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          | Religion

3 octobre 2016 : Régis Debray, Le Feu sacré, fonctions du religieux (posté le 03/10/2016 à 20:29)

A quoi servent les religions? A l'heure de leur grand retour et du fanatisme roi, deux tentations naissent : se plonger corps et âme dans son identité religieuse ou jeter aux orties toutes les superstitions rendues à l'évidence absurdes par la science et la raison. Ce livre, en parcourant les mille facettes des religions, évite ces deux écueils. Cinq mots clefs viennent expliquer le rôle des religions. 

Fraternités : les religions sont créatrices de liens, elles font du pluriel un singulier, elles donnent à la vie en commun des règles, comme celles des monastères, qui sont bien souvent en avance sur celles du reste de la société. 

Hostilités : les religions sont créatrices de conflits parce qu'elles sont toujours l'affirmation d'un peuple contre le reste du monde, le monothéisme accroissant la haine de l'autre en s'affirmant vérité universelle. Si je détiens la vérité, l'autre a tort, il est mon ennemi, je dois le convaincre ou le vaincre. 

Identités : à l'heure du grand flou mondialisé, les religions soudent des communautés en les distinguant des autres. On ne peut dire "nous" que contre "eux". 

Unité : ces identités ne peuvent vivre qu'à travers des rites, des gestes dans lesquels on se reconnaît. La parole ne suffit pas, la raison encore moins. 

Actualité : si les religions semblent obsolètes quand on réfléchit à l'absurdité de leur contenu, elles sont impossibles à déboulonner parce qu'elles racontent à l'humanité ce qu'elle a envie d'entendre, qu'elle enchante la vie et même, piège ultime, la mort. 

Bref, si l'on peut penser que les religions sont des croyances absurdes dont il faudrait débarrasser l'humanité, on est néanmoins forcé de constater qu'il n'existe pas de société humaine sans religion. Hélas? 

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27 août 2016 : René Girard, La violence et le sacré (posté le 27/08/2016 à 20:53)

Quelle est l'origine des rites, des mythes et des religions? René Girard propose une hypothèse que ce livre essaie de prouver : tout est né de la violence indifférenciée, d'une guerre entre gens identiques, d'un conflit fratricide qui n'a pu se régler, éloigner la violence, que par le sacrifice d'une victime émissaire, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la communauté, double monstrueux du coupable véritable. En tuant le bouc émissaire et en mimant la violence à laquelle sa mort met fin, on permet une vie sans violence. La victime devient alors sacrée et ce qui incarnait le mal absolu est désormais objet de vénération. Girard montre ce mécanisme à l'oeuvre dans de nombreuses sociétés traditionnelles. Est-il encore valable dans nos sociétés et nos religions modernes? La figure du Christ confirme à merveille cette théorie (au point qu'on peut se demander si elle n'en est pas l'origine…). Qu'en est-il de nos sociétés qui se croient débarrassées de la pensée religieuse? Est-ce que la survivance des superstitions à l'heure de la science qui en prouve l'ineptie n'est pas due à cette nécessité fondamentale d'éloigner la violence? Qu'arrive-t-il aux religions quand elles prônent elles-mêmes la violence? La théorie de Girard pose beaucoup de questions. Permet-elle de répondre à toutes? 

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27 juillet 2016 : Ovide, Les Métamorphoses (posté le 27/07/2016 à 22:49)

Les dieux, chez les Romains, sont partout; ils participent à la vie du monde, pour le meilleur et pour le pire. Ovide raconte mille aventures rocambolesques et fantastiques qui font trembler l'univers entier, qui font dévier le soleil de sa route, qui soulèvent les eaux des fleuves et qui violent le mystère des forêts. Les dieux poursuivent des nymphes désirables et le viol n'a plus rien de mystérieux. La force brutale l'emporte mais la nymphe est métamorphosée, afin de la consoler. D'autres dieux, d'autres héros, d'autres hommes - la frontière est si mince - s'aiment et se combattent, se massacrent et se désirent. Tout, dans la nature et dans les cités, se transforme sans cesse, tout passe du bonheur au malheur, tout est métamorphose et le lecteur moderne se perd avec délice dans la richesse d'un temps où la religion et la vie s'entremêlaient vraiment. 

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12 juillet 2016 : Fabrice Hadjadj, Puisque tout est en voie de destruction, Réflexions sur la fin de la culture et de la modernité (posté le 12/07/2016 à 19:11)

Bouquin lu par erreur. Tromperie sur la marchandise? Je m'attendais à une réflexion ancrée dans notre monde qui donne l'impression de s'effondrer, à un questionnement sur la place de la culture aujourd'hui et à des solutions afin d'enrayer la chute ou au moins de vivre avec. Je trouve en partie cela, mais bien vite, je m'aperçois que l'essentiel, dans ce livre, est ailleurs, plus haut, hors du monde, qu'il s'agit en fait d'un ouvrage qui s'adresse à des chrétiens surpris de constater que le monde leur résiste. Or, je suis le contraire; je suis un mondain qui s'étonne qui la pensée religieuse résiste à l'évidence de son néant. Fabrice Hadjadj met le doigt avec justesse sur la sécheresse de la pensée d'aujourd'hui, sur les ravages du technicisme, du fanatisme et de ce qu'il appelle (là, je suis déjà plus sceptique, tant la peinture qu'il en fait semble caricaturale) l'écologisme; il montre la crise morale provoquée par l'histoire si terriblement inhumaine du vingtième siècle; il craint l'avènement d'un post-humanisme où nous serions anéantis par les robots qui nous remplaceront; bref, il ouvre des débats passionnants sur l'avenir de l'humanité. Puis soudain, à brûle-pourpoint, surgissent le catholicisme, le Christ, l'Evangile, Dei ex machina qui viennent sauver les hommes égarés. Soudain, je n'y comprends plus rien, c'est bourré de métaphores et de citations, je suis largué, parce qu'un saut logique a été fait, parce qu'un lien secret m'est invisible, parce qu'un sens caché m'est interdit. Ce doit être ce qu'ils appellent la foi.

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20 mars 2016 : Paul-Henry Thiry, baron d'Holbach, Traité des trois imposteurs, Moïse, Jésus-Christ, Mahomet (posté le 20/03/2016 à 14:32)

Que les religions soient des supercheries, la raison semble le prouver facilement. Et pourtant, elles continuent à mener le monde (à sa perte). Ce livre aux origines mystérieuses met dos à dos les principaux fondateurs de religions en montrant qu'ils ne sont ni plus vertueux ni plus honnêtes que les autres hommes et que leur(s) Dieu(x) n'est pas crédible parce que trop ressemblant à l'homme. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil de Satan, dont le traité, bien entendu, nie l'existence avec bon sens. Pourquoi donc lire ceci? Parce que les Lumières sont en train de s'éteindre et qu'il est urgent de les rallumer. 

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20 janvier 2012 : Maître Eckhart, Les Traités (posté le 20/01/2013 à 17:10)

La démarche mystique me semble la plus anti-naturelle qui soit. Il s'agit de se détacher du monde, de renoncer à soi-même et aux créatures pour mieux laisser Dieu, le Créateur, fusionner avec l'âme humaine. Mais s'il est si nécessaire de rejeter le monde, pourquoi donc Dieu l'a-t-il créé? A quoi bon? Creusons la question. Eckhard distingue l'homme extérieur, celui du corps qui se laisser abuser par les sens, de l'homme intérieur, l'âme, qui doit se purifier de tout ce qui l'entoure pour mieux laisser Dieu la rejoindre et vivre en elle. Mais si Dieu est parfait, pourquoi ne se trouverait-il pas aussi dans la réalité extérieure, dans le corps, dans les créatures, dans l'amour charnel des autres humains? Et si Dieu est Un, ce sur quoi le Maître insiste, pourquoi sommes-nous doubles, pourquoi sa création ne serait-elle pas aussi une, à la fois corps et esprit, sans cette artificielle séparation qui nie l'évidence, le fait que l'homme est indissociablement corps et esprit, que tout cela ne peut en aucun cas être séparé? Bref, je n'accomplirai pas de démarche mystique. Les êtres de chair qui m'entourent, je peux vérifier leur existence. Celle de Dieu reste un pari risqué.

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24 décembre 2012 : Sigmund Freud, Totem et Tabou (posté le 24/12/2012 à 17:16)

Quelles sont les sources psychiques des religions? Freud invoque bien sûr le complexe d'Oedipe, cette volonté de tuer le père qui touche tous les enfants. Un père tout-puissant, jadis, a été tué par la horde des fils. Ils l'ont dépecé, l'ont mangé, puis se sont sentis coupables, en ont fait leur totem, sous la forme d'un animal vénéré devenu, à la longue, pour faire renaître le père, un dieu. La démonstration semble convaincante, même s'il ne nous est plus donné de voir la religion telle qu'elle était à l'origine, et que tout repose sur des observations fragiles et sur l'assimilation de la vie psychique des individus à celle des peuples. De tout cela découlerait aussi l'interdit de l'inceste, car toutes les femmes appartenaient au père assassinée et vénéré. Tout serait ambivalent, mélange d'adoration et de haine, à la fois mal et bien, tentation et interdit. Tout serait donc humain, trop humain.

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27 octobre 2012 : Bertrand Russell, Pourquoi je ne suis pas chrétien (posté le 27/10/2012 à 11:47)

Bertrand Russell n'y va pas avec le dos de la cuillère. D'emblée, il affirme le caractère néfaste de toutes les religions, dans lesquelles il va jusqu'à inclure le communisme. Ensuite, il démonte toutes les "preuves" de l'existence d'une vérité divine, en insistant sur l'absurdité de la plupart de celles-ci. D'un point de vue logique, et Russell est un grand logicien, on ne peut que le suivre. Mais il reste la morale : croire en Dieu, même si rien ne prouve son existence, ferait du bien, améliorerait l'être humain. Là aussi, Russell prend le contre-pied des idées reçues et montre que la religion a plus créé de mal qu'elle en a ôté, que les règles morales qu'elle a défendues ne vont pas de soi, qu'elle a rendu honteuse la sexualité sans raison, qu'elle a inventé des scrupules injustifiés, qu'elle a même empêché les hommes de se rapprocher les uns des autres. Faut-il donc tout balancer? Russell s'en garde bien. Il conserve la figure du Christ, sans la diviniser et en demeurant critique, il conserve surtout l'amour, la volonté de chercher ensemble le bien de tous et de ne pas entraver les relations humaines par des règles castratrices. Bref, il prouve que l'on peut rejeter la religion sans être un affreux dépravé et que les attaques inouïes qu'on a porté contre lui ne démontrent que l'étroitesse de la pensée unique qu'il décèle dans tout discours religieux.  

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31 août 2012 : Le Mahâbhârata conté selon la tradition orale (posté le 31/08/2012 à 20:33)

Le monde des dieux et des héros indiens, les aventures guerrières d'une famille qui se déchire, les armes magiques, les prédictions qui se réalisent toujours, les naissances extraordinaires, tout ce fatras d'aventures palpitantes donne à ce livre religieux ce qui manque à la Bible et, encore plus, au Coran : de la vie. Bien sûr, on ne se pose jamais la question de la réalité de ce qu'on nous raconte. Il s'agit de légendes, de récits destinés à divertir, et à convaincre les hommes de faire le bien, comme le font les Pandava, ces rois injustement privés de leur royaume par la jalousie d'un cousin maléfique et de ses nonante-neuf frères. L'éternelle lutte du bien et du mal n'est pas la carricature qui défile sur les écrans aujourd'hui. Ceux qui se battent sont tous des héros, quel que soit leur camp. Tous trichent aussi un peu, sauf les plus grands, qui retournent à Vishnu, la divinité première, dont ils sont, à l'instar de Krishna, les manifestations terrestres. le système est, avouons-le, bien compliqué, mais il permet aux aventures sacrées de mettre en haleine le lecteur moderne et étranger, qui se plonge dans ce vieux bouquin comme dans un roman.

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23 juillet 2012 : Le Coran (posté le 23/07/2012 à 13:38)

Comment lire le Coran? La préface est obscure. Disons ce que nous en avons compris. Dieu est un. Il ne peut donc avoir un fils. Les Chrétiens ont donc tort. Le reste du message est simple et martelé. Ceux qui embrassent la religion musulmane et se conforment sincèrement au contenu du Coran, à ses règles, et qui combattent en son nom, seront, lors du jugement, envoyés dans un paradis avec des fleuves (parce que tout cela vient du désert...). Les autres brûleront dans la géhenne. Soumet-toi à Dieu et tais-toi. Ne pose pas de question. Médite le livre de vérité. Avouons, au risque de finir en enfer, notre perplexité. Premièrement, qui parle? Dieu? L'Archange? Le Prophète? ça s'emmêle, mais ça dit toujours la même chose, sans cesse répétée, comme si la parole révélée relevait du radotage. Ensuite, où sont les signes évidents de la vérité indubitable de tout cela? En quoi sont-ils évidents? Enfin, qu'est-ce qui prouve que c'est ce prophète-là, et pas un autre, oublié, qui dit la vérité? Bref, un esprit moderne, rétif au discours autoritaire, ne peut pas adhérer à ce livre, ni à la religion qu'il institue, me semble-t-il, parce qu'il lui manque la liberté et la raison.

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