se poursuit, dans l’ambiance presque folle du Beaulieu ; les gens s’en vont trop vite ; rangements, récupérer les gâteaux, faire la bise aux serveuses du bar, un peu trop mignonnes.

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30 octobre 2007, Aula de l’Université, Fribourg, Entretien des professeurs Viegnes et Hunkeler avec Alain Robbe-Grillet (posté le 13/03/2010 à 17:31)

Le voici en vrai. Est-il plus vrai que ses livres ? Qui est Alain Robbe-Grillet ? Un bavard, un type qui prend un malin plaisir à discourir sur tout et n’importe quoi : La Nausée, les nombres imaginaires, la conscience husserlienne, Houellebec (« son génie est dans la conscience de sa médiocrité », « aussi mauvais en biologie qu’en littérature »), Alain Robbe-Grillet, car s’il est un sujet qui plaît au pape du Nouveau Roman, c’est bien Alain Robbe-Grillet, ce grand auteur, créateur de mythes. Il se reprend : « Si je suis un grand romancier, c’est… non, comme je suis un grand romancier, … ». Aujourd’hui ? L’argent empêche la liberté, lieu commun peu digne d’un pourfendeur de vérités aussi vindicatif que Robbe-Grillet. Il n’a sans doute hélas pas tout à fait tort. Bref, avoir entendu Robbe-Grillet en vrai, est-ce que ça apporte quelque chose de plus que de l’avoir lu ? « Robbe-Grillet en vrai », ça n’existe pas, il n’en dit pas plus ici que dans ses sempiternels commentaires de ses propres œuvres, son professorat de lui-même qui semble lui procurer le plus grand des plaisirs. Au fond, il est beaucoup plus intéressant à lire qu’à écouter. Comme toujours. On devrait couper la langue des écrivains. Je ressors, un peu sur ma faim, Robbe-Grillet parle comme un vieux prof, comme un vieux prof d’uni, comme un vieux prof français d’uni. Il y a du Faudemay dans le Robbe-Grillet qui parle. Laissons-le donc, tranquille, le vieux, permettons-lui de continuer à écrire, allons-nous-en sans même lui avoir demandé un autographe, mais avec en main Un roman sentimental.

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26 octobre 2007, Théâtre de la Cité, Fribourg, On met l’art à mort, d’Alain Guerry, suivi de GEDAF (nom provisoire d’un groupe musical) (posté le 13/03/2010 à 17:20)

J’avais besoin de sortir, de me déchinoiser, de retrouver la vieille ville de Fribourg, si attachante, un endroit pour vivre. Petite salle, intimiste, petite pièce, sympa. On sent que l’auteur est jeune. On sent qu’il est talentueux. Un poète s’interroge sur l’écriture, la feuille blanche, tout ça, cette drôle d’idée d’écrire qui rend fou, cette obsession qui touche quelques individus plus ou moins mégalo, qui rêvent d’immortalité, de devenir Homère, Chateaubriand ou Kafka, et qui passent des nuits blanches à se dire que ce qu’ils pondent ne vaut rien. En suis-je ? Pas sûr. Cette étape est franchie. J’ai presque abandonné l’idée d’écrire un roman. Presque. J’écris sur ce que je vois, à la journaliste, sur ce que je lis, à la critique, sur mes voyages, à la vagabonde. Revenons à la pièce. Le poète se rend chez le docteur (ès lettres). Ça ne le soigne pas tout à fait, et, faisons un peu de mauvais journalisme, ce passage est le moins réussi de la pièce, le personnage du docteur souffrant d’une certaine faiblesse comparé à la richesse de celui du poète, Ed Crivain. Belle fin, par contre, jolie satire du monde des Gens-d’art, éditeurs et autres critiques, policiers policés qui ne lisent pas mais demandent de modifier, de mettre plus de sexe. Le poète les tue à coup de phrases assassines.

 Intermède : une danseuse soûle, puis deux comiques, fausses matrones roumaines qui déambulent.

GEDAF, d’emblée le problème est posé : le nom n’est pas à la hauteur de la qualité du groupe. Une batterie, une basse, un piano, hélas électrique, mais puisque c’est Georges, ça passe merveilleusement, un accordéon, un violon, de la bossa nova, du jazz, du tango, Sous les ponts de Paris, Summertime, Astor Piazzola. L’ambiance se feutre, mélange de sobriété et de détente, folie en sous-main, plaisir minuscule d’une musique qu’ailleurs on n’écouterait que d’une oreille, ce jazz qui me laisse si souvent indifférent devenant ici passionnant, varié, simple. Cette musique n’ébranle pas le cœur, elle le fait battre un peu moins vite. On respire mieux après. Bémols ? Une balance pas toujours bonne, la batterie parfois un peu fort (voilà que je me fais mauvais critique musical, qu’on me pardonne) et surtout un faux piano, qui ne sonne pas. Georges, c’est pour lui que je suis là, n’en semble pas frustré mais je sais que son amour absolu de cet instrument ne me contredit pas. Le mariage de l’accordéon et du violon par contre réussit à merveille. Cessons, écrire sur la musique n’a sans doute aucun sens.

 

Jolie soirée, donc, variée, pas le temps de s’ennuyer, un peu de réflexion, pas trop, un peu de rire, de la détente. Juste ce qu’il me fallait après l’effervescence de la Chine, l’immense kitscherie du monstrueux théâtre d’Hangzhou, la grande muraille, la cité interdite, le mausolée de Mao, mauvais écrivain dont on vend encore à la pelle le petit livre rouge.

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