meslectures

Quelles sont les origines de l'univers? La question semblait destinée aux religieux. Les scientifiques s'en sont emparé et l'univers qu'ils décrivent se complexifie sans cesse. Tout d'abord, il faut oublier la distinction entre l'espace et le temps, puis imaginer un univers en expansion après l'explosion du magma informe qu'il fut au commencement, le tout régi par les lois de la gravitation. Ensuite, il faut se plonger dans les tréfonds de la matière, dans l'infiniment petit, fouiller les atomes, comprendre qu'ils ne sont pas stables, percevoir vaguement ce que l'on a nommé physique quantique, pour enfin la combiner avec la relativité générale. Avouons ne pas avoir compris grand chose à cette tentative d'explication de la recherche la plus complexe qui soit, sinon que cette quête est fascinante, qu'elle touche au fondement de ce que nous sommes, à savoir presque rien et presque tout. L'univers serait fini mais sans bord. Qu'est-ce que cela signifie? L'esprit humain - le mien en tout cas - est trop limité pour le comprendre. 

Tourner son regard vers les êtres les plus petits et assister à des prodiges, voilà ce que propose ce livre passionnant, qui s'interroge sur la vie sociale des fourmis et sur celle des abeilles, minuscules animaux capables des plus grands exploits. On assiste à la danse des abeilles et l'on découvre l'intelligence de cet être de rien, ses capacités formidables, son importance cruciale. L'abeille sait communiquer, elle sait penser en termes abstraits, elle a des émotions. Bref, elle n'est pas très différente de l'homme. Ce qui rend sans doute sa piqûre si douloureuse, c'est qu'elle nous pique d'abord dans notre amour propre, dans notre vieille certitude d'être radicalement différents du reste de la nature. Mais la nature, au fond, n'est que géométrie et nous ne sommes que chiffres. Le spectacle que propose ce livre, c'est celui auquel nous assistons tous les jours sans le voir, trop occupés que nous sommes à ne contempler que notre propre nombril.