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          | Roman

3 août 2009 : Joanne Kathleen Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers (posté le 03/08/2009 à 15:03)

Un bon livre pour enfant ? Plus ? Un monde sympathique, ce mélange de quotidien, d'ensorcelé, de scolaire et d'aventures; une lecture agréable, simple, pas trop ennuyeuse pour qui a déjà vu le film; et bien sûr, grain indispensable, l'envie de lire la suite, que l'on me promet meilleure et dont je n'ai pas vu la version cinématographique. Il est un mystère quand même difficile à résoudre : pourquoi est-ce précisément ce texte-là qui a connu l'un des succès littéraires mondiaux les plus immenses ? pourquoi cette frénésie autour d'une aventure qui s'avère pour l'instant certes originale par le monde fascinant de la sorcellerie mis à plat qu'elle crée, mais très banale dans ses idées, la lutte du bien contre le mal, l'amour vainqueur de la mort, les gentils qui se débarassent des méchants en évitant la bêtise de tricher ? Peut-être parce que ces idées sont des archétypes, et que chacun s'y reconnait... Explication simpliste, puisque ces idées, on les trouve partout. Elles n'expliquent en rien pourquoi c'est Harry Potter et pas un autre roman du même genre qui a fait le buzz. Plongeons-nous dans la suite pour tenter de mieux piger et parce que, mine de rien, et il ne faut sans doute pas chercher le succès plus loin, j'ai accroché.

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30 juillet 2009 : James Ellroy, Le Dahlia Noir (posté le 30/07/2009 à 22:42)

Un thriller comme un autre ? Sans doute pas. Il y a dans ce bouquin quelque chose qui happe le lecteur, qui l'empêche de décrocher, qui le fascine. Ce quelque chose va crescendo, comme ma lecture, qui s'achève au sprint, les trois quarts du bouquin dévorés en deux jours. Un homme, le narrateur, simple flic-boxeur, assez banal, voit sa vie bouleversée par une affaire affreuse, un de ces meurtres fanatiques et dégueulasses que la télévision banalise. Contrairement aux flegmatiques des séries (Horacio Cain, Jethro Gibs), Bleichert plonge, la jeune fille mutilée coupée en deux fait de lui une épave, un héros, un menteur et un désespéré. La violence, la noirceurs, la saleté de la vie de flic à Los Angeles sont rendus avec une force de frappe digne des combats de Lee Blanchart, l'ami, le traître, l'assassiné, et de Bucky Bleichert, la glace que la vie réchauffe à coups d'horreurs. Les fous les plus ignobles pataugent dans le sexe, l'argent et la crasse. Bleichert résoud l'énigme. Il retrouvera Kay, son histoire d'amour à la dérive, touché mais pas K.O. Le lecteur aussi est touché, mais pas K.O.

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20 juillet 2009 : Claude Simon, La route des Flandres (posté le 20/07/2009 à 22:54)

Etrange comme tout s'efface... Les souvenirs anciens, les rêves et le passé récent... Ceci est le deuxième commentaire sur La route des Flandres. J'y écrirai la même chose et autre chose que dans le premier, disparu à jamais dans les profondeurs de mon ordinateur. J'y retrouverai la longueur haletante, sans répis, assommante et fascinante de la phrase simonienne (l'impression qu'il n'y a (je veux dire "qu'il n'existe") qu'une seule prase, sans commencement, sans fin, toute pleine du monde passé, présent, à venir, à songer). Je retrouverai les temps indécis des histoires racontés par on ne sait pas toujours qui à un autre ou à lui-même, le cheval mort, le jockey qui chevauche Corinne, quatre rosses égarées dans la boue d'une guerre qui n'en est même plus une, une débâcle à laquelle on s'habitue, dont on ne sait pas si elle est plus vraie que le suicide de l'ancêtre, sur le tableau, héroïque ou cocu, jockey ou chevalier. Je me reposerai les mêmes questions : qu'est-ce qui tient en haleine ? J'évoquerai encore un Proust qui échoue, un temps spacialisé en un no man's land. Je ne saurai toujours pas l'impact de ce livre, avalanche de mots, d'images horribles ou charnelles (horribles et charnelles, plutôt), tableau flou (ou fou) d'un monde qui en est plusieurs et aucun, et comme Georges (ou Blum, ou de Reixach), je serai perdu au milieu d'un monde peut-être même pas absurde.

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14 juillet 2009 : San Antonio, Les deux oreilles et la queue (posté le 15/07/2009 à 09:54)

Petit cru de San Antonio, moins virevoltant que d'habitude. Tout y est, mais en sourdine. Les scènes classées x peinent un peu à déconner, l'action s'emberlificote un peu, Sana se retient. Lire ces gauloiseries en prenant le soleil à la piscine reste néanmoins l'un des plaisirs les plus inébranlables (là, Dard se lacherait) de l'été. Retrouver le gros Béru vaut la chandelle. Tiens, Félicie n'est pas là, et son coquin de fils est étrangement sage. On ne peut pas écrire 200 chefs-d'oeuvre mais on peut trouver les ingrédients qui, malgré des erreurs de dosage, fouettent toujours au palais de sa majesté le lecteur. San Antonio les a trouvé.  

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3 juillet 2009: Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir (posté le 03/07/2009 à 17:17)

Saisissant étrangeté dans la familiarité. On connaît le lapin en retard, la dame de pique qui veut qu'on coupe la tête, à tire-larigot, le non-anniversaire, la petite fille qui grandit trop vite. Pourtant, ce (ces?) texte(s?) ne ressemble(nt?) à rien d'autre qu'à lui(eux?)-même(s?). Conte(s?) ? Récit(s?) de rêve(s?) dont ne sait pas le(s?) rêveur(s?)? Les points d'interrogation s'accumulent. Rien n'est à comprendre. A l'instar de Juliette, on ne s'en étonne plus. Le monde est renversé, l'envers du décor se rerenverse et tout finit par un dernier renversement, qui remet les pendules à l'heure où elles s'arrêtent (l'heure du thé, bien entendu, l'un des trois mardi de le journée). Surréalisme? Sans blabla. Non-sens? Peut-être hyper-sens. Et si c'était vrai? (Rien à voir avec Marc Lévy).

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18 juin 2009: Raymond Radiguet, Le Diable au corps (posté le 18/06/2009 à 21:02)

Roman psychologique d'un scandale devenu banal, l'histoire de ce jeune homme amoureux dépassé par la vie peine à décoller. Tragédie sentimentale en écho à la tragédie mondiale, folie, mensonges, mort, l'enfant s'engage comme à l'époque les grands s'engageaient à la guerre. Victoire. Marthe cède, un enfant, le sien, arrive. Défaite, Marthe meurt. La guerre est finie. Son mari revient. Tout a eu lieu comme prévu et il n'y a même pas eu de scandale. L'initiation est faite. François peut devenir adulte. Rien là de bien bouleversant. Les sentiments sont exacerbés mais on a une impression de distance, comme si ce roman sonnait le glas d'une vision dépassée de la passion amoureuse et de son écriture.

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20 mai 2009 : Charles-Ferdinand Ramuz, Si le soleil ne revenait pas (posté le 21/05/2009 à 13:13)

Un vieux qui lit dans les livres l'annonce : le soleil ne reviendra plus. Il y a ceux qui y croient, il y a ceux qui n'y croient pas. Histoire simple, gens simples, leurs vies de presque rien, magnifiées par la patte de Ramuz, une grosse patte, une main comme celles de papa, des crevasses, l'appel de la montagne, l'encre qui sèche lentement. Un village d'ici, d'un peu plus haut, prend vie, ses vieux, ses jeunes, ses hommes, ses femmes, un nouveau-né. Il y a celui qui est allé chercher sa fille aux quatre coins du canton, celui dont le fils travaille au bord du lac, là où il y a deux soleils, alors que nous, on ne sais plus si l'on en aura un ce printemps, ceux qui rentrent le bois pour si jamais, ceux qui se moquent. Tous respirent la vie, sortent du papier. Ils ont des noms que l'on connaît : Follonier, Arlettaz, Revaz... Ce sont nos gens d'il y a septante ans, et le génie de Ramuz, c'est de les avoir gardés vivants. Le soleil est revenu, je suis allé à la piscine cet après-midi, Ramuz est plus un ami qu'un écrivain.

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5 mai 2009 : Fedor Dostoïevski, Les Frères Karamasov (posté le 05/05/2009 à 18:01)

Trois frères, trois destins. Les passions tournent les têtes. Un fils et un père, une même femme. Mitia tue-t-il ? Mitia vole-t-il ? Le monstre parricide est-il celui que l'on condamne ? Tout dans ce roman s'amplifie, tout se mystifie, tout est drame, tout se russifie. Aliocha est-il un saint ? Ivan devient-il le diable ? Il est étrange à quel point je ne parviens pas à écrire sur ce texte qui m'a occupé plusieurs mois quoi que ce soit que me paraisse convenir. Quelque chose échappe. Certes, cette histoire est un drame, mais ce n'est rien dire que de le dire. Certes, les personnages fascinent, Mitia tantôt odieux tantôt pathétique, tantôt pétri d'honneur, Ivan l'intellectuel, le nihiliste, le fou, Aliocha qui oscille entre la sainteté et la naïveté, le père ignoble mais qu'il faudrait peut-être quand même aimer, les deux rivales qui se pardonnent presque, les juges qui se trompent. Il semble pourtant qu'il y a autre chose, comme un sens caché, un monde enfoui, un fil tendu entre ces frères si différents et si proches. Peut-être que les grands romans sont ceux-ci, ceux sur lesquels écrire est impossible, mais là encore, j'hésite. Ai-je aimé cette lecture ? Oui, mais sans doute pas assez.

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15 avril 2009 : Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence (posté le 15/04/2009 à 22:32)

La montagne s'écroule. Un homme survit. Il y retourne. Une femme l'aime. La fable sur les rapports de l'homme et de la nature se renverse. L'homme prend le dessus. La montagne accouche d'un amour. La Grande Peur n'est plus. Ce qui demeure, c'est le style Ramuz, faussement populaire (ou peut-être plus véritablement populaire que le style populaire), répétitif comme le motif de la cloche qui sonne la mort, déroutant. Antoine sort de terre comme d'un tombeau, comme attiré par le soleil. Il veut y retourner. Thérèse le suit. Thérèse le sauve. Il n'y a sans doute rien de plus à dire. Comme en montagne, il n'y a qu'à admirer.

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26 mars 2009: Frédéric Beigbeder, Vacances dans le coma (posté le 26/03/2009 à 11:20)

Fête jet-set psychédélique, nuit d'orgie tantôt jubilatoire tantôt dépressionnaire, ce roman étourdit quand il n'ennuie pas. Les mots se trombinoscopent, se font vains (et vins), se téléscopent, les conversations ne disent rien, l'univers vide des pipoles est rendu à merveille. La décadence s'expose, la fausseté s'affirme. Le héros (on mesure en lisant ce livre à quel point le sens de ce mot s'est dégradé) cherche à baiser, se plante parce qu'il ne sait pas parler aux femmes, boit pour oublier, se retrouve, après un bain de mousse aux Chiottes, la nouvelle boître branchée parisienne, dans les bras d'une inconnue. Et hop, voilà enfin le grand amour ! Elle est si différente... Il l'a déjà vue quelque part. C'est son épouse depuis deux ans. Fin décevante. Le soufflé retombe, comme dans les fêtes au petit matin. Il n'empêche qu'on repense à certaines soirées, moins originales, sans le bébé des Hardissons (transformé en ballon de rugby), sans Fab au langage extraterrestre, sans mannequins siliconés défoncés (dans tous les sens du mot), sans DJ mégalos assassins, sans travestis accoucheurs et même sans Jean-Georges Parmentier. A la fin, on se demande, comme quand il ne reste que trois personnes sur les canapés mais que, parce qu'une fête réussie se termine au petit jour, il ne faut surtout pas dormir, à quoi bon vivre.

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