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11 mai 2014 : Corcelles-près-Payerne, Grande salle, Monumental, concert de l'Ensemble d'harmonie de la Broye (dir. Eloi Fellay) (posté le 12/05/2014 à 18:07)

Passer du monument vu à son évocation musicale, est-ce que cela fait voyager celui qui écoute? Assis sur ma chaise (un peu pompette, il a fallu goûter quelques whiskys tout à l'heure…), je sens les ruades des chevaux des diligences du Colorado sur la pierre sèche puis me laisse envoûter par une Rome mystique qui s'ennuie, avant de gravir le Machu Picchu en songeant à Tintin qui débarque au Temple du Soleil sous des cris de sauvages (mon frère est le plus bestial de tous), vision un brin colonialiste de l'Amérique du Sud… La visite aux troglodytes de Petra manque ensuite d'arabesques. Bizarrement, celle-là, je l'aurais préférée plus colonialiste, plus dansée dans le bas du ventre, plus "Mystères d'Orient". Le bugle norvégien ensuite se laisse gâcher par le plus banal et insupportable des rythmes de batterie (deux temps faibles puis une pétée, à n'en plus finir). Retournons dans les plaines du Far-West pour le plus beau morceau du concert entre mélodies charmantes et pompe ricaine et terminons le périple dans un Berlin où la valse lente sent bon la décadence d'un temps perdu, libéré par des armées lasses d'une guerre fatiguée. Ai-je voyagé? Pas tout à fait. La musique ne transporte pas. Elle plane. Elle sème des idées qui s'envolent. Elle donne à rêver. 

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10 mai 2014 : Fribourg, Place Georges-Python, flash mob du grand ensemble de clarinettes (dir. Jean-Daniel Lugrin) (posté le 12/05/2014 à 18:03)

Ils tendent l'oreille. Une clarinette seule, un air d'Irlande? Non, deux clarinettes. Soudain une horde. Puis rien. L'Irlande est repartie.

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13 avril 2014 : Villars-sur-Glâne, Eglise, Concert de l'Orchestre des Jeunes de Fribourg et du Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg (dir. Pascal Mayer), Troisième Concerto brandebourgeois en sol majeur BWV 1048, Concerto en la majeur pour hautbois d'amour et orchestre BWV 1055 (soliste : Bruno Luisoni) et Cantate "Christ lag in Todesbanden" BWV 4 de Jean-Sébastien Bach (posté le 14/04/2014 à 15:20)

Bach, de la musique de jeunes? Quand on entend l'énergie des violons de l'orchestre des jeunes, quand on voit leur niaque, quand on se laisse emporter par la magie (évitons d'écrire maggi…) d'une danse folle qui ne s'arrête que pour repartir de plus belle dans son délire, on se dit que ça masse plus que tous les lourds DJ's enfiévrés, soudain replongés dans leurs gros sabots de basses obstinées. Bach ne martèle pas. Il tape à côté du clou pour mieux le faire sautiller jusqu'au ciel. Puis soudain, le son du hautbois d'amour (est-il un instrument qui porte mieux son nom?) fait du bien à l'âme. Les doigts tapotent miraculeusement sur des clés des champs qui s'évadent au paradis. Le souffle ne retombe jamais. Il a suffi d'un homme, d'un bout de bois et d'un peu de ferraille pour éveiller nos sens étourdis par une musique parfaite. Puis vient le chant, l'alléluia qui swingue, le Christ qui du fond du tombeau a des fourmis dans les jambes, l'éclat du printemps au coeur de la mort, la fontaine de jouvence qui fait de Bach un ado de génie qui se réjouit que d'autres ados aient compris qu'il n'est pas de musique plus vital que la sienne. Oui, Bach, c'est de la musique de jeunes. 

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12 avril 2014 : Montagny-les-Monts, Eglise, Concert annuel du Choeur-Mixte Notre-Dame de Montagny-Tours (dir. Geneviève Moullet Murith), avec la participation de la Concorde de Montagny-Cousset (dir. Jacques Aeby) (posté le 14/04/2014 à 14:11)

La chanson de l'ancien Montagny, un an après, sonne avec plus d'acuité. Revenons donc au temps où Montagny avait des sous et était uni. La complicité du choeur mixte et de la fanfare gomme les polémiques et les querelles. On chante la vie et l'eau de la fontaine, on pêche la truite et les fausses notes. On se laisse emporter par le vent et par le flot de l'Arbogne, on salue les artistes et les arpètes. Certes, on se plaint au curé d'être déjà mal marié (et au syndic d'être déjà mal fusionné), mais c'est pour mieux se laisser aller à la joie d'une chanson de Trenet ou d'un air de Schubert. Bien sûr, les tempi et les harmonies se coincent un peu dans les barbes blanches des chanteurs et dans les barbes bleues des musiciens, mais, le temps d'un soir, les gens d'aujourd'hui se montrèrent dignes des anciens de Montagny. 

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12 avril 2014 : Billens, EMS, Concert de l'Ensemble de clarinettes de Fribourg (dir. Jean-Daniel Lugrin) (posté le 13/04/2014 à 20:46)

Tout, ici-bas, est clarinette. Les airs et les fugues de jadis se perdent dans leurs doubles croches, retombent sur leurs pattes d'ébène, font sonner presque en même temps toutes les clarinettes éparses, de la grosse basse à la petite soliste. Tout, même là-haut, est clarinette. Les constellations scintillent et clignotent, les galaxies lancinantes font du bruit, les OVNI tournicotent et s'emberlificotent, les étoiles brillent et s'éteignent pendant que quelques notes tombent dans des trous noirs. Les clarinettes viennent de créer un univers, un big bang, un monde bizarre tout neuf. Mais des fins fonds de nulle part, les clarinettes reviennent au village. Elles se transforment en cors de chasse, en balais de riz et en enclumes martelées. Mais fini le boulot, les clarinettes se dévergondent. Elles se donnent la main, dansent un rock pas tout à fait acrobatique et se finissent dans les étourdissants tournoiements d'une Irlande où l'appel de la Guinness rend les doigts frémissants et les gorges assoiffées. A l'apéro, on boit du jus d'orange. 

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30 mars 2014 : Payerne, Abbatiale, Passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach par le Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg, la Maîtrise Saint-Pierre-aux-Liens de Bulle et la Capella Paterniacensis (dir. Pascal Mayer) (posté le 01/04/2014 à 19:03)

La beauté absolue d'un drame ignoble, le cri d'amour d'un génie, la souffrance d'une caresse, tout, dans la Saint-Matthieu, est passion. Sous les pierres fragiles d'une abbatiale en détresse, l'évangéliste, tantôt d'une tendresse murmurante tantôt d'une colère hurlante, toujours au point juste de l'émotion d'un récit passionnant, raconte une agonie à laquelle Bach donne vie. Peut-être la résurrection n'est-elle réelle que dans la musique de Bach. Au coeur du choeur, rompu de fatigue, mal assis et mal debout, je me laisse bercer ou gifler, j'essaie de faire claquer ou délicer la langue allemande, j'écoute et je regarde. Il paraît que tout cela, cette souffrance et cette joie, ce déferlement, a duré près de quatre heures… Je n'en décrirai qu'un instant, merveilleux: Pierre a renié son ami, il s'en rend compte et pleure amèrement sa honte dans un air d'alto sublime. Plus sublime encore est la soprano qui, les yeux fermés et le coeur ouvert, semble transpercée par une douleur immense, plus sublime encore est celle qui se tait sans savoir que, du c(h)eur, une basse se dit qu'il est des beautés terrestres que Dieu nous envie peut-être. 

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29 mars 2014 : Cousset, Centre sportif, Concert annuel de la Concorde de Montagny-Cousset (dir. Jacques Aeby) (posté le 01/04/2014 à 10:00)

A comme… Amitié. Ce soir, dernier tour de piste (ou presque) pour Jacques, derniers mercis émus, derniers rires, derniers feux, dont l'extinction sans cesse sera repoussée.

B comme… "Bonnard". Deux marches, au bord de l'Arbogne et dans l'effervescence d'un cirque où les clowns, un peu tristes tout au fond, s'éclatent en d'énergiques cabrioles.

C comme… Cadeau. Car il est des présences humaines qui valent plus que tout l'or du monde. Je pense à ce chasseur-penseur, à ce pêcheur de bons mots et de bons mets, à cet arrangeur de jambes de bois musicales, à ce coureur de jubilations, à Jacques quand il a les rats en répétition et qu'il tire en avant des polkas rapides que nous cherchons, affolés, à freiner. 

D comme… Décidément, il ne faut pas qu'il parte. Refaisons-lui le coup du drapeau, la marche de la reine, les larmes, l'émotion, la ferveur d'un moment magique...

Q comme... (non, Gérard, pas encore!)

E comme… Et si Jacques ne partait pas... il paraît qu'il y a des places chez les deuxièmes trompettes...

F comme… Faudrait vraiment qu'il reste… Jouons une belle marche de procession signée par son père, peut-être que...

G comme… Gérard qui tient ferme son drapeau mais s'emmêle dans ses lettres.

Q comme… (Non, Gérard!)

H comme… Hansi ne grogne pas, il caresse ses timbales. Il faut dire que juste avant, il a failli briquer la grosse caisse en mimant les coups de canon de la Fête-Dieu. 

I comme… Il ne faudrait vraiment pas que Jacques s'en aille. Que feraient sans lui les renards en chaleur dans les rangs des trompettes et les phoques qui se frottent le museau chez les basses? 

J comme… Jacques, reste! 

Q comme… (Gérard!)

K comme… La trompe (que Joe, au comptoir, prend - le salaud! - pour une clarinette) a à peine sonné que le train part en trombe. Mes contre-temps ne le rattraperont hélas jamais… 

L comme… Vous en connaissez beaucoup, vous, des fanfares qui chantent? Ce sont, paraît-il, les mêmes qui dégustent, le soir au fond des bars, des choux de Bruxelles froids, apprêtés par Lucas sur une recette signée encore et toujours Jacques Aeby : vinaigre de cidre, curry et cure-dents pour un délice qui fait la vie belle. 

M comme… Monique qui distribue les bons points et les bons mots, les accordeurs (merci beaucoup) et les verres vides que l'on plaint. 

N comme… Ne pars pas, Jacques! Peut-être que le coup de la nostalgie marchera, les feuilles mortes que l'on ramasse à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi...

Q comme... (Non, pas encore, Gérard!)

O comme… On ne veut pas que tu partes, Jacques! Tiens, on te joue un petit Offenbach parce que tu adores ça. Tu t'en vas quand même?

Q comme… (Soit patient, Gérard!)

P comme… Pars pas! On ira pêcher avec toi des truites superbes. On rachètera les bistrot des Arbognes. On y recuisinera la truite au bleu de jadis. 

R comme… (non, Gérard, cette fois tu peux y aller!)

Q comme… Gérard a retrouvé la clé de la chambre douze à Canobbio, ça vaut bien une petite marche de derrière les fagots. 

R comme… Reste, Jacques! On te cuisinera des ratatouilles dont tu nous diras des nouvelles.

S comme… Si tu restes, on swinguera juste et on arrêtera de maîtriser le solfège comme des nains qui courent le cent mètres. 

T comme… Et en plus, les trombones ne joueront plus les guenèfles, ils seront de glissants gentlemen qui exécutent à merveille, comme ce soir, tous leurs traits. 

U comme… Et je ne me planterai plus dans mes temps, mes contre-temps et mes doigts emberlificotés quand le robot devient trop fatigué.

V comme… Voilà, je crois que tu as compris, Jacques : on a beau triturer les lettres et les notes de musique dans tous les sens, les faire valser comme un petit chef-d'oeuvre de ton cru, on retrouve toujours le même mot : MERCI!

W comme… Même un petit Wagner, ça ne te ferais pas rester? 

XYZ comme… Non, c'est quand même un peu trop tôt pour que ça se termine. Que tu le veuilles ou non, on jouera les quatre couplets de la chanson de Montagny et on ira jusqu'à te faire danser! Tu vois bien qu'impossible n'est pas Francey et que la Concorde et Jacques Aeby, c'est une histoire d'amour qui n'a pas de fin. 

A comme… Amitié.

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13 février 2014 : Zurich, Hallenstadion, Ennio Morricone, My life in music (posté le 15/02/2014 à 11:37)

La musique de film mélange le savant et le populaire, le tragique et le léger, l'intime et le grandiose. Elle est créatrice infinie d'ambiances de toutes sortes. Ennio Morricone, pour une poignée de dollars, nous emmène dans les pleines de l'Ouest mythique, au coeur d'un amour tragique ou dans le clan des Siciliens. Souvent, le titre du film (en allemand) ne me dit rien. C'est sans doute mieux ainsi. J'imagine. Des hommes et des femmes s'aiment. Des meurtres se préparent dans l'ombre. Des chaînes d'esclaves se brise. Un hautbois pleure. Une violon crie. Une batterie sème la panique. Une chanteuse, enfin, chevauche  un pur sang dans des paysages sublimes, accompagnée par le choeur exalté des cowboys et des apaches. Le public soudain pourtant se rend compte qu'il était à Zurich, qu'il faut faire la queue au parking, que la nuit sera courte. La musique de cinéma, c'est l'oubli miraculeux mais éphémère du triste quotidien. 

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15 décembre 2013 : Eglise de Curtilles, Concert de l'Avent de l'Ensemble vocal Chorège (dir. Fabien Volery), avec Monique Volery, soliste, et Vincent Perrenoud, organiste (posté le 16/12/2013 à 19:09)

Noël entre par la pointe de la voix, d'un air simple, sur un petit cheval à bascule, dans le brouillard d'un hiver où même les yeux du chat ont perdu leur miroir. Nous emmêlons nos voix dans le sommeil qui vient doucement se poser sur l'enfant. Le rêve alors chante une gloire puissante ou un vin chaud. Il suit l'étoile des rois, puis salue la Vierge merveilleuse, l'action du Paraclet et les animaux au pied de la crèche. Qui est ce gamin qui suscite tant d'hommages émus? Les violons semblent nous donner son nom : il grelotte près des roulottes dans l'aigre-doux d'un soir où l'on chasse les Roms et les étrangers. Un peu mélancolique, on se met alors à penser que si le petit Jésus naissait aujourd'hui en Suisse, on le renverrait dans son pays. La magie de Noël n'est-elle qu'un songe? Dans la chaleur de l'étable, on pressent hélas déjà la croix. 

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14 décembre 2013 : Cousset, Centre sportif, Soirée annuelle de la FSG Montagny-Cousset, "Les Bandes dessinées" (posté le 15/12/2013 à 10:56)

La soirée de gym! Retour en enfance garanti! Jadis, c'était la sortie de l'année, le grand show des dames en costume rose affreux, la pyramide des jambes en l'air, un type qui hurlait "1, 2, 3 et 4" dans les coulisses, le droit de rester un moment à la fin, de danser sur la scène avec les petites filles, de boire un coca... Bien sûr, aujourd'hui, le charme est un peu tombé, sauf dans les yeux des enfants. Olivia, fascinée, ne perd pas une seconde des bottecules des Stroumpfs, des sauts périlleux des pingouins de Madagascar et du déhanché de Tintin. Léon applaudit fanatiquement les figures acrobatiques de Yakari et de Petit Tonnerre. Florian voit arriver Superman avec soulagement. Au fond, ce qu'il faut regarder à la soirée de gym, ce sont les enfants qui la regardent. 

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