meslectures

          | Théâtre

4 septembre 2016 : Albert Camus, Caligula (posté le 04/09/2016 à 16:24)

La folie de Caligula, chez Camus, c'est la tragédie de la liberté. L'empereur perd celle qu'il aimait (sa soeur, la morale n'a rien à faire dans cette pièce) et décide, dans son désespoir, d'exercer sa liberté de façon arbitraire, comme il a en le pouvoir. Il martyrise donc ses sénateurs et son peuple, tue à tout va, insulte les dieux, prostitue les femmes de la cour, humilie ceux qui passent devant lui. Cette liberté du mal lui procure-t-elle le bonheur? Evidemment non. Il exige qu'on lui offre la lune. Personne n'y parvient. La révolte gronde. Caligula meurt seul. Ce n'est pas une punition divine puisque Caligula lui-même a tué les dieux. La vie, nous crie Camus du fond de la guerre, est absurde. On aurait bien aimé qu'il se soit trompé. 

Commentaires

15 mai 2016 : Victor Hugo, Ruy Blas (posté le 15/05/2016 à 18:39)

Le théâtre de Victor Hugo - soyons cruel, pour une fois, envers cet immense auteur -, c'est un peu du sous-Shakespeare: ça mélange le tragique et le comique; ça parle beaucoup, dans des vers grandiloquents; ça passe de la perfidie la plus noire à la noblesse (forcément chez le serviteur, Hugo renverse toujours tout) la plus honorable. Un valet aime une reine, un perfide se venge, un voleur se fait voler, et tout cela s'exalte à foison, pousse de hauts cris, se veut grandiose. Bref, nous ne sommes plus des romantiques. Ruy Blas, pour les cyniques du vingt-et-unième siècle, n'est plus que le prélude à La Folie des Grandeurs, dont Hugo, à coup sûr, était atteint. 

Commentaires

1er mai 2016 : Victor Hugo, Hernani (posté le 01/05/2016 à 11:17)

Le lecteur d'aujourd'hui peine à comprendre pourquoi cette pièce a tant passionné jadis, pourquoi on s'est étripé pour ou contre elle, pourquoi on a crié au génie ou au scandale. Certes, le tragique est saupoudré de comique et le sublime laisse des miettes au grotesque, mais on est loin de Shakespeare. L'affaire Hernani montre surtout la sclérose du théâtre français avant Hugo, à quel point on s'était figé sur des règles dogmatiques qu'on a enfin plaisir à transgresser. Le roi devient mufle et le bandit superbe, le renversement fait du bien, mais il est la marque de fabrique de Victor Hugo, qui ne trouve pas encore le souffle de ses grandes oeuvres poétiques et romanesques. Bref, Hernani appartient plus à l'histoire littéraire qu'à la littérature vivante. A moins que des metteurs en scènes… 

Commentaires

26 juin 2015 : Eric-Emmanuel Schmitt, Théâtre *, La Nuit de Valogne, Le Visiteur, Le Bâillon, L'Ecole du diable (posté le 26/06/2015 à 11:52)

Ce qui déçoit chez Schmitt, c'est que son imagination, son sens de la mise en scène originale, il l'utilise pour dire des banalités. Imaginer Don Juan jugé par des femmes qu'il a maltraitées ou Freud confronté à Dieu, l'idée est bonne, le dispositif ingénieux, cela pourrait permettre une réflexion originale. Seulement, Don Juan perd toute saveur en "guérissant" et Dieu face à Freud devient ridicule en assénant des bribes de réflexion indignes de Sa grandeur. Bref, il ne suffit pas, au théâtre, de mettre sur scène des personnages dans des situations hors du commun; encore faut-il que ces situations permettent un regard nouveau. C'est ce qui manque ici. 

Commentaires

3 juin 2015 : Jean Anouilh, Le Voyageur sans bagage (posté le 03/06/2015 à 18:36)

L'avantage avec l'amnésie, c'est qu'on a le droit de renoncer à son passé. Le personnage de la pièce, Gaston ou Jacques, ne se souvient de rien. D'autres se souviennent à sa place, une dame patronnesse, une famille supposée. On le plante avec ses anciens parents, qui le décrivent comme un salopard, un tueur d'animaux, un bagarreur, un fils indigne, l'amant de la femme de son frère. Ce passé ne passe pas. Que faire? La question le taraude. Assumer cet héritage dont il ne veut pas? Fuir? Il faudra un coup de théâtre pour que cela se décide, très vite. 

Commentaires

8 septembre 2014 : Molière, L'Avare (posté le 08/09/2014 à 20:07)

S'il n'est plus en nos contrées de mariages forcés, si les amours d'aujourd'hui se disent avec plus de rudesse qu'au temps des obligeantes assurances que d'aucuns avaient la bonté de donner de leur foi, si valets et laquets se sont libérés de leurs chaînes, si tout n'est plus systématiquement bien qui finit bien, la comédie de Molière reste, envers et contre tout, d'une actualité poignante : avares, radins, râpes, grippe-sous et fesse-matthieu se dépêchent de planquer leur fric en Suisse (merci encore) et de taper la faux à la cave, comme on le fait à Echarlens, pour ne pas perdre le son. L'amour de l'argent, qui rend Harpagon si ridicule et si méprisable, n'a pas fini de faire des ravages, dont souvent on ne se rend pas compte, comme Harpagon ne se rend pas compte qu'en ne tenant qu'à sa cassette, il condamne au malheur ses enfants et la demoiselle qu'il croit aimer. Près de ses sous, loin de ses amis. Harpagon finalement est la victime de son argent : il le croit son meilleur compagnon, or (!) il est celui qui le condamne à la solitude. 

Commentaires

2 août 2014 : Molière, Monsieur de Pourceaugnac (posté le 02/08/2014 à 23:11)

L'argument de la farce est simple : comment se débarrasser d'un lourdaud de Province qu'un père veut faire épouser à sa fille pour des questions de gros sous? Tout ça sent son Molière à plein nez : il va y avoir des médecins qui inventerons des maladies, de fausses épouses au langage de caricature, une jeune fille qui joue les amoureuses et des intrigants en veux-tu en voilà qui vont se foutre de la poire du naïf Pourceaugnac, qui va finir par déguerpir en laissant la jolie Julie dans les bras du jeune homme qu'elle aime vraiment. Bref, du Molière tout ce qu'il y a de plus classique. 

Commentaires

30 juillet 2014 : Molière, George Dandin (posté le 30/07/2014 à 18:22)

La farce ici se fait plus méchante que d'habitude. Le pauvre George Dandin, contrairement à d'autres cocus chez Molière, n'a pas grand chose à se reprocher. Il a épousé une femme mieux née que lui qui le méprise et n'a d'autre envie que de le tromper. Tout le monde est ligué contre le pauvre cocu, sa femme évidemment, mais aussi les domestiques, qui fricotent et trafiquent pour le duper, l'amant putatif bien sûr, et surtout les beaux-parents, jolie parodie de noblesse provinciale jusque dans leur nom (De Sotenville). A trois reprises, le pauvre cornard tente de démontrer sa bonne foi, mais à chaque fois, c'est lui qui passe pour le Dandin de la farce. La fin semble presque tragique puisqu'il parle de se jeter à l'eau alors que son épouse, cruelle, menaçait, quelques instants auparavant, de se suicider. Bref, la farce tourne à l'aigre. On rit de plus en plus jaune. 

Commentaires

29 juillet 2014 : Molière, Le Médecin malgré lui (posté le 29/07/2014 à 22:31)

Quiproquos, bastonnades, discours faussement savants, langage plus ou moins paysan, impertinences, amours empêchées par un père avaricieux, tous les ingrédients de la bonne farce sont présents dans cette petite pièce savoureuse. Un faux médecin est appelé à soigner une fausse malade mais préférerait s'occuper d'une nourrice en pleines formes. La malade va mieux. Elle veut épouser l'apothicaire, un faux lui aussi, et s'enfuît avec lui. Le père veut pendre le médecin, mais soudain, par miracle, par une de ces fins inespérées qui soudain arrangent tout chez Molière, tout est bien qui finit bien. Intrigue un peu simplette? Certes. Mais on lit ceci d'une traite, sans cesser de rire. Mission accomplie. La farce a pris. 

Commentaires

28 juillet 2014 : Molière, Le Misanthrope (posté le 28/07/2014 à 12:43)

La comédie en vers, même si elle est signée Molière, complique la lecture. Je n'ai pas trouvé, en me plongeant en elle, l'énergie des pièces en prose. Il m'a semblé que les personnages parlaient trop et je me suis souvent perdu. La question "faut-il tout dire de ce que l'on pense?", à l'heure contradictoire de la transparence reine et de l'euphémisme prince, est évidemment très intéressante, et Alceste, en mettant sans cesse les pieds dans le plat, en faisant son Snowden qui dévoile tout, semble à la fois ridicule et sur la bonne voie. Mais tout dans cette pièce me semble rhétorique, ce qui fait que je reste, à la première lecture et sans l'avoir vue, sur ma faim.

Commentaires

Page suivante

Site créé gratuitement grâce à OnlineCreation.me


Tous droits réservés