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12 septembre 2007 : Marc Levy, Sept jours pour une éternité… (posté le 26/12/2008 à 12:04)

2,2. La note du groupe de lecture est sévère, mais méritée. Pas trop envie d’écrire là-dessus, ramassis de clichés, histoire d’amour bateau, démago au possible, pas d’autre pensée que celle de l’air ambiant, grosses ficelles, bref, à ranger au placard. Ça culmine dans le dégoulinant quand le démon et l’ange s’aiment, moralité à deux balles, réconciliation pseudo-tolérante de Dieu et de Satan, bien gentillet. « Je te regarde dormir et Dieu que tu es belle. Tu te retournes dans cette dernière nuit où tu frissonnes, je te serre contre moi, je pose mon manteau sur toi, j’aurais voulu pouvoir en mettre un sur tous tes hivers » (et patati et patata, tout du même acabit). Il faut trouver son Bachert, son âme sœur, son contraire et nous vivrons heureux, pour l’éternité, par delà le bien et le mal (l’humanitarisme hyperactif de Zofia et la candide cruauté si vite oubliée de Lucas). Et surtout, mon lapin, profite de la vie. Ô pisseuse en mal de romantisme à la con, lis vite ce bouquin, car pour être à la con, il l’est sacrément. Du style ? Néant. Parfois : 666, rue du Bidule, ou « elle leva les yeux au ciel » pour faire ange, avant passer « une nuit d’enfer ». Vite à oublier ? Sauf que ça marche, ça se vend comme des petits pains (pas frais). Levy se fait des tonnes de blé et les pisseuses pissent. Lire au deuxième degré ? Même pas, ça se complaît dans le rien sidéral d’un monde formaté qui pense (est-ce encore penser ?) qu’il est follement original alors qu’il aligne des banalités grosses comme des maisons. Bref, cessons de nous casser la nénette sur ces conneries et laissons les pisseuses pisser.

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21 août 2007 : Charles-Ferdinand Ramuz, La Grande Peur dans la montagne (posté le 24/12/2008 à 16:30)

Ce qui frappe d’abord, c’est le style, ce mélange d’ancien et de moderne. Qui nous raconte cette histoire ? « On » ? « Nous » ? « Vous » ? Vu de l’intérieur et de l’extérieur à la fois, on passe des sentiments des personnages, les amoureux, le vieux, le brigand, au récit d’un homme du village quelconque, puis à un narrateur tout à fait extérieur. Rien n’est stable. J’ai souvent pensé au nouveau roman. Crescendo dans l’horreur, oui, mais pudeur, on ne dit pas, ou au dernier moment. Victorine ne meurt pas, même quand elle est cadavre qui bouge, à la lumière des bougies, sous les yeux de Joseph, qui ne comprend pas. La catastrophe finale, il faut un moment pour qu’on soit sûr que c’est bien une avalanche. Le mot n’est lâché qu’une fois, presque à la fin. Monde du non-dit, village illettré, celui qui raconte me fait penser à un instituteur de village, peut-être même pas, un paysan qui pond une rédaction comme on en faisait à l’école primaire. Malédiction surnaturelle ? Hasard ? Indécidable. La fatalité, annoncée, fait son œuvre. On savait. On ne voulait pas croire. Il a bien fallu. Etrange atmosphère, impossibilité souvent de visualiser. La montagne devient une sorte de monstre, un lieu mythique qui dévore celui qui enfreint ses mystérieuses lois. N’allez pas à Sasseneire, celui qui y va meurt, n’en revient pas, c’est comme ça. Les personnages ont beau lutter, ils sont marionnettes, ils ne sont pas vraiment des personnages de romans, des êtres qui ont leur caractère propre, leur liberté, Joseph tué par l’amour fou de Victorine, tuée elle-même pour la même raison, Barthélemy et son papier béni qui ne sert à rien. Un seul personnage sort du lot, un seul n’est peut-être pas mort. Drôle de nom, Clou, sorte de porte-malheur, impossible de s’en débarrasser, Joseph lui tire trois fois dessus, à bout portant, la bale le traverse sans qu’il ne tombe. Il (on se demande si « Il », ça n’est pas lui ?) s’échappe, disparaît. Ce texte avance comme l’avalanche. Il dévaste toujours plus. Litanies des morts, les vaches qui ont la maladie, Victorine, ceux du chalet, le village entier, litanie des mots, répétés comme par maladresse d’écriture pour donner un sentiment d’incantation, inutile. « On sonnait pour les morts ». Les morts font des petits. Il ne reste plus rien. La mécanique est implacable. On ne provoque pas plus fort que soi.

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2 août 2007 : Jacques Chessex, L’ardent Royaume (posté le 24/12/2008 à 16:26)
Densité des sens, des sensations, des sentiments, couleurs, violences et illusoires apaisements, l'art de Chessex à son sommet. L'homme, maître Mange, cherche la plénitude. Il s'y perd. Il veut dévoiler. Il replonge dans le mystère. Il veut voir. Sa fille se suicide. Déchéance banale et sublime recherche. Ce qui frappe dans ce roman, court, c'est son intensité. Le lecteur et le personnage (semblables, frères) son assaillis par le monde, la beauté dans sa radicalité la plus absolue, en pleine poire, le sexe ouvert de Dieu, et la peinture ardente de la nature. Se perdre dans le corps d'une femme pour y chercher la vie et y trouver, bien sûr, la mort, le remord du suicide de celle qu'on aurait dû aimer, la dégringolade sociale, la solitude, le mal. L'ambivalence féconde le livre. Le sublime engendre le grotesque ; l'amour le plus pur, le plus attendrissant, la complicité de Mange et de Monna, sort des ordures, y retourne. Vulgarité des jambes écartées sur une table, du sexe fouillé par une lampe de poche et renoncement monastique au monde, sacrifice, contemplation. L'homme (Mange, c'est l'homme) se libère du monde, mais la mécanique, à côté, continue, broie ; Mange est exclu de la Loge, de l'Ordre du barreau, de son parti politique, il devient une bête assoiffée d'un amour dont on devine qu'il va, tôt ou tard, lui échapper, une fois que tout le reste est perdu, mais, ça se retourne encore (je pense au Roi des Aulnes de Tournier) et la chute, le fruit défendu avalé, le trognon entre les mains, l'ardent royaume violé, font naître un homme nouveau, coupable mais beau. Texte profondément religieux donc, chrétien, gothique qui, après un jugement dernier de pacotille, se termine à son point de départ, le jardin, désormais vidé de ce qui lui donnait sens, Béatrice, morte, que Mange n'a pas retrouvée en Monna. Il ne fallait pas tenter d'élucider le mystère. Il le fallait.
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18 juillet 2007 : Patrick Modiano, Rue des Boutiques Obscures (posté le 24/12/2008 à 16:09)
Que retenir d'un roman de l'oubli ? Un homme à la recherche de son passé erre entre photographies jaunies, anciennes connaissances usées et souvenirs qui s'envolent. Il se cherche, obsessionnellement. Il trouve des indices, il se reconstitue une vie, des souvenirs, mais ces souvenirs, n'est-il pas en train de les inventer à partir de lambeaux, de "bribes de quelques chose"? Le roman part de rien et y revient presque. Il s'agit de la vie. Quand sommes-nous ? Hier, aujourd'hui ? Les temps verbaux se mélangent, le passé simple se complique, et la description des souvenirs, qui n'en sont peut-être (ce mot-là est sans doute le meilleur résumé possible du roman) pas, celle des lieux visités par le narrateur, les mêmes que ceux des souvenirs mais longtemps après, oubliés, celle des photographies, tout est mis sur le même plan, dans un même style télégraphique, dans les mêmes phrases nominales, sous le même regard inquiet, précis, sec et amnésique. On voyage dans le temps mais on ne sait pas quand, on retrouve des personnages qui aussitôt rencontrés s'effacent, on se déplace d'une adresse à l'autre mais tout a disparu, tout sent le vieux, le naguère anodin et mort, on aboutit au bout du monde, sur une île au milieu du Pacifique d'où le seul ami du narrateur vient de s'enfuir, pour un bout du monde encore plus effacé. La bulle de savon éclate. Retour à la case départ, Rue des Boutiques Obscures, qui n'est pas la case départ, mais une case parmi d'autres, impossible à intégrer dans un récit linéaire. Que reste-t-il au bout de la lecture de ce roman ? Des "bribes de quelque chose" et des bouts du rien de tout, le sentiment de l'errance presque (ce mot-résumé est peut-être meilleur que celui évoqué dans la dernière parenthèse) infinie. Au fait, le héros de ce roman, comment s'appelle-t-il ? Des dizaines de noms propres ont défilé sous mes yeux, des dizaines de personnages, toujours seuls, se sont succédés, il n'en reste que de vagues souvenirs qui demain s'effaceront. Je viens de refermer le bouquin, et la recherche policière du temps perdu a échoué.
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27 juin 2007 : Jacques Chessex, Le vampire de Ropraz (posté le 24/12/2008 à 16:02)
Efficace, ce petit bouquin, un condensé d'horreur, un compte-rendu de glauque, dans un style journalistique qui ne nous épargne rien et qui, comme le faux vampire de Ropraz, fait froid dans le dos. Ce crime immonde commis ici, à quelques kilomètres, ce monde immonde de notables bienséants et de populace animale, cette injustice crasse (et Dieu, le Dieu des calvinistes lugubres et le Dieu des catholiques sorciers, Dieu sait si le fond de ce roman est crasseux) à laquelle le nouveau vampire de Ropraz, Chessex, fait un pied de nez en enterrant Favez, le monstre, sous la flamme du soldat inconnu, sépulture inviolable parmi toutes comme étaient inviolables les jeunes filles mortes mutilées par un coupable dont on raconte, en nos pays de loups, qu'il court toujours, qu'il regarde des enfants nus sur internet et qu'il faut le mettre à mort de toute urgence. Ce vieux monde pisseux de Chessex, là-haut dans le Jorat du siècle passé, ça ressemble trop à notre monde qui se croit civilisé pour que l'on ne soit pas saisi par un bouquin dévoré avec un plaisir que d'austères pasteurs vaudois viennent déjà nous reprocher à coup d'anathèmes sordides. Le fond crasseux de nos culottes modernes renvoyé en pleine gueule, Chessex brutalise le lecteur qui en a, hélas, trop l'habitude.
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8 mai 2007 : André Malraux, L’espoir (posté le 24/12/2008 à 13:53)
Livre cubiste lu sans attention, tombé dans les toilettes, commencé en plein soleil, terminé sous la pluie, avec cette impression que les personnages ne sont pas des personnages, qu’il est impossible de les distinguer les uns des autres, comme les événements, cette Guerre d’Espagne racontée à ceux qui l’avaient sous les yeux mais qui nous est devenue si étrangère, plus personne ne demeurant aujourd’hui fasciste, communiste ou anarchiste, tout ça ayant été cassé par la guerre elle-même, où l’action prend le dessus même si dès que l’action prend le dessus, dans le bouquin, je ne lis plus que d’un œil, sans savoir si oui ou non les événements ont lieu dans un avion ou à terre. L’espoir, c’est le Guernica de Picasso, l’épique saucissonné, l’intranquillité d’une lecture qui désarçonne sans le crier sur les toits et qui déçoit par ce que le texte garde de classique, on ne sait trop quoi, tout. Tout à coup, une formule qui fait mouche, comme un coup de pistolet, une belle phrase, un bijou en son écrin au milieu des ordures, une définition de la guerre : « la guerre, c’est faire l’impossible pour que des morceaux de fer entrent dans la chair vivante ». Souvent, l’impression de passer à côté d’un texte dont l’indéniable originalité nécessiterait, pour être déchiffrée, une étude plus approfondie à laquelle je n’ai aucune envie de me m’atteler.
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1er mai 2007 : Alain Robbe-Grillet, La Jalousie (posté le 23/12/2008 à 22:25)

En sous-main, la folie. Apogée d0objectivité, sommet de subjectivité. Roman parfait. Tout est indécidable, tout est vrai, tout est faux et le personnage principal n'en est pas un. Indéniablement, après Les Gommes et Le Voyeur, Robbe-Grillet pond son chef-d'oeuvre (le seul, la suite n'est plus parfaite). Enfin, et uniquement dans ce roman, tout est remis sur le tapis. Plus rien ne fonctionne. Tous les repères sont perdus et le lecteur, même à la relecture, est paumé. Il se pose la question idiote ("qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ?") en se rendant compte qu'elle est idiote, mais il se la pose quand même. Peut-être ne s'est-il rien passé et ne sont-ce, étalés sur plus de deux-cent pages, que les délires obsessionnels d'un mari jaloux, qui pourtant n'en est pas un. Il ne se serait encore plus rien passé s'il n'y avait pas de mari. C'est peut-être même A... (Annie, Amélie, Alexandra ?) qui se raconte l'histoire. Rien ne l'indique, mais rien n'indique rien. Autre question (il n'y a que des questions) : qui est mort, assassiné, suicidé ? A qui est la tache de sang ? Qui est le mille-pattes ? Encore une question : à quoi bon ? Réponse, insatisfaisante : tout est dit à propos de la jalousie, dans ce roman, parce qu'il n'est jamais dit que ce qui est dit l'est à cause de la jalousie. Dire "je suis jaloux", c'est ne plus être jaloux. Ici il n'est ni dit "jaloux" ni dit "je suis". Personne n'a rien dit, d'ailleurs, et je n'ai rien écrit.

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30 avril 2007 : Alain Robbe-Grillet, Le Voyeur (posté le 23/12/2008 à 22:20)

Qui me raconte cette histoire ? Question que l'on ne se pose pas habituellement mais qui, ici, est primordiale. Le narrateur, reprenons ma thèse (mon mémoire, restons modeste), extradiégétique, raconte toute l'histoire du point de vue de Mathias, l'assassin qui cherche maladroitement à cacher un meurtre non décrit que le roman nous révèle petit à petit. La confusion s'établit entre les instances du récit, le narrateur et le personnage se trouvant bien souvent difficiles à démêler. OK. Qu'est-ce que je fais de ça ? En suis-je, avec le recul, encore surpris ? Ce roman me touche-t-il ? Le Voyeur est plus abouti que Les Gommes. Le vertige demeure un peu, parfois, dans ces passages qui entrent en écho avec la suite de l'oeuvre obsessionnelle d'Alain Robbe-Grillet, dans ces moments où, sous la description détaillée d'un objet quelconque, se glisse le sadisme d'un personnage qui n'assume pas encore sa perversité, ce qu'il fera (l'oeuvre de Robbe-Grillet doit se lire comme un tout) dans des romans ultérieurs bien plus manifestement sadiques. Tout dans Robbe-Grillet tourne et retourne à vide, avance sur un double circuit qui ramène au point de départ, comme si de rien n'était. D'ailleurs, était-il quelque chose ? Mathias a-t-il vraiment tué Violette (je veux dire, Jacqueline) ? Tout dans le roman le sous-entend mais tout ne fait que le sous-entendre. La frontière entre réalité et fiction est si brouillée que l'on se met à se demander si cette fiction qu'est Le Voyeur n'a pas un pendant réel, celui que, avec encore plus d'ambiguïté, les Romanesques mettront à jour (tout en l'obscurcissant terriblement, le lecteur ne parvenant pas à dire ce qui tient du vécu ou de la fiction, puisque ce que cherche à faire Robbe-Grillet, c'est défaire les catégories de fiction et de réalité). Ce roman me touche-t-il ? Bien peu, je crois. En brouillant toutes les pistes et toutes les identités, le nouveau romancier aboutit à un jeu dont il faut bien admettre la stérilité. Tout ça est très bien écrit, trop bien peut-être.

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24 avril 2007 : Alain Robbe-Grillet, Les Gommes (posté le 23/12/2008 à 22:16)

Dénarratologisons le propos. Mon mémoire est terminé. Je relis, sur la chaise longue, Les Gommes, pour la défense, vendredi prochain. C'est quoi, finalement, Les Gommes ? Un roman policier ? L'un des meilleurs. Bien plus que ça ? Certes. Une journée effacée, la négation du temps ? Bien trouvé, Alain. Un théâtre de points de vue où le narrateur cache au coeur des pensées des personnages la solution de l'énigme ? C'est ce que j'ai voulu montrer dans mon mémoire. La relecture (ouf) me donne, je crois, raison. Il n'empêche que Les Gommes, ça reste un roman policier, presque un polar, un Agata Christie, plein d'indices partout que personne ne voit sauf le relecteur (qui se dit : "mais c'est bien sûr"). Rajoutons-y, pour le plaisir culturel, mille allusion à Oedipe-Roi, et voilà. J'écris des platitude parce que ce roman, il me sort par les oreilles, je l'ai trituré en long, en large et en travers et je reconnais qu'il est bien foutu, mais il a perdu la fraîcheur de la surprise. Alain Robbe-Grillet révolutionne le roman, c'est entendu, mais pas encore dans Les Gommes (c'est peut-être pour ça que j'ai envie d'écrire que c'est son meilleur roman, ou son plus mauvais, ça dépend de l'humeur). Bon, je n'écrirai rien de mieux. Allons voir si relire Le Voyeur m'inspire plus. En fait, le problème est le suivant : le nouveau roman, ça meurt dès que ça devient familier, dès que l'on y entre sans vertige.

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20 mars 2007 : André Breton, Nadja (posté le 23/12/2008 à 22:06)
Si l'on ne pouvait garder de ce livre que son coeur, si l'on pouvait lui ôter sa pelure théorique, il me comblerait un peu, car les thèses de Breton, ses "idées", je n'y entre pas. Seule Nadja m'intéresse, banalement en tant que personnage, en tant que mystère, en tant que rencontre saugrenue. Je me prends à rêver de Nadja sans Breton, d'elle seule, de ses dessins, de tout ce qui d'elle est décrit, sans lui. Jaloux, moi ? Si peu. Breton me charme, quand il tait ses considérations théoriques ; il construit un monde langagier dans lequel la promenade est agréable, il laisse flotter le doute : histoire d'amour ? Bien sûr et bien sûr que non. Un tu débarque à la fin. Breton l'aime et écrit bien, puis il laisse faire sa plume, se vautre dans l'écriture automatique de sa cervelle d'intellectuel de jadis, laisse percevoir qu'il est communiste, avant de lancer, enfin, à la dernière page du bouquin, quelques mots géniaux, un de ces diamants que lui a montré Nadja, "le coeur humain, beau comme un sismographe". Elaguons donc et disons que Nadja est un joli roman d'amour. N'en disons pas plus car il faut bien admettre que nous ne saisissons rien à l'originalité revendiquée de Breton et de son surréalisme.
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