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11 février 2008 : Daniel Pennac, Chagrin d’école (posté le 27/12/2008 à 11:32)
Livre de prof pour les profs, ça tombe bien, je découvre le métier. Discours cliché ? Souvent, mais cliché qui fait du bien, vision gentille et lucide, il faut sauver les cancres, nos semblables, nos frères, de la tyrannie des marques, c'est notre devoir de prof, sauver les hirondelles qui se cognent contre les vitres, leur permettre de s'envoler vers leur sud, la métaphore vaut ce qu'elle vaut, Pennac lui-même le reconnaît, mais admettons, contre tout parti pris d'originalité, que je suis convaincu que ce bouquin dit vrai, que ce que nous devons apprendre, nous les profs, c'est l'ignorance, nous préparer à "ça", au "y" du "j'y comprends rien", au choc du savoir et de l'ignorance, admettre l'impossible, à savoir que nos élèves ne savent pas déjà ce que nous leur apprenons. Discours ? mots de pédagogue ? blabla de DAES2 ? Un peu. Trop ? Pennac raconte (c'est son boulot de romancier, après tout, d'ailleurs, ce livre, qu'est-ce que c'est, un roman ? comme un roman ?). Il se met en avant. Moi, je faisais comme ça : un texte à apprendre par coeur par semaine... oui... tant que ça... et ça marchait... "ça", "ça", "ça". Envie de faire la même chose ? il faudrait, on aimerait bien et on se dit qu'on le fera peut-être plus tard, quand on (qui, on ? ça ? y ?) sera vraiment prof, qu'on pourra faire (ô illusion dont même Pennac est conscient) ce qu'on veut. Bref, c'est quoi un bon prof ? Ne surtout pas répondre, car on s'abaisserait à en faire une affaire de méthode, de présence physique, de compétence didactique, etc. Pennac lâche un indice : un bon prof se couche tôt, et j'écris ce texte déjà trop tard dans la soirée. Démissionnons, je ne serai jamais un couche-tôt. Il doit bien y avoir des exceptions pour que la règle soit confirmée. Un bon prof, alors, c'est quoi ? c'est qui ? C'est un type qui aime ses élèves. Aimer ? Tu dérapes mon ami... Aimer pourtant, seule solution. Le savoir dont je cherche à donner le goût à mes élèves, si je le leur transmets, c'est uniquement parce que je pense qu'il est peut-être utile à leur bonheur comme il l'est au mien, et comme je les aime, mes élèves, cancres ou friandises, je fais tout mon possible pour les rendre heureux. Idéalisme cul-cul ? Naïveté ? Sortez les violons que je vous montre à quel point je suis gentil dans mon monde rose de roman à l'eau du même nom ? Oui. Faire prof sans être idéaliste, c'est comme faire curé sans croire en Dieu.
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4 février 2008 : Françoise Clerc, Profession enseignant, débuter dans l’enseignement (posté le 27/12/2008 à 11:26)
Répertoire fort utile des choses qu'il faut avoir en tête en commençant ce métier. Le discours pédagogique, à la fois pratique et moraliste, ne parvient pas totalement à me convaincre. Tantôt normativement banal, recueil de lieux communs, tantôt idéaliste, tantôt terre à terre, tout ça ressemble à du bricolage, comme l'enseignement. Il y a bien sûr plein de choses à retenir, des mises au point nécessaires, des notions nécessaires, des exemples intéressants, mais je reste sur ma faim. Je ne sens pas une réelle pensée de l'enseignement. On expose des méthodes, leurs points forts, leurs points faibles, leurs utilités mais on en reste là, à une pragmatique idéaliste qui n'expose pas clairement ses valeurs, toujours sous-entendues, parce qu'issues de la doxa ambiante qui rend le discours didactique toujours mièvre, parce que sans originalité, alors même que l'originalité est sans doute ce qui fait vraiment un bon prof.
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10 janvier 2008 : Philippe Meirieu, Le choix d’éduquer, Ethique et pédagogie (posté le 09/11/2008 à 22:50)

De quel ordre est la relation pédagogique? Que signifie éduquer quelqu'un? Quel est mon futur métier? Philippe Meirieu montre bien le caractère paradoxale de l'entreprise éducative, l'écart entre son idéal, la formation de sujets libres, et sa réalité, l'acquisition par les individus de normes qui leur permettront de faire leur nid dans la société. Ce qui est intéressant chez Meirieu, c'est qu'il ne prend pas position pour l'un de ces deux pôles, qu'il montre qu'ils sont les deux absolument nécessaires. Qu'est-ce que ça signifie en pratique? Que les résultats d'un enseignement sont de plusieurs ordres, qu'il y a d'un côté l'acquisition de savoirs utiles et d'un autre éducation à la liberté, c'est-à-dire possibilité de contestation des savoirs appris. Le prof, qui est toujours un démiurge en puissance, doit accepter, au nom même de son entreprise de formation de l'autre, que cet autre lui échappe, qu'il ne corresponde pas à ce qu'il attend de lui et qu'il ne soit pas nécessairement reconnaissant envers lui. Le prof donne et n'attend rien en retour. Tâche ingrate? Certes, mais seul moyen de ne pas vivre dans l'illusion, de ne pas trop être déçu, de ne pas claquer la porte de l'enseignement après trois ans. Affirmer que le prof n'attend rien de l'élève ne signifie qu'il ne croit pas à l'éducabilité de l'élève, bien au contraire. C'est même le postulat de base de Meirieu. On ne peut être pédagogue que si l'on croit que tout individu peut être éduqué à la liberté, que tout individu peut devenir un sujet et que je (le prof) peux l'y amener. Il ne faut jamais renoncer à l'idéal tout en étant conscient qu'on ne l'atteint jamais tout à fait, que souvent, on s'enlise. Bref, éduquer est une entreprise d'abord éthique, la mise en place de tout ce qui peut faire advenir des valeurs auxquelles on croit, à commencer par la liberté: "il faut, en réalité, vouloir faire advenir ce qui apparaît à la fois éminemment nécessaire et résolument inaccessible [...] il faut affirmer que l'on va y parvenir en se sachant condamné à l'échec". Impossible? Alors, il faut faire "comme si". Candeur? calculée. Un bon prof, alors, c'est quoi? Un idéaliste pragmatique.

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