Cent chanteurs pour des tonnes de mélodies à déverser dans des oreilles ravies ou écorchées, cent portraits pour titiller, amadouer, donner envie, rebuter, dégoiser ou déconcerter, ce livre se bal(l)ade sur les chemins, les autoroutes et les sentiers de la chanson française. Il s'arrête pour dénicher des bijoux, des noms qu'on s'étonne de ne pas avoir connu plus tôt, des Bernard Dimey, des Pierre Barouh, des Julos Beaucarne, des Jean-Claude Vannier, des Yvan Dautin, des Jacques Bertin, des Isabelle Mayereau, des Richard Desjardins ou des Gilbert Lafaille. Tantôt il se fait dithyrambe, (Charles Trenet en devient presque divin), tantôt il se défoule contre les insipides, les orgueilleux, les nunuches et les neuneu, les Guy Béart (son portrait est un chef-d'oeuvre de méchanceté), les Michel Berger, les Yves Simon et les Benjamin Biolay (presque aussi rétamé que le vieux Guy). Souvent, il s'amuse avec les mots, fait son Boby Lapointe ou son Claude Nougaro. Parfois, il s'énerve contre la médiocrité ambiante, les grands qui restent dans l'ombre des petits, les Henri Tachan ou les Allain Leprest qu'on cache sous la gentillesse bêta des Yves Duteil et des Gérard Lenorman, les maisons de disques qui préfèrent les refrains sans cerveau aux chansons engagées et les faux nouveaux qui recyclent du déjà-entendu. Bien sûr, il manque quelques noms. Où est Sarcloret? Où est Bernard Joyet? Mais l'essentiel est là, dans l'envie qui nous prend d'écouter des bizarreries ou des révélations et de nous laisser bercer ou décoiffer par des douceurs ou des ronces. Si tout finit par des chansons, tout est bien qui finit bien (enfin… ça dépend du chanteur, semble ajouter Patrice Delbourg). |