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13 décembre 2009 : Emile Zola, Pot-Bouille (posté le 13/12/2009 à 12:40)

Derrière les apparences, la réalité; derrière le convenable, l'ordure. Les petits bourgeois ("petits" dans tous les sens du terme) se font des politesses et se crachent à la figure, sous le regard amusé des bonnes sordides, qu'on engrosse et qu'on laisse crever en s'indignant : la moralité est l'essentiel, et elle laisse à désirer... Les conventions l'emportent. Le cocu honnête est renvoyé à ses migraines pour ne pas fâcher le monde. La honte des coucheries interdites, la pire de toutes seulement quand il s'agit des femmes, est rapidement évacuée. Le duel est évité. Il suffit de promettre un peu d'argent qui ne vient jamais. Bref, Zola peint à merveille l'hypocrisie bien-pensante de son temps et la faille sous le papier peint. Madame Josserand s'obstine à marier ses filles, pour la dot, et tout en exhibant l'échec de son propre mariage. Berthe trompe son mari avec un petit à homme à femme raté. Le président Duveyrier pleure toutes les larmes de son corps à la mort de son beau-père (le salaud ne laisse aucun héritage, il a tout perdu au jeu) parce que sa maîtresse vient de se barrer, et ne parvient même pas à se suicider proprement. Octave se tape la moitié de la maison. L'architecte Campardon trompe sa femme malade presque sous ses yeux. Aucun scandale. Le concierge Gourd veille à la moralité de la maison. Il chasse l'ouvrier qui avait amené dans sa chambre sa femme légitime.

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8 novembre 2009 : Emile Zola, L'Oeuvre (posté le 08/11/2009 à 22:25)

A l'instar de Claude Lantier, Zola est-il, au fond, un romantique ? Le naturalisme scientifique, la peinture de la réalité poussée dans ses retranchements les plus extrêmes, n'est-ce pas l'éternelle écriture de la tragédie humaine, la gloire entrevue, le bonheur esquissé, l'amour frôlé et la mort, implacable, au bout d'un horizon, ce coeur de Paris et cette femme fausse, que personne n'atteint ? Claude Lantier, comme son frère Jacques, se trompe d'amour. Il s'obstine, dans son génie avorté, à créer ce que la réalité, sans qu'il ne puisse s'en satisfaire, lui donne déjà. Christine se donne à lui, se fait modèle pour qu'il puisse aimer l'Autre, cette peinture de malheur qui se fait monstre; elle subit l'outrage de sa nudité au milieu des rires niais des peinturlureurs du dimanche et des salons de l'académie; elle ne récupère son amour qu'on prix de sa vie, et l'art sonne son glas. Il ne reste rien. Les amitiés se sont délitées. L'enfant mort, devenu peinture, tué une seconde fois par son propre père, qui ne pouvait être que le père d'objets morts, s'expose sans que personne ne le voit. Zola montre une nouvelle fois, sous couvert de fatalité héréditaire, un destin raté dans son implacable logique, et, mise en abîme ultime, crée, à la place de son héros, un chef-d'oeuvre.

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25 octobre 2009 : Emile Zola, La Bête humaine (posté le 25/10/2009 à 23:36)

Roman de meurtre, de médiocrité, d'amour, de chemin de fer, La Bête humaine est un concentré de violence. La rencontre d'Eros et de Thanatos aboutit aux drames, les personnages se tuent parce qu'ils s'aiment ou s'aiment parce qu'ils se tuent, sans qu'on puisse l'expliquer, sinon par une hérédité qui dépasse de loin celle de la famille, l'homme des cavernes qui tuait au fond des bois. Les personnages tuent et personne n'en a le moindre remords, ni Jacques, qui avait cru jusqu'au bout qu'il était possible de résister à la pulsion fatale, ni Roubaud, qui se noie dans le jeu, ni Séverine, qui se noie dans le corps de Jacques, ni Misard, qui cherche à tout jamais ses mille francs, ni Flore, qui fait dérailler le train pour rien. La mort rôde partout où se trouve l'amour. Même la Lison, seul personnage véritablement innocent, avec le "coupable" Cabuche, meurt atrocement, assassinée. Tout est sang, instinct de mort, fuite en avant, comme le train, à la fin, qui annonce la débâcle. Pourtant, la vérité, l'ignoble vérité, la part de l'assassin en tous, reste cachée. Le procès condamne un innocent, le seul. L'honneur est sauf. Cabuche est le coupable idéal. La preuve qui l'innocente est sciemment cachée. Dreyfus sera le coupable idéal. Le bordereau livrera la vérité.

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4 octobre 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter et les Reliques de la Mort (posté le 04/10/2009 à 13:49)

Ainsi donc, tout est bien qui finit bien. On ne pouvait rêver une fin dramatique... Cette fin, surprise ou déception ? Harry bat Voldemort grâce au fait que l'amour est plus fort que la mort (vieille rengaine chrétienne) et que l'on ne combat vraiment la mort qu'en l'acceptant. La morale d'Harry Potter est on ne peut plus simpliste, ce qui explique son succès sans doute. On accepte avec délectation l'originalité dans l'imagination (et là, il n'y a rien à redire, le monde imaginaire est accrocheur) et dans la construction de l'intrigue, mais pas au niveau des idées. Un bon bouquin, celui qui se vend, doit refléter l'idéologie dominante. L'intrigue ? Nouveau retournement de situation. Celui qu'on croyait méchant (Rogue) est finalement gentil. Le problème, c'est que c'est attendu. Peut-être m'en avait-on trop dit mais il ne faisait pas l'ombre d'un doute pour moi que Rogue était dans le bon camp, que le retournement ne pourrait que le concerner, que la confiance de Dumbledore en lui allait trouver son explication, à nouveau simpliste. Rogue aimait Lily... L'histoire de la baguette expliquait bien avant la longue explication finale pourquoi Rogue avait tué Dumbledore. Le coup de théâtre, qui est le même que dans le premier Harry Potter, ne surprend pas. Bref, cette intrigue si bien ficelée qu'on m'avait vendue n'a pas ébranlé l'ancien lecteur d'Agatha Christie que je suis. Reste que comme divertissement, la lecture d'Harry Potter est très agréable et que je ne regrette pas les heures que j'y ai passées.

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26 septembre 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (posté le 26/09/2009 à 11:50)

On sent le dénouement s'approcher. Les événements s'emballent. On sort de la torpeur du cinquième volume. Le roman devient sérieux, même s'il y a toujours la parodie de notre monde avec le permis de transplanage et les marivaudages adolescents avec les amours à la Beverly Hills d'Hermione, Ron, Lavande, Harry, Ginny, Dean, Cho et les autres. On s'accroche à quelques mystères, qui font que lire le dernier tome est urgent. Que fabriquait Drago Malefoy, qui ne parvient pas à tuer, et qui serait donc moins mauvais que sa carricature dans les livres précédents ? Où se cachent les bouts de l'âme de Voldemort ? Et Rogue, est-il vraiment ce monstre qui tue Dumbledore ? Tout semble prouver que oui, et pourtant, il avait sa confiance. Pourquoi ? Bref, cette chronique, parce qu'Harry Potter est une série romanesque très bien construite et que son succès populaire me parait de plus en plus compréhensible (question de ficelles...), doit s'arrêter ici pour céder sa place à la lecture.

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16 septembre 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter et l'Ordre du Phénix (posté le 16/09/2009 à 22:31)

Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est de retour. Personne n'y croit, sauf Dumbledore et Harry. 1000 pages pour s'en rendre compte, une inquisitrice totalitariste qui fait du zèle pour empêcher la vérité de triompher, quelques amours adolescentes avortées, des sortilèges jetés, la mort du parrain après celle des parents, une pincée de Quiditch, on retrouve les ingrédients d'un bon Harry Potter. La potion est cependant un peu trop diluée (ce qui n'aurait pas plu au professeur Rogue, qui m'est de plus en plus sympathique) et l'on se prend à regretter la brièveté des tomes enfantins de la série. La fin joue son rôle d'appel à la lecture du prochain bouquin, on s'y accroche. Le milieu, on s'y ennuye un peu... La question de la mort revient hanter Harry, qui grandit. L'initiation peut se poursuivre.

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4 septembre 2009 : Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude (posté le 04/09/2009 à 19:06)

Les vies folles d'une famille farfelue et tragique se bousculent dans un monde mystérieux, né aux temps où rien n'était, mort après cent ans de bizarreries effrénées. Les personnages se suivent et se ressemblent, ils se confondent, ils se quittent, se retrouvent, s'aiment et disparaissent, tantôt persistants, comme la vieille Ursula que l'on croit immortelle, tantôt fugace, comme Rémédios-la-Belle, qui s'envole en étendant le linge qu'elle ne porte pas. Les catastrophes naturelles font de Macondo un lieu sans mémoire, un village fantôme, sous le déluge ou sous le soleil infini. Tant d'événements sont racontés qu'il est impossible d'y déceler une intrigue, sinon celle de cette fuite en avant sans cesse répétée des membres maudits de la famille Buendia, qu'ils se nomment José Arcadio, comme l'ancêtre savant et criminel ou Aureliano, comme le colonel qu'à la fin, on oublie, comme tous sont oubliés, reclus, seuls, peut-être fictifs. Tant de sang a coulé, tant de corps se sont mêlés, tant de folies se sont heurtées que le lecteur est assomé par l'ouragan d'un temps qui avance à la vitesse du TGV tout en s'allongeant, tout en se tortufiant. Les années filent, tout change tout le temps, mais rien ne se passe au présent, tout dure, tout est à l'imparfait. Imagination sans borne. Peut-être oeuvre de génie. Trop sonné pour le dire.

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20 août 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter et la coupe de feu (posté le 21/08/2009 à 08:42)

Harry Potter grandit. Le livre s'allonge. Ses problèmes se précisent. La cicatrice se réveille parce Voldemort va renaître. On passe subitement de la coupe de trois sorciers, juste après la coupe du monde de Quidditch, à la mort d'un élève et à la cruauté sans limite du Prince des Ténèbres et de ses Mangemorts. Ce qui a fait le succès de ce bouquin, c'est peut-être ça, passer du léger, du prosaïque à l'épique, au sombre. Que penser des personnages ? Harry devient ado, et retrouve les gros clichés, le bal de Noël, celle qu'il zyeute sans la connaître qui lui préfère un autre, tout ça bien sûr dans un monde magique chaste, où l'on se demande si les sorciers ne sont pas des anges. Ses amis sont plus amis que jamais, malgré une brouille et un peu de jalousie. Dumbledore est le gentil puissant, le pendant positif de Voldemort ou des Malefoy, plus carricaturalement odieux que jamais. Bref, un seul personnage demeure vraiment intéressant, et depuis le début de ma lecture, c'est celui qui me trouble le plus, le professeur Rogue, Mangemort repenti, qui hait (peut-être, et c'est justement parce que je peux écrire "peut-être" que le personnage est intéressant) Harry, qui me montre aucune émotion mais à qui le bon Dumbledore fait entière confiance. Pourquoi ? Allons le voir dans la suite.

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11 août 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban (posté le 12/08/2009 à 00:43)

La force d'attraction s'intensifie. Le monde d'Harry se fait plus menaçant. Il grandit. On reste plus scotché. Ce monde de la magie, qu'on le veuille ou non, fascine. Remonter le temps, deviner l'avenir, apprivoiser des monstres, on aimerait bien que ce soit vrai. Le quidditch, on aimerait bien y jouer. On se pose des questions sur les personnages. Que cachent-ils ? Qui est vraiment Severus Rogue ? Qui est Dumbledore ? Qui est Harry Potter ? Bref, le roman marche. Il se vend. Tant mieux. On ne peut que brûler de lire la suite. Faut-il y voir cependant un sens profond autre que l'explication mièvre (quand même une faiblesse notable) de Dumbledore "C'est bien ton père que tu as vu la nuit dernière, Harry... Et c'est en toi que tu l'as découvert" ? Sans doute pas. Le bouquin se dévore. Il divertit. Il donne un petit coup de frisson et de rigolades. Ne lui en demandons pas plus.

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5 août 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter et la chambre des secrets (posté le 05/08/2009 à 21:29)

Lecture d'été très agréable, malgré des reprises didactiques en début de roman assez lourdes; on se prend au jeu et au monde des sorciers actualisé. Ce qui avait effrayé nos ancêtres jusqu'à l'hystérie des bûchers revient nous fasciner, mais en plus gentil, dans un monde où même chez les sorciers, il y a les bons et les méchants, les Gryffondors et les Serpentards. On aimerait tant que les deux autres familles jouent un rôle véritable, qu'elles viennent complexifier ce qui reste assez simpliste, que Malefoy représente autre chose qu'une transposition sorcièresque des nazis, que le monde ne soit pas cette lutte du bien contre le mal avec lequel le cinéma américain nous assome. Dans Harry Potter, il n'y a pas cette impression d'assomoir, parce que ce n'est pas terminé, que des renversements sont encore possibles, qu'un monde moins enfantin que celui du premier volume s'esquisse.

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