meslectures

          | Spectacles

15 mai 2010 : Fribourg, le Rex, Midnight in Paris (réal. Woody Allen) (posté le 16/05/2011 à 08:42)

Voyager dans l'espace et dans le temps sans bouger de son fauteuil, c'est vraiment possible avec Woody Allen. Le Paris d'aujourd'hui, sous la pluie, n'est pas la tasse de thé ou de bourbon des Américains moyens. Celui-là n'est pas moyen. Il cherche (et trouve!) le Paris des années 1920, rencontre Ernest Hemingway, Picasso, Dali, Fitzgerald, le temps se mélange comme les couleurs sous le pinceau des maîtres. La fiancée moderne ne fait pas le poids devant la muse des artistes de jadis. Et si, au détour d'une rue, on se retrouvait jadis... L'âge d'or... La fiancée de 1920 veut revivre la Belle époque, s'y retrouve chez des gens qui se veulent à la Renaissance, et tout pourrait régresser jusqu'à la nuit des temps. Le cinéma de Woody Allen marche comme toujours à merveille, parce qu'il est précisément merveilleux. L'absurde y est presque normal. Les références culturelles se dégustent entre initiés sans laisser les ignorants de côté. Un pur plaisir! Et Carla Bruni ? Beaucoup de bruit pour rien, deux apparitions peu convaincantes, un peu comme son mari.

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14 mai 2010 : Treyvaux, l'Arbanel, concert du choeur Ladoré (dir. Fabien Volery) (posté le 16/05/2011 à 08:39)

Naissance réussie d'un choeur qui promet. Ladoré a des petits airs de choeur de mon coeur, mais déjà la touche nouvelle éclate : plus jazz, plus sobre, un peu peu plus vieux... Tout commence comme il le faut : "Chante en mon coeur, pays aimé". Le baptême d'un choeur se fait à la crème du chalet. Mais très vite on prend le large, on s'américanise, on traverse l'arc-en-ciel, on dit bonjour à Dolly, on plonge sous l'océan. Derrière le choeur, invisible pour le spectateur du coin, l'orchestre swingue de jouissives notes bleues. Bien sûr, tout cela manque un peu de virilité, on souhaiterait des basses et des ténors qui en jettent. Sans doute viendront-ils... Mais le bébé est aussi mignon que des chatons dans un panier, et, comme il ne faut jamais faire l'économie d'un mauvais jeu de mot, j'ai adoré Ladoré.

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8 mai 2011 : Eglise de Saint-Aubin, concert du quintet de cuivres Opus 5 (posté le 08/05/2011 à 23:14)

La fraîcheur de l'église et de la Norvège scintille dans les sons chaleureux des cuivres romantiques. Une danse est éclipsée par une berceuse, puis tout s'accélère, s'affole, galoppe. Après le silence, une musique de film d'horreur vient jeter un nouveau froid. Une mégère, un couteau à la main, nous court après : "It's time to die". Souvenirs d'Ecosse un peu mélancoliques, tango assassin et langoureux, puis le messie, Händel et When the Saints, baroque et dixieland, pied total, mains du public qui frappent sur les temps (jamais ils ne comprendront...), jazz à débouche-chiottes, les cuivres dans leur élément, liquide et déjanté, un moment de pur bonheur!

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10 avril 2011 : Aula de l'Université de Fribourg : Psaume de David de Christoph Penderecki, Le Roi David d'Arthur Honneger, par la Choeur de chambre de l'Université de Fribourg et l'orchestre de chambre fribourgeois (dir. Pascal Mayer) (posté le 11/04/2011 à 19:21)

Tentons Penderecki... Musique sans doute trop difficile pour un dimanche après-midi si ensoleillé... Les sons se font plus aléatoires encore que sur la partition. Le Roi David paraît ensuite très mélodique, Honneger devient presque Mozart, un Mozart parfois sauvagement dissolu par une Pythonisse plus que survoltée ou par l'appel belliqueux à un Jéhovah vengeur dont on se dit qu'il est sans doute bon de ne plus trop y croire. Il y a dans le Roi David quelque chose de très daté, tant sur le plan des idées que du texte, l'enfant qui meurt parce que ses parents (les salauds) l'ont conçu dans le péché, les appels trop manifestement calvinistes à la misécorde, qui sonnent, dans ce lieu qui porte justement ce nom de Miséricorde, finalement assez justes, les récits très ancien testament d'un récitant par ailleurs excellent. En chantant, j'ai pourtant le sentiment que je demande vraiment pardon, pourquoi, je n'en sais rien, mais je sens moi aussi le besoin d'être lavé de mon iniquité. Comme tout péché avoué est à moitié pardonné, tout se termine dans la joie, l'espoir, l'alléluia, la fleur qui fleurira de sa souche reverdie. Le choeur final du Roi David, c'est le final par excellence, l'émotion inévitable, l'éclat du jour, la fanfare du printemps, que peut-être il aurait été plus judicieux d'interpréter en première partie que Penderecki, dont les psaumes de David sont peut-être finalement bien plus datés que le Roi David d'Honneger.  

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2 avril 2011 : Eglise de Saint-Aubin, concert annuel du choeur mixte de Saint-Aubin, Delley, Portalban (dir. Lucas Francey), avec la participation du choeur mixte de Chapelle-Gillarens (dir. Etienne Crausaz) (posté le 03/04/2011 à 17:55)

L'art choral populaire, ringard, péquenaud, zinzin ? Peu me chaud. Entendre La prière du pâtre, c'est à chaque fois une joie, et merde pour la modernité ! La poésie de Louis Aragon, Jean Ferrat, les haricots, Bourvil, Camille Saint-Saëns, Gustave Doret, je prends tout et j'écoute avec plaisir. Et puis, tout à coup, la découverte peut surgir. Ou se trouve Chapelle-Gillarens ? sans doute perdu au milieu de nulle part, peut-être à l'écart de la civilisation ? Dieu sait... Des voix parfaitement fusionnées, des interprétations subtiles, justes, sensibles, toute la beauté de l'art choral fribourgeois, seul coin au monde où l'on chante à merveille presque partout. Evidemment, dans ces conditions, L'immortelle de Jean ne pouvait que m'émouvoir aux larmes, parce que l'abbé Bovet est, quand il est interprété de cette façon, lui aussi immortel.Puis les mots qui s'amusent sous la plume de Claude Nougaro sont venus enjazzer la fin d'un concert auquel je me suis rendu presque par hasard, et duquel je suis ressorti plus hors du coup que jamais, mais ravi de constater qu'il existe encore des gens qui ont bon goût.

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26 mars 2011, Centre sportif de Cousset, Concert annuel de la Concorde de Montagny-Cousset (dir. Jacques Aeby) (posté le 28/03/2011 à 21:58)

Les doigts virevoltent sur la clarinette, mais en ne bouchant pas toujours les bons trous au bon moment... La marche d'entrée me prend un peu de vitesse, mais met en condition un public charmé. Petit tour dans les Balkans, puis en Roumanie, le charme opère, avant que Phil Collins et Emilie Caille ne dansent un slow langoureux (même si le saxophone, pour danser, ce n'est pas pratique). Un champ de coton est envahi par un bébé éléphant deux fois de suite, puis la musique s'enjazze, les rythmes se syncopent sur les cuisses et dans les instruments qui jubilent. Mon premier concert annuel à la Concorde est fait, et pas mal fait, même si je reste bien souvent muet quand les autres bougent les doigts avec une rapidité presque égale à celle que j'ai sur ce clavier d'ordinateur, qui bien souvent, comme ma clarinette, m'indique avec un peu d'énervement que ce n'est pas tout à fait ici qu'il faudrait être. Mais où faut-il donc être ? Au bar, pardi... La soirée se prolonge tard...

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13 mars 2011 : Fribourg, Chapelle de Regina Mundi, Les Psaumes de David dans les traditions catholique et réformée, Schola Gregoriana Pragensis (dir. David Eben), Ensemble vocal DeMusica (dir. Marc Bochud) (posté le 21/03/2011 à 19:20)

Le chant grégorien chanté juste est un plaisir rare, profond, trop profond pour une chapelle et une époque désacralisées. Un calme total, orné de joie et de recueillement, une simplicité si difficile à atteindre, cette musique est parfaite. Elle repose, comme un bijou dans son écrin, sans chichi, avec humilité, sobriété. Parfois, une deuxième voix donne à la monodie une puissance nouvelle, renversante, puis le chant se refait solo, récitation, prière. Puis est venue la réforme. Des instruments anciens batifollent sous la mélodie, la polyphonie crée des masses sonores nouvelles, des entremêlements, des chevauchées. Déjà le sacré s'est enfouit. La musique se fait mondaine.

 

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25 février 2011 : HameauZ'art, Payerne, concert de la Chanson des Hameaux (dir. Emmanuel Violi) et de Chorège (dir. Hugo Stern), suivi d'une pièce de théâtre (posté le 26/02/2011 à 19:22)

Sympatiques chansons en canotiers, un café péruvien, une sérénade japonaise, un bout d'Afrique, les Hameaux charment. Nous prenons la route, ensuite, vendons des riens et des femmes (mais là, je ne suis pas certain de la traduction, mon ukrainien n'étant pas encore parfait), quittons notre pays (un Adju d'Antoine est toujours émouvant, surtout quand c'est le dernier avec Hugo) et rendons un hommage vibrant à Jérusalem ou Tripoli. Retour au pays merveilleux de la bonne amie de l'abbé Kaelin avant de rigoler devant les manies fessières de monsieur Tripotin, acteur phare d'une pièce populaire dont le titre m'échappe, concierge en convalescence de pince-fesse,qui suit incrédule les péripéties d'un mariage qui s'arrange à la fin, d'une manière un peu trop prévisible.

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13 février 2011 : Eglise du Collège Saint-Michel, Fribourg, concert du Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg en faveur de Min-ex (dir. Pascal Mayer) (posté le 14/02/2011 à 00:10)

Romantisme à souhait, le chant de la nuit dans la forêt, le cor au fond des bois, la harpe en mélopées, les voix chaleureuses... Nous chantons. La langue allemande se sublime en Schubert, en Brahms, en Schumann. Quelques inconnus se hissent à la hauteur des grands. Ils en font un peu trop, un peu trop tard peut-être. Stravinski, tout à coup, invite le ventru à table. La belle harmonie se fissure enfin. Une rose à la sortie vient rappeler que le temps du romantisme perdure en ses symboles, et qu'il s'est fané depuis belle lurette.

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12 février 2011 : Aula de l'Université de Fribourg, concert de la Concordia, Horizons (dir. Jean-Claude Kolly) (posté le 13/02/2011 à 10:31)

Après un jeune boléro qui rappelle vaguement quelque chose, l'orchestre occupe l'espace et le temps, part en vadrouille vers les grands espaces. Une première étape américaine, Yellowstone, châtoie et galope, sous l'immense ciel bleu des Amériques. Le grand show états-unien tient en haleine, même s'il est un peu trop, à mon goût, mégalomanie yankee. Puis on part à la recherche du tango, dans un bouge ou un palace de Buenos Aires, la danse ne survenant que par bribes, comme si elle n'était qu'un rêve, un souvenir, une illusion de sensualité. L'Arménie est trop européenne, mais suit l'Asie, la fascinante Asie, le monde de l'autre qui se mélange à nous, les instruments d'ici, le hautbois (le son du hautbois, c'est comme le chou de Bruxelles, on se lèverait la nuit pour en manger), la clarinette, la flûte, le tuba, les instrument de là-bas, petits bouts de bois troués qui décalent l'harmonie, la font sortir des sentiers battus pour emprunter la merveilleuse route de la soie, franchir les monts d'Afghanistan, errer dans le désert de Gobi, pénétrer dans l'empire du Milieu, tout au bout, là où rien n'est banal, là où le dépaysement est vrai. Sortons de la salle, car les sièges craquent et font mal au dos et car le voyage n'était que féerie, sur des rythmes latins, déhanchés et joyeux.

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