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          | Spectacles

13 décembre 2013 : Château de Montagny-la-Ville, Audition des élèves de la Concorde de Montagny-Cousset (posté le 14/12/2013 à 10:55)

Ecouter des enfants qui soufflent dans des instruments parfois plus gros qu'eux charme l'oreille malgré les approximations, les hésitations et le trac. Tout commence avec la Petite Concorde, où le batteur tape aussi fort qu'il parle beaucoup, et où déjà Noël distribue les cadeaux. Puis les flûtes s'envolent et s'adoucissent en évoquant la chaleur du feu qui attend dans la pièce d'à côté avec les étoiles à la cannelle. Les clarinettes offrent des tulipes, s'amusent sur des ressors déglingués ou jouent en allemand Klingelingeling (ce qui n'est pas si simple, nous affirme l'interprète, qui préfère conserver l'anonymat). Un petit baryton derrière lequel se cache une petite fille offre un peu de joie au public conquis avant que Noël blanchisse une trompette parfaite, des guenèfles concentrés et un batteur qui tape de plus en plus fort. 

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8 décembre 2013 : Eglise de Villars-sur-Glâne, Beatus vir d'Antonio Vivaldi, Dixit Dominus de GeorgFriedrich Händel et Messe luthérienne BWV 236 de Johann Sebastian Bach par le Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg et le Collegium Musicum de Lucerne (dir. Pascal Mayer) (posté le 09/12/2013 à 19:26)

Les roucoulades, les enroulades et les courses-poursuites baroques se savourent dans des vocalises infinies ou dérapantes. Vivaldi balaie les ténèbres dans des réponses exaltées qui chantent, solennelles ou tendres, le bonheur de l'homme quand il pressent la petite lueur au fond et qu'elle devient brasier ardent. Händel redit ce brasier avec plus de fougue, plus de rage, plus de jubilation. Il ne balaie plus : il gifle. La fugue prend ses jambes à son cou. Elle avance vers la joie parfaite. Elle fatigue les chanteurs mis à rude épreuves qui, sans avoir le temps de reprendre leur souffle dansent la musique parfaite de Bach dans des glorias légers et dans l'envol d'un Saint-Esprit qui parfois se perd au coeur de sa fugue vers un paradis que Bach frôle mais que le choeur parfois égratigne, tant la beauté n'a d'égale que la difficulté d'un monde musical long à apprivoiser. 

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1er décembre 2013 : Restaurant des Arbognes, Concert d'automne de la Concorde de Montagny-Cousset (dir. Jacques Aeby), avec la Chanson des Hameaux (dir. Jean-Marc Pillonnel) (posté le 02/12/2013 à 20:13)

Au début de décembre, la nature hésite entre le flamboiement déjà ralenti de l'automne et le sommeil langoureux de l'hiver. Ce concert se laissa emporter au coeur de cette hésitation. On y chanta la joyeuse Suisse et on y berça des enfants de Prague; on y pleura la mémoire envolée d'une maman et on y fredonna de l'alleluia kitsch; puis on cueillit des champignons aux noms parfois estropiés qui dansèrent des tangos plus érotiques qu'aux grandes heures de la cave du Bourg; on soûla Bacchus par des traits de clarinette glissants; on rêva d'une flûte merveilleuse et on fut fier de sa petite soeur; on suivit Jacques à la chasse au chevreuil ou au sanglier volant dans les bois de Berlet et dans des salons viennois et, triste de devoir bientôt peller la neige, on ramassa les dernières feuilles mortes comme on cueille des souvenirs, mélancolique mais avec un sourire en coin. 

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30 novembre 2013 : Eglise de Ressudens, Concert de l'Ensemble vocal Chorège (dir. Fabien Volery), avec Monique Volery, soliste et Vincent Perrenoud, organiste (posté le 02/12/2013 à 19:49)

Voix suave pour une éclaircie de plein froid, bougie vacillante au vent de minuit sonné, la joie de Noël entre petit à petit, sans crier gare, sur un petit cheval offert il y a si longtemps, quand on le fabriquait encore en bois et quand on osait encore pleurer qu'on avait besoin d'un "je t'aime" et qu'on ne l'entendait pas. Un air du Messie vient soudain réveiller les coeurs qui s'engourdissaient mais "sleep, sleep, sleep", chuchote-t-on déjà devant l'enfant au berceau qui se balance comme le cheval de jadis. Puis c'est le cri, "Frohlocket, ihr Völker und Erden!"; l'église s'emplit de la gloire du ciel, les vieilles pierres tremblent de bonheur, les alleluia rebondissent sur les âmes. Mais la vague redescend, on ouvre les cadeaux de la sainte nuit, on se brûle les lèvres au bord ébréché d'une tasse de vin chaud, on dépose délicatement les trois rois mages près de la crèche, sous l'étoile magique, on salue, en des accords vibrants, Marie au parfum de rose, on bénit l'action du Paraclet, on parle aux animaux et on entre, timide, la voix éraillée par trop de mélodies, dans la folle danse des Tziganes, feu d'artifice d'un concert où Noël fut approché de partout et où l'hiver fut, l'espace d'un brasier musical, mis entre parenthèses. 

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23 novembre 2013 : Fribourg, Eglise du Collège Saint-Michel, Grand Atelier A coeur Joie Franz Schubert, précédé par l'Ensemble vocal Chorège (dit. Fabien Volery) (posté le 24/11/2013 à 10:58)

Les voûtes rococo de Saint-Michel sont le lieu idéal pour l'inauguration des chemises roses et son acoustique généreuse donne à Sleep l'ampleur de ses riches accords et le mystère de ses songes balbutiants. La joie peut alors y éclater, pour un Noël en avance, une douce nuit au goût de vin chaud et de pain d'épice, un salut vibrant à une madone éclatante. Puis c'est Schubert, l'homme égaré dans la douce, la cruelle, la sublime nature, le mariage du cor et de l'âme, de la harpe et de la voix, de la bergère et du promeneur solitaire. Les lieds, en devenant choeurs, prennent le large, ils s'offrent une puissance nouvelle, ils procurent à l'écouteur pensif un bien-être simple et beau, le sentiment banal et merveilleux d'une harmonie de l'homme et du monde. Le coeur léger ou sombre, le soleil noir vif ou blanc froid, l'eau de la rivière, les moulins à aube, la vieille vielle à roue, une rose qui se dénude à l'automne, une Pastorella qui rappelle au chanteur des moments de grâce polissonne, le couchant sur la mer immense comme une mort enfin acceptée, tout Schubert s'écoule devant nos oreilles charmées et nostalgiques d'un temps où désespérer se faisait avec le sourire. 

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3 novembre 2013 : Corcelles-près-Payerne, Grande Salle, Concert de l'Ensemble d'harmonie de la Broye, Casanova (Dir. Eloi Fellay, Violoncelle solo : Olivier Faller) (posté le 04/11/2013 à 18:45)

Quittons un instant le vent et la pluie d'ici pour le soleil de l'Italie. Croisons, à sa sortie des Plombs ou dans le lit d'une fille conquise, Casanova en habits de violoncelle, tantôt sautillant tantôt sombre, trop peut-être pour la lumière de Venise. La musique de Johann de Meij peint un Casanova aventurier et l'enfonce dans les profondeurs d'un cachot sinistre où l'on entend des boîtes de biscuits qui se tamponnent sans pouvoir piquer au passage un coeur de France. Elle le libère enfin et lui fait courir la gueuse à travers le vaste monde. Le portrait musical est-il réussi? A coup sûr, il s'agit d'une musique bien faite, d'un beau dialogue entre les vents et le violoncelle, mais où est le pied léger de Casanova? Où y trouve-t-on son espièglerie? Où s'amuse-t-il? Ce Casanova-là est hélas passé par le romantisme, l'exaltation trop intérieure des sentiments, le goût du noir. Il lui manque la naïveté d'un siècle où jouir se faisait sans vergogne et sans prise de tête. L'Italie des Vêpres siciliennes, celle d'Ennio Morricone, celle surtout de Nino Rota mêle amoureusement lyrisme et rigolade, scènes poignantes et cirque ambulant, force de Zampano brisant ses chaînes et mélancolie de Gelsomina sur un air de trompette. Elle fait du bien, avant les nécessaires moments funky et jazzy, et avant surtout la nuit sans sommeil de Turandot, d'où il ne manque que Luciano Pavarotti pour que Corcelles se téléporte quelque part plus au chaud entre Piémont, Sicile et Abruzzes. 

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28 septembre 2013 : Fribourg, Equilibre, Catulli Carmina de Karl Orff et Les Noces d'Igor Stravinsky par le Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg (dir. Pascal Mayer) (posté le 29/09/2013 à 12:03)

Les musiques des amours barbares se martèlent sur des percussions obsessionnelles et sur des pianos survoltés. Elles se hurlent en latin, en russe ou en vaudois. Elles s'arrêtent soudain pour murmurer un plaisir échappé des sarcasmes et des frénésies, et elles s'emballent dans des tempi hallucinés. Orff rend Catulle tantôt inquiétant tantôt suave. Il agite follement des mamulae et des peni peniculus et il se love dans des jucundum sussurés et des dormi, dormi, dormi encora faux, parce que le corps, brinquebalé par cette musique excitée qui le secoue, ne peut jamais trouver de repos. Orff pourtant semble bien sage face à la déferlante Stravinsky, face à la mécanique déjantée de ses rythmes, face au sacre de l'amour et de la fête, face à la croix d'argent et face au vieux salaud qui vend sa fille pour un verre de vin, face aux jolis sourcils noirs et face aux tresses tressées d'Anastasie, face à la voix grave et déchirante de la mère qui voit s'en aller son enfant, face à la hache qui claque et aux culottes bien au propre, face enfin à résonance infinie d'un dernier accord qui mime l'éternel harmonie de deux êtres que l'on unit pour toujours. 

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27 juillet 2013 : Surpierre, Grande Salle, concert final du camp de l'EJIB (dir. Emmanuel Violi et Beat Rosenast) (posté le 27/07/2013 à 19:21)

Les petites fées et les lutins à lutrins nous emmènent dans le monde fantastique du camp musical de Bellegarde, et les notes des enfants, après une semaine de travail acharné, se marient à merveille, un peu comme de la mozzarella qu'on emphysique dans des tomates épédonculées avec amour. Bien sûr, quelques balais d'étoiles tombent, mais la musique, enchanteresse, s'envole vers un monde mystérieux, où l'eau fraîche de la cascade se trouble comme par magie et peint les ongles des cuisiniers en vert, et où les trolls et les fées malheureuses se retrouvent amis, comme ceux qui, un beau matin du mois de juillet, sont arrivés juste avec leur instrument et qui repartent avec plein de copains et de mélodies en tête. Dans le monde de fous du camp de Jaun, tout devient possible : les serpents de mer se battent avec des dragons, les saxophones dansent la macarena, les tambours panossent en rythme, le ping-pong se joue avec une raquette de badminton, les yogourts au citron se partagent, la porte de la cuisine se ferme... "Do not disturb... I feel good..."

Mais c'est déjà la fin, et les fanfarons en herbe quittent le vieux chalet certains de se retrouver bientôt les pieds dans les copeaux, la tête dans les étoiles, et le coeur enchâtelé de joie. 

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23 juillet 2013 : Châtel-Saint-Denis, Univers@lle, concert de la fanfare d'école recrues 16-1 (posté le 26/07/2013 à 18:24)

Seule section vraiment utile de l'armée suisse, la fanfare militaire n'a de gris que le costume. Bien sûr, il faut se farcir les monts-quand-le-soleil pompeux, les levées brusques et coincées d'instruments rutilants et quelques gardes-à-vous ridicules, mais on s'y fait, on en vient même à regretter un peu les appels au petit matin sous la pluie, les élastiques de jambes perdues et les gamaches lumineuses, et on écoute, après des marches obligatoires qui ne font pas cinquante kilomètres, des sax malicieux qui se dandinent, des percussions survoltées, des cors des Alpes qui cherchent péniblement à retrouver des bribes de ranz des vaches. Les rythmes ensuite se dessuissent, se désUDCisent, se mondialisent, et le capitaine bourbine maille le derrière avec un déhanché bien peu réglementaire sur des airs mexicains, avant que chaque registre ne fasse sa démo, des tambours sérieux jusqu'aux bassons appliqués. Mais bon, on est quand même à l'armée, messieurs! Et même si en Romandie, c'est toujours la rigole, il faut envoyer une bonne vieille marche qui en foute plein la figure à ce public d'enfants sages qui s'endorment. Voilà donc qu'éclate Marignan : les enfants se réveillent, les éjibiens ne se sentent plus pisser, et les jeunes filles à soldats hystériques poussent des cris orgasmiques. On se quitte alors fier de sa patrie, en chantant tous en choeur et en suisse allemand des airs martiaux qui nous ramènent sereins au chalet, là-haut sur la montagne. 

 

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8 juillet 2013 : Fribourg, Place Georges-Python, concerts de Nicolas Meier, et de Dee Dee Bridgewater et du Ramsey Lewis Quintet (posté le 09/07/2013 à 11:35)

Une guitare d'ici et d'ailleurs, départ pour un mystérieux voyage, entre sons d'Orient et folie d'Extrême-Occident. Nicolas Meier a la pérégrination tranquille ou décalée, un violon, un piano, une clarinette, un violoncelle, un saxophone pour saluer une antique et moderne guitare, sans s'envoler sur un tapis volant, dans une ambiance feutrée qui parfois se stabilobosse. Il berce un public envoûté ou sceptique, puis laisse l'énergie sensuelle, débordante et joyeuse de Dee Dee Bridgewater amadouer une Place Georges-Python sous le charme d'une femme qui donne tout, sa voix sans limite, son corps endiablé qui nargue les soeurs de l'évêché, sa robe de diva jazz qui laisse entrevoir ses jambes musclées, son âme légère et généreuse qui s'envole en scats et vibratos doux ou fous. On en ressort tout drôle, requinqué pour vivre en sautillant d'amour ou de plaisir. 

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