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          | Philosophie

2 janvier 2017 : Thomas Hobbes, Léviathan (posté le 02/01/2017 à 14:23)

A première vue, cette pensée est datée : on est en Angleterre au dix-septième siècle, encore sous le choc de la guerre civile. Hobbes cherche à justifier le pouvoir absolu du souverain civil après les violences de l'anarchie révolutionnaire. Il utilise pour ceci deux outils : la raison et les écritures. Evidemment, chercher dans la bible des preuves de la nécessité de tel ou tel mode de gouvernement ne nous parle plus, sauf si nous n'avons pas encore opéré la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Attardons-nous donc sur les éléments rationnels invoqués par Hobbes. Tout d'abord, un constat : l'homme est un loup pour l'homme et si on laisse les humains libres, c'est la guerre assurée, chacun va vouloir s'approprier le bien de l'autre, sa maison, sa femme, sa vie. Là, force est de constater que Hobbes n'est pas loin d'une réalité bien plus crédible que la fable du bon sauvage qui vivrait dans l'harmonie naturelle de la fraternité. L'état naturel est donc dangereux. Les individus ont besoin de protecteurs. Ce sont ces protecteurs qui deviendront l'Etat. Par un acte libre, par un contrat, je cède mon pouvoir à celui ou ceux qui m'assurent la sécurité. Ensuite, je suis obligé de lui obéir, quoi qu'il exige, sauf si son exigence nuit à ma survie. Impossible donc de renverser un pouvoir en place, sous peine de retomber dans la guerre civile de tous contre tous. Le roi est un tyran? Certes, mais nous lui avons cédé notre pouvoir. Les esprits démocratiques modernes évidemment s'insurgent, et ils ont raison, mais Hobbes montre néanmoins que l'illusion de la liberté absolue est délétère et que l'Etat est nécessaire. Cela en tout cas n'est pas daté. 

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11 octobre 2016 : Emmanuel Levinas, Humanisme de l'autre homme (posté le 11/10/2016 à 17:40)

La pensée de Levinas m'échappe comme m'échappe le visage de l'autre homme, ce dehors qui bouscule le dedans, cette présence qui me rend, sans que j'en prenne conscience, responsable d'elle. Quelque chose précède l'être, semble dire Levinas, un donné, un placé devant, un avant. Qu'est-ce que cela signifie? Je me suis perdu dans les mots du philosophe. Seul reste, ineffaçable et étrange, le visage de l'autre homme, source de toute éthique, de tout sentiment humain; de tout être? 

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28 juin 2016 : Noam Chomsky, Quelle sorte de créatures sommes-nous? langage, connaissance et liberté (posté le 28/06/2016 à 22:52)

Les questions posées ici sont fondamentales. Premièrement : "Qu'est-ce que le langage?" Chomsky y voit d'abord un phénomène physique et pense qu'il est une propriété biologique de l'être humain reposant sur des structures identiques quelle que soit la langue. Nous posséderions tous, selon lui, une grammaire naturelle dont est issue notre mode de parler et de penser. Deuxièmement : "Que pouvons-nous connaître?" La réponse ici cherche à délimiter les limites de l'esprit humain en montrant que certaines connaissances sont par définition hors de portée. Troisièmement : "Qu'est-ce que le bien commun?" Cette partie plus politique, avouons qu'on peine à comprendre le lien qu'elle entretient avec le reste. Chomsky y fait l'éloge de la liberté et de l'anarchie. Enfin : "A quel point les mystères de la nature sont-ils insondables?" permet une réflexions sur les limites de la science et sur la nature même de notre pensée. Est-elle matérielle ou spirituelle? Chomsky penche pour le matérialisme mais suspend son jugement par ce qu'il appelle un scepticisme modéré. Bref, ce livre montre que le monde que nous percevons dépend de nous, qui sommes des structures dont nous ignorons largement le fonctionnement. Comment peut-on être sûr d'une vérité universelle quand on ne parvient même pas à comprendre comment nous pensons? 

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12 juin 2016 : Jean-François Mattéi, La barbarie intérieure (posté le 12/06/2016 à 08:08)

Le barbare, c'est toujours l'autre, celui qui baragouine, l'étranger, l'envahisseur, le sauvage. Pourtant, ce que montre ce livre, c'est que la barbarie se cache au coeur de la civilisation et au coeur de l'homme quand il se coupe du monde en se recroquevillant sur lui-même. La barbarie, au sens moderne du terme, c'est le sujet qui ne se reconnaît que lui-même et qui ne voit pas qu'il est lié à d'autres hommes, à un monde et à une histoire. Devenir barbare, c'est faire de l'homme une fonction et non un être, c'est voir dans le monde non plus un sens mais une procédure. Jean-François Mattéi montre cette barbarie du sujet à l'oeuvre dans de nombreux domaines, de la pédagogie à l'art, en passant par la politique. Il défait les préjugés de la modernité en montrant que l'école est en faillite parce qu'on y a évacué le savoir pour n'en retenir que l'enfant, que l'on maintient ainsi dans un monde insensé où il développe des compétences mais aucune réflexion. Il voit dans l'art contemporain également une barbarie qui ne conserve que le geste de l'artiste mais supprime l'oeuvre et l'idée, extérieure, transcendante, de beauté, pour ouvrir le domaine artistique à tout et à n'importe quoi. Il met enfin dos à dos le nazisme et le communisme, barbaries plus manifestes que l'école et l'art, en montrant que tous deux sont basés sur la négation de l'homme libre pour ne garder de lui qu'une seule de ses composantes, à laquelle il est réduit, sa race ou sa classe. Le sujet, seul, ne voit plus la personne humaine, qui dépasse ses seules particularités biologiques ou sociales et se reconnaît donc le droit d'éliminer tout ce qui n'appartient pas à sa race ou à sa classe. La barbarie intérieure alors sort dans la rue. Ce livre a le mérite de nous rendre attentif au fait que le barbare, c'est moi. 

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11 mai 2016 : Normand Baillargeon, Petit cours d'autodéfense intellectuelle (posté le 11/05/2016 à 20:18)

Le monde est truffé de pièges dressés contre notre intelligence, de discours pseudo-logiques, d'affirmations dénuées de sens, de manipulations et de politiquement correct. Ce livre donne des outils pour ne pas en être la dupe. Il démonte les mécanismes langagiers, mathématiques, scientifiques ou encore médiatiques qui nous trompent (ou se trompent). Il pose d'élémentaires questions qu'il est nécessaire de ne pas oublier de poser. Il essaie de nous rendre un peu plus intelligent, c'est-à-dire un peu moins naïf. Y parvient-il? Il ne suffit pas de lire pour penser… 

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28 mars 2016 : Spinoza, De la liberté de penser dans un Etat libre (posté le 28/03/2016 à 17:51)

Spinoza fut en son temps un proscrit. On l'accusait du pire des scandales : l'athéisme. Il était donc un danger pour l'Etat. Or, la lecture de ce petit texte qui tient aujourd'hui de l'évidence prouve qu'on peut s'écarter des préceptes religieux pour penser et pour vivre. Il montre même que la liberté de croyance est une condition nécessaire à la sécurité et à la paix dans un Etat libre, c'est-à-dire démocratique. Comme la croyance individuelle est un acte libre, en interdire l'expression, c'est créer des révoltés qui seront des sources de danger. Bref, la liberté est la garantie de la sécurité. Spinoza le hurlait dans le désert. Hurlons-le avec lui! 

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6 mars 2016 : Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation (posté le 06/03/2016 à 20:20)

La pensée de Schopenhauer s'étale longuement, elle se délivre lentement, elle bavarde avec justesse et sans concession. Qu'est-ce que le monde? Le philosophe donne deux réponses. D'abord, le monde est représentation, c'est un phénomène que notre intellect ne perçoit que sous la forme du temps, de l'espace et de la causalité. Ce qu'est le monde en soi nous échappe parce que nous ne le percevons pas, qu'il n'entre pas dans les catégories qui permettent à notre cerveau de penser. Mais le monde de Schopenhauer n'est pas que représentation, il est aussi (et surtout) volonté ou plus précisément objectivation de notre volonté. Cette volonté, à l'oeuvre constamment, nous échappe aussi, même si elle est nôtre, même si elle ne cesse de gouverner nos vies. La volonté veut, c'est tout. Elle est aveugle. Elle ne sait pas ce qu'elle veut mais elle le veut de toutes nos forces. Que pouvons-nous faire face à elle? Pas grand chose, semble-t-il, tenter de s'en détacher. La volonté de vivre nous dépasse parce qu'elle touche l'espèce, dont l'individu n'est qu'une partie renouvelable. La vie, ainsi pensée, est forcément tragique et le bonheur impossible sinon, peut-être, dans la contemplation et l'acceptation du vide. Pas de quoi nous rassurer. 

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18 août 2015 : Peter Sloterdijk, La folie de Dieu (posté le 19/08/2015 à 08:20)

Le sujet est délicat et complexe. Ce livre aussi. Il essaie de comprendre ceux que Dieu rend fou, à travers une analyse des mécanisme de pensée des monothéismes. Les trois grandes religions de l'Un, judaïsme, christianisme et islam, ont leurs fanatiques. C'est normal: toutes les trois prétendent avoir reçu la révélation de la vérité ultime. Or elles sont trois. Il y en a donc au moins deux qui sont dans l'erreur. Cette donnée de base ne suffit pourtant pas pour justifier l'élimination physique des mécréants qui se fourvoient dans l'hérésie. Cela pourrait être l'affaire de Dieu, qui donne le fin mot de l'Histoire lors du jugement dernier. Or on tue pour sa religion. Pourquoi? Avouons n'avoir pas tout à fait compris ce que ce livre répond à cela, tant son style est compliqué. Quand la raison se cogne à la folie de Dieu, il me semble qu'elle même a tendance à devenir folie. 

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29 juillet 2015 : Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain (posté le 29/07/2015 à 09:22)

La pensée de Nietzsche est dévastatrice. Elle procède par petites touches successives, par maximes, par accumulation d'idées neuves. Son but? Déconstruire l'homme tel qu'il s'imagine qu'il est, prendre le contre-pied de ce qu'on ne réfléchit pas. Tout est remis à plat. La morale n'est pas là où on croit qu'elle est, dans le bien et le mal, que Nietzsche fait s'entrechoquer à tel point qu'ils se confondent. La religion est balayée au profit de la science. L'art, la société, la politique, tout est sans cesse interrogé, pour former un portrait de l'humain sans gloire et sans mépris, d'un humain qui a la conscience de n'être - hélas - qu'humain, trop humain, mais qui se cherche dans le noir un esprit libre. 

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29 avril 2015 : Voltaire, Dictionnaire philosophique (posté le 29/04/2015 à 16:27)

Voltaire est à la fois terriblement daté et terriblement d'actualité. Il semble souvent enfoncer des portes ouvertes, lorsqu'il montre que la bible ne raconte pas que des réalités, que les débats théologiques compliqués ne valent pas le moindre petit acte vertueux ou que la vérité, à force d'être affirmée de manière contradictoire par toutes les sectes qui se la disputent, devient un objet impossible à saisir. En fait, s'il enfonce des portes, c'est parce qu'elle ne sont pas vraiment ouvertes. Quand Voltaire renvoie dos à dos tous les superstitieux et tous les fanatiques, quand il rappelle qu'il est absurde de tuer pour une vision du monde à propos de laquelle on n'a pas de preuve, quand il pousse son lecteur à penser par lui-même, quand il met la raison au-dessus des croyances et qu'il admet les limites de cette raison, quand il fait de la tolérance une valeur fondamentale, on ne peut que se dire qu'il est nécessaire de redire sans cesse les mots de Voltaire, car aujourd'hui encore, les Lumières sont souvent noyées sous l'ombre du fanatisme et de la bêtise. 

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