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| Spectacles
13 novembre 2010 : Eglise Saint-Michel, Fribourg, "R à l'anglaise" par l'Ensemble Sobalte (dir. Fabien Volery; orgue : Benoît Zimmermann) (posté le 14/11/2010 à 11:34) |
Fines harmonies anglaises et pompeux roccoco de l'église Saint-Michel se marient à merveille avec un choeur délicat et chaleureux, qui s'épanouit dans des musiques tantôt méditatives ou mystiques, tantôt jubilatoires. La solennité, l'heure du thé et l'humour sont esquissés, puis s'effacent. L'orgue s'amuse et emplit l'espace. Les chanteurs virevoltent, de pianissimi en fortissimi. Le chef tient son monde du bout des doigts. Le dos fait pénitence sur les horribles bancs pour que l'oreille savoure mieux les trésors de sa majesté. Une réussite, n'est-il pas? | |
6 novembre 2010 : Centre sportif de Cousset, souper de soutien à la Villanelle, Les Toquées, par les Emotion'Elles (Sabine Gysi et Romy Jaquet) (posté le 07/11/2010 à 11:09) |
Après la salutaire piqûre de rappel Failloubaz et une fondue de saison, deux jeunes femmes viennent nous raconter en musique leurs angoisses (l'angle droit du tabouret de piano...), leurs délires (tic et toc...), leurs désirs (Frank...). L'accordéon et le piano virevoltants de Sabine Gysi et la voix chaude et engagée de Romy Jaquet se complètent à merveille dans un duo à la fois comique et désespéré, mélancolique et déluré. Elle fuient un homme pour Paris, la gloire, les paillettes, l'alcool, le cancer. Elles reviennent au pied de la Jungfrau pour construire des chaises en bois empathique et cultiver des fleurs de bouc. Joli moment, émotionné par l'interprétion d'une qualité musicale irréprochable et d'une sensibilité profonde de Romy, soutenue par une musicienne qui parvient à faire de son plus gros défaut - être suisse allemande - une qualité. Un bois empathique qui s'appelle le charme... | |
30 octobre 2010 : Eglise Saint-Jean, Fribourg, Symphonie n°4 de Gustav Malher en version de chambre par l'Ensemble Instrumental de l'HEMU (dir. Johannes Schlaefli) (posté le 31/10/2010 à 09:56) |
Le puriste pourrait être choqué : treize instruments, dont un accordéon, pour une symphonie de Mahler... N'étant pas puriste et ne connaissant pas par coeur tout Mahler, je me laisse tenter. Et séduire. Cette musique est un océan. Elle flue et reflue. Tantôt la tempête éclate, tantôt, presque subitement, la mer est immobile, un violoncelle esquisse une valse qui rappelle les heures lointaines. On est à Vienne en 1900, entre deux mondes. En petit ensemble, il est intéressant de voir que tous les instruments ont leur moment de gloire, d'observer leurs dialogues et leurs pauses, le passage de la clarinette au cor ou de la flûte au violon. Bien sûr, j'écoute plus attentivement les passages tantôt sombres tant jubilants de la clarinette (Bravo, Margot!). Le son de la clarinette... mais... le son du hautbois... le son du violoncelle... La chanteuse du dernier mouvement a une voix aussi intéressante que son décoleté. Le châle, au fur et à mesure qu'elle s'anime, tombe et découvre ses épaules. La musique est parfois un plaisir aussi vif pour les yeux que pour les oreilles. | |
18 octobre 2010 : visite d'une exposition de photos en Basse-Ville de Fribourg, place du Petit-Saint-Jean (posté le 18/10/2010 à 17:37) |
Au hasard d'une balade (ou d'une ballade, l'une ne va pas sans l'autre...), on se retrouve devant des photos de familles : les gens de la basse, les bolzes dans leur quotidien, simplement, fêtes, travaux, sports, mariages. Clin d'oeil d'Hubert Audriaz bien sûr, touffu sur toutes les anciennes photos de Gottéron. La photographie est un art simple, populaire, démocratique, quand il n'a d'autre ambition que de montrer la vie, les gens, disparus ou vivants, qui font qu'on aime un lieu. Bien sûr, on n'y connaît personne, mais ces visages sont néanmoins familiers. Ils rappellent nos propres familles, nos propres lieux de vie, nos propres aventures anciennes. On ne serait pas surpris d'y croiser grand-papa, appuyé sur sa canne devant le bûcher, marraine qui lave la brouette et qui nous dit "adieu, dont" (et nous, dans notre barbe d'enfant moins hirsute que celle d'Hubert Audriaz, "adieu dindon"), parrain assis sur le banc qui regarde passer les voitures, grand-maman qui remonte de chez Jean-Pierre avec un bidon de lait, l'oncle qui jure, la tante qui promène son tintébin, Léa, cachée derrière son rideau, qui regarde par la fenêtre, Joseph qui s'appuye sur sa fourche pour ne pas tomber à la renverse dans son tas de fumier, Jean-Claude qui balaie la route le samedi matin, et Gilbert au cantonnier qui tire sa petite charette. Puis on remonte au dessus du pont en se disant que toutes ces maisons que l'on frôle sont pleines d'histoires qui se racontent en photos autour d'une Cardinal (paix à son âme...) ou d'un bon verre de Goron. Le hasard des bal(l)ades donne un peu de profondeur à la vie présente. | |
8 août 2010 : visite du Centre Georges Pompidou à Paris (posté le 13/08/2010 à 10:21) |
Promenade dans les phénoménaux bouleversements de l'art au vingtième siècle, cette visite, du moins à son début, me harponne. L'impressionisme se fait expression et les formes se déforment. La première moitié du vingtième siècle, si terrible, est le moment d'une énergie créatrice peut-être désespérée, sans aucun doute géniale. Kandinsky fait éclater à la gueule du spectateur aimanté son abstraction colorée. Picasso, avec plus de sauvagerie que le terne Fernand Léger, déboîte les humains et les choses pour les rendre à leur être éparpillé. Dada balaie tout d'un immense et nécessaire éclat de rire. Giacometti étire la pierre et l'homme vers un ciel introuvable. Tinguely boutique un monstre mécanique funèbre et humoristique. Dali délire. Klein découvre le bleu. J'en passe... En dessous, l'expo se fait contemporaine et féminine, c'est-à-dire beaucoup trop conceptuelle et féministe, c'est-à-dire, pour être clair, sérieusement morne et énervante. Les délires maladifs n'ont plus la fraicheur des ancêtre dada et surréalistes. Les artistes d'aujourd'hui, on a l'impression qu'ils s'emmerdent, et le spectateur qui sort de l'éclat d'il y a cinquante ans, lui aussi s'emmerde. | |
7 août 2010 : visite du musée d'Orsay à Paris (posté le 11/08/2010 à 19:10) |
L'impressionisme ne m'impressione pas. Le flou des paysages et les couleurs qui se mélangent créent rarement en moi autre chose qu'une froide admiration. Oui, bien sûr, c'est extrêmement bien fait, et l'on sent poindre la future abstraction, mais voilà, ça reste de la peinture qui représente l'extérieur, qui regarde minutieusement le monde et le rend légèrement transformé par le regard de l'artiste. Le grand geste violent de destruction-reconstruction n'est pas encore osé, et l'on reste, à la fin de la visite, sur sa faim, parce que la vraie peinture qui déchire l'âme, elle ne naît (et meurt) qu'au vingtième siècle, esquissée par le seul peintre qui suscite en moi en choc à Orsay, peut-être parce qu'il est là temporairement et qu'il n'y est pas tout à fait à sa place : Van Gogh. | |
6 août 2010 : visite de la Cité de la musique, Paris (posté le 11/08/2010 à 15:08) |
L'histoire de la musique à travers les grands classiques et les monstres curieux, bal(l)ade aux temps des débuts de l'opéra jusqu'aux bidouilles de sons de nos tout frais prédécesseurs. Les sons changent. Parlons des monstres : flûte contrebasse, qui ressemble à un narguilé; octobasse, le violoncelle des Titans; synthétiseur de grincements. A la fin, les instruments de partout, trop expliqués, car la didactique, dans les musées, ça me gonfle. La musique, rien que la musique... | |
4 août 2010 : Théâtre de la Huchette, Paris, La Leçon (Eugiène Ionesco) (posté le 11/08/2010 à 15:01) |
Depuis cinquante-trois ans, il en tue quarante par jour. La voix est petite. Le lieu est petit. L'élève a mal aux dents. Elle n'est pas prête, dans sa robe rose bonbon, pour le doctorat total. La petite voix du professeur se fait grosse. Ne l'interrompez pas. Mais il n'y a rien à faire, l'arithmétique mène à la philologie au crime. La danse du couteau est éternelle. Elle recommencera demain soir, car au delà du record, le même drame recommence toujours, toujours, comme le hareng-saur qui se balance au bout de sa ficelle. Vous me copierez trois fois cette chronique en espagnol, en néo-espagnol et en sardanapali. Attention, il y a un piège. | |
26 juin 2010 : Chapelle de Notre-Dame de Tours, audition des élèves de la Concorde de Montagny-Cousset (posté le 27/06/2010 à 11:33) |
"Examen réussi". Le verdict est tombé. Dans la chaleur de l'été et la moiteur des doigts stressés, je parviens plus ou moins à esquisser à la clarinette le Secret du limaçon. Etrange expérience. Seul adulte au milieu d'enfants, je suis un peu l'intrus. Ces enfants, parlons-en. D'abord, les flûtes, impressionnantes, puis les autres bois, et le cuivres, pas toujours parfaits, mais dont on sent le travail et le plaisir de jouer. Rien d'autre ne compte. Il n'est pas de cadeau plus utile à donner à un enfant que de lui apprendre à jouer d'un instrument de musique. Il (et je, car pour un adulte, tout cela est aussi valable) apprend à se concentrer, à maîtriser son corps, à évacuer le trac, à compter ses temps, à exprimer des émotions, à respirer, à entendre et à écouter, à s'adapter aux autres, bref, il apprend ce qui sera nécessaire tout au long de sa vie. Il devrait être obligatoire et gratuit pour chaque enfant, à l'école, d'apprendre un instrument de musique. Utopie... Merci à la Concorde de nous en rapprocher un peu. | |
19 juin 2010 : Grande Scène du Red Pigs Festival de Payerne, concerts de My name is Georges et de Junior Tshaka (posté le 20/06/2010 à 00:31) |
Du fond du bar à vin, alors que personne ne boit du vin et que la pluie clairsème la foule, j'écoute d'une oreille le gros rock de "My name is Georges". Ecouter d'une oreille ce qui perce le tympan? Difficile. Pourquoi, dans les concerts, la musique est-elle toujours trop bruyante? La qualité et le plaisir se mesurent-ils aux décibels? Bref, le bruit gâche l'écoute. "Junior Tshaka" s'écoute plus facilement. On se laisse bercer par le reggae, une musique sans originalité, sympa mais déjà entendue, des paroles qui, quand on les comprend, c'est-à-dire rarement, semblent légèrement cucul la praline, mais une ambiance chaleureuse qui fait un peu oublier la pluie. Voilà. Pas de quoi casser des bâtons de chaise. Rentrons. Patauger dans des souliers humides une heure de plus ne vaut pas la peine. Je n'ai pas l'âme du festivalier. | |
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