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21 septembre 2014 : Romont, Eglise des Capucins, "Ballade romontoise", par l'Ensemble vocal Chorège (musique et dir. Fabien Volery; texte Josiane Haas; récitant Pascal Corminboeuf) (posté le 21/09/2014 à 19:48)

Ce matin, il fait Romont sur la colline. Quelques privilégiés assistent à la naissance du bébé musical. Très vite, le décor est planté : la châtelaine Josiane, le chevalier Philippe, la fée Cécile et Fabien le ménestrel nous invitent à revivre le passé de la cité glânoise, à y glaner (faut-il lui donner un chapeau?) des lumières et des souvenirs, à enclencher la marche arrière pour l'arrêter tout émue du côté de la ratière et de l'entre-deux-guerres.

Pendant que nous répétons nos percutions et que nous façonnons notre vitrail, on met la table pour l'apéro. "On" est charmant. Comme le maître, elle a mis son tablier. "Je vous invite à prendre un verre." Elle y verse un peu de vin.

Mais mon esprit fait des sauts bien périlleux. Revenons au balcon (il y a du monde), admirons le Mont Blanc, grondons les petits ratons et regardons par la fenêtre le temps qu'il fait et le temps qui va.

Ici commence la beauté, dans quelques chansons charmantes et dans les couleurs étonnantes que les artistes savent donner à la vie de tous les jours. 

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13 septembre 2014 : Petite musique de nuit et Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart, par l'Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne, le choeur de chambre de l'Université de Fribourg et le Wiener Concert Verein (dir. Philippe Morard) (posté le 17/09/2014 à 16:05)

"Encore le Requiem de Mozart? Le tube des tubes, pour la millième fois? Le classique parmi les classiques, sempiternellement repris? Vous n'en avez par un peu raz-le-bol?"

Le chanteur s'étonne un peu. Ce n'est que la deuxième fois qu'il crie ce Dies Irae dévastateur qui lui arrache les tripes, qu'il implore la majesté nerveuse de ce roi qui rase gratis les âmes perdues, si humbles au moment du salva me, et qu'il sent les flammes de l'enfer grimper dans sa voix qui se brise en sanglots longs dans un Lacrimosa qui se souvient que c'est ici que mourut Mozart. 

Le Requiem de Mozart résiste à l'usure du temps parce qu'il dit avec justesse la peur universelle de la mort et qu'il la plante dans le corps et dans l'âme de ceux qui chantent et de ceux qui écoutent. Même la millième fois, on ne ressort pas indemne d'une telle oeuvre, parce qu'on ne ressort pas indemne de la vie. 

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25 juillet 2014 : Surpierre, Grande Salle, Concert final du camp de l'EJIB (dir. Nicolas Jaquet) (posté le 26/07/2014 à 19:04)

Des quatre éléments, le feu fut peut-être le plus discret. Les Aztèques d'Himalaya, un peu perdus dans des Préalpes humides, ont néanmoins réussi à réveiller aussi bien que les dianes plus ou moins musicales de la semaine ceux que la nuit presque blanche avait légèrement abattus. Quant à l'air, il ne manqua pas non plus, dans les mélodies des petites flûtes mignonnes, des clarinettes précieuses et des saxophones chevelus. Quant à la terre, elle fut aussi mouvante qu'émouvante, mais l'élément le plus emblématique du camp 2014 fut sans conteste l'eau, la cascade de Bellegarde ayant décidé de fournir aux buveurs de pastis des trombes de bonheur. L'eau, ce fut la pluie qui s'invita au camp, ce fut la vaisselle qui sans cesse revenait, ce furent les pattes quand le sirop se renversait, ce fut Smoke on the water à s'en péter les tympans, ce furent enfin les larmes qui coulèrent sur les joues des enfants quand arriva l'heure de se quitter après une semaine hors du temps, une semaine où l'on a fait virevolter des gobelets multicolores, une semaine où l'on a tapoté si fort sur nos corps-percussion que l'infirmerie fut souvent appelée à la rescousse, une semaine où l'on a désossé des lave-linges pour en faire des instruments de musique, une semaine où l'on s'est goinfré de délices bien supérieurs à la bourtchâ de tous les jours, une semaine où l'on a surtout réussi à communiquer aux enfants l'amour de la musique. Le plaisir (peut-être un peu fatigué) du concert de ce soir donne de l'espoir parce qu'un enfant musicien, c'est un enfant heureux. 

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8 juillet 2014 : Fribourg, Eglise du Collège Saint-Michel, Festival International de Musique Sacrée, foncer de The Choir of Saint-Paul's Cathedral London (dir. Andrew Carwood) (posté le 11/07/2014 à 12:00)

Les enfants, petits cardinaux sérieux comme des papes, font vibrer le rococo, dialoguer les voix sonores des adultes avec leurs envolées angéliques, ils laissent renaître un passé sacré qui réchauffe la saison endormie. L'auditeur, caché, se love dans les polyphonies d'une Renaissance vibrante où calme et exaltation font trembler les voutes et les coeurs. Puis des accords plus sombres, des harmonies plus désespérées, les ténèbres des motets pour un temps de pénitence bouleversent les mal assis. D'autres chants viennent nous rassurer, on retrouve une chaleur, une force qui s'affirme quand, arrivé au terme du voyage, on plonge dans le gospel presque serein d'une profonde rivière. 

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28 juin 2014 : Cousset, Notre-Dame de Tours, Audition des élèves de la Concorde de Montagny-Cousset (posté le 29/06/2014 à 18:07)

Tout commence par le festival des flûtes, douces ou moins douces, toujours légères, parfois hésitantes, ribambelle de fillettes et de nénettes, bucoliques mélodies pour un été qui ne sait pas trop s'il va tourner en orage ou en trempette. Les clarinettes offrent ensuite quelques tendres mignardises bourrées de fausses notes qui font semblant d'être justes, puis les instruments, qui avaient faim, grossissent. Les trompettes presque timides soufflent plus fort que le cheval en tempête. Une petite fille coiffée d'une fleurette se balade joyeusement dans les graves de l'euphonium. Une basse barbue sent soudain que ce n'est plus son petit doigt qui le chatouille. Un batteur fracasse sa grosse caisse. Mais il est temps de boire un coup, de poser un linge sur la batterie et d'oublier nos peines (fausses notes, rythmes aléatoires, couerlées de trombones) dans un tourdion pas encore éméché. Cela ne saurait tarder… Déjà l'eau du vase s'est échappée  pendant que les spaghettis cuisaient sur la batterie...

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19 juin 2014 : Mézières, Théâtre du Jorat, Concert de Juliette (posté le 20/06/2014 à 14:27)

De l'intime petit musée mélancolique au dévergondage breton, des assassinats parfaits aux légendes déniaisées, Juliette est à l'aise partout. Elle passe sans peine du désespoir émouvant d'une petite robe noire déchirée à une odelette au doigt dans le nez et du brillant des bijoux (de famille) à la lumière qu'elle veut éteindre elle-même au dernier soir, quand elle rejoindra madame le diable (devrait-on dire la diable?) au fond de l'ultime bouteille. La patronne, en plus, sait s'entourer de musiciens épatants, psychopathes de la guitare, serial-killers de la flûte, percutrombonistes, clarisaxophonistes, soubassotambourineurs ou agents de la cornemuse publique. Mais ne vous fiez pas aux apparences : tout cela n'était pas d'un concert mais bien d'une série policière avec tous ses ingrédients nécessaires, un suspect portant le doux nom de Jesuisinnocent, un médecin-légiste aux talents culinaires originaux qui ne sont pas sans rappeler Le festin de Juliette, un chouchou gadget qui déboule en inspecteur, un avocat, de l'humour distillé dans un verre de rouge, un micro qui fait le saut périlleux quand les autres ronflent, des allusions à ces gens-là, des bières et des sandwichs. La victime, finalement, fut le public, envoûté par le charme maléfique et jouissif d'une voix qui peut tout faire, par des mots gifles, caresses ou éclats de délire et par l'énergie hallucinante d'une femme extraordinaire dont je me dis qu'elle doit sans doute être une sorcière à brûler de toute urgence. Elle le dit elle-même : la place de la femme n'est-elle pas au foyer? 

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31 mai et 1er juin 2014 : Avenches, Ave Musica, 93ème Giron des musiques broyardes (posté le 04/06/2014 à 20:40)

Pour donner le ton (pas trop faux, même si les tampons manquants furent recollés), commençons par le cortège de Bacchus. L'ivresse grinçante glisse parfois sur des peaux de banane mais la valse éthylique ne se meut pas en dégringolade dégueulante. Les musiciens, sobres, gardent leur dignité. Ils filent droit dans des marches fières et glissent en dentelle sur des gentlemen trombonistes. L'apéro des barbus n'est pas un franc succès, la Concorde de Montagny-Cousset demeurant en avance sur son temps également dans ce domaine-là. Puis il faut s'aligner, épousseter les pompes (merci Monique!) et tenir le pas face à un jury sorti de nulle part pour mesurer au millimètre l'écartement des pieds et la rectitude du carré qui avance. Mission accomplie, cette fois on peut zigzaguer. Passons donc sur les méandres de la nuit (tiens, ma cravate a tenu le coup…) pour se retrouver sans ligature au café. Deux marches et un galop plus loin, le vin blanc et la chanson d'Yngatnom annonce une journée ensoleillée. Il faut à nouveau marcher droit, traverser les voies de chemin de fer là où ça n'est pas interdit, remettre un tambour hésitant dans le rythme, jouer la marche du docteur Gründler et laisser couler la sueur jusqu'au rassemblement final, dans les décalages d'Avenches et la bête fierté d'un Marignan qui me sort par les oreilles. Rappelons au passage que 1515, pour les Suisses, fut une défaite… Mais tant pis, passons la soirée dans la cave à vin à échafauder des plans sur la comète, à nommer un nouveau chef sans chasser Jacques à qui l'on chauffe sa chaise chez les trompettes et à tenter de ne pas trop débrailler un uniforme qui a vécu à nouveau un week-end mouvementé. 

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29 mai 2014 : Bulle, Francomanias, concerts de Soraya Ksontini, Florent Marchet, Sim's et La Femme (posté le 02/06/2014 à 10:45)

La langue arabe, quand elle se débarrasse des prêches violents et des barbes triomphantes, quand elle devient femme sans voile, retrouve le charme d'une terre où il fait chaud, où l'on s'alanguit, où l'on a envie de s'aimer. Soraya Ksontini mélange l'ailleurs, l'orient mythique, et la modernité d'ici, ses sons d'artifice et de bizarrerie. Florent Marchet garde la bizarrerie et les sons triturés. Son ailleurs se situe plus loin encore, dans une galaxie fluo peuplée de petits hommes violets que nous rejoindrons quand l'apocalypse sera venue détruire notre chétive planète. Puis retour sur terre, quelque part dans une banlieue jurassienne où des rappeurs à chapeau s'allient à des guitaristes barbus pour créer un style surprenant, dynamitant et chaleureux. Sim's rend (et c'est un exploit) le r'n'b intéressant… Mais voilà déjà La Femme. En vielles guenilles de grand-mère, une fille mignonne au sourire rare agite les mains et crachote un filet de voix amplifié. Un surfeur aux cheveux astiqués d'eau de javel tapote un drôle de clavier qui produit des sons psychédéliques venus d'antan. Quelques autres guelus dégingandés accompagnent ces fous pour donner à un public électrisé, baba ou décontenancé un peu de leur énergie et de leur délire. On sort de tout cela un peu perplexe. Les mondes hétéroclites traversés ce soir souvent nous mirent à distance, comme si les gens sur la grande scène ne s'étaient pas rendu compte de la présence du public. Sur la petite scène, ce fut plus humain. 

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17 mai 2014 : Payerne, Casino Stand, Concert membres-amis de l'Ensemble vocal Chorège (dir. Fabien Volery), avec la participation d'Oskar Coursin, accordéoniste, et des Gigolettes (posté le 20/05/2014 à 11:26)

Plumes vertes et gambettes alertes, les gigolettes chassent la bise (qu'on leur ferait volontiers) s'engouffrant entre les planches. Nous entrons, plus calmes, entre les parfums de fleurs encore hésitantes et l'odeur d'un pain pas tout à fait cuit. Puis c'est vraiment à nous! Levons nos verres, enlevons les petites roues du vélo, lâchons le guidon. C'est parti. La plume de l'hirondelle, celle de la corneille et du martinet écrivent gentiment la belle lettre d'Emile Gardaz, les bateaux qui s'en vont au labour et les vieux mots pour parler d'A… (silence des basses, les histoires d'A… finissent mal en général… pas ici). Un petit gars frêle, ondulant et habité vient alors, de son Steinway à bretelles, offrir au public le rêve sensuel d'un tango passionné. La fille est emballée, on l'emmène sur l'eau, elle se love dans nos bras vigoureux qui se saisissent des rames lui murmurant qu'elle est belle. Un cygne passe, mystérieux; il réveille l'enfant. La fille alors pose sa tête sur nos bras lassés, et c'est la sauvagerie, la barque qui sourd et bruisse, les clapotis qui s'en vont et le soupir de l'aveu : "Je l'aime bien…" Au sommet de la tour, la dame blanche, jalouse, pleure en catimini. Mais tout cela n'était qu'un rêve. Le tango reprend, sensuel mais seul, et l'accordéoniste acrobate se tord dans tous les sens (est-ce douleur ou plaisir? nul ne le sait). Le rêve alors recommence. Les roses perdent leurs épines et les sièges du TGV où l'on sombre réveillent le coeur battant d'une maman il y a bien longtemps, au temps où, sur la place à côté du carrousel en bois du tirage, on galopait sur des dromadaires ailés et sur des éléphants au pas un peu pesant. Mais déjà la jambe se lève (et je repense aux gambettes des gigolettes) pour une danse klezmer, un repas de noces sacré, un dernier air d'accordéon pour achever le songe d'une nuit de printemps. La bise est tombée. 

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16 mai 2014 : Payerne, Nouvelle Promenade, Audition des élèves de Margot Corminboeuf (piano: Géraldine Ryser) (posté le 20/05/2014 à 10:59)

Cugnés dans une vieille salle de classe, les parents attendent l'exploit de leur petit bout de chou. Les enfants, un à un, s'avancent, jouent quelques notes, parfois laissent échapper des canards boiteux ou des oies sauvages, souvent s'en sortent sans trop de dégâts. Les claclahuètes mignonnes laissent espérer bientôt un beau registre… Les plus grands sont plus tendus, rougissent et dérupent parfois sur doubles croches. Le vieux barbu a peur d'un son qui ne veut plus venir, s'emmêle les pinceaux et les doigts, puis retombe sur le bon tempo à la fin d'un morceau dont il se dit qu'il mériterait meilleur interprète. Puis un limaçon court le marathon, se laisse dépasser par une guitare et laisse la soirée s'achever dans le rythme effréné des moulins à poivre. 

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