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          | Spectacles

16 mars 2013 : Villarimboud, Salle communale, 40ème anniversaire du Choeur-mixte de Villarimboud (dir. Lucas Francey) (posté le 17/03/2013 à 09:43)

Trio de vaudeville à la campagne pour chanter, et espérer qu'ils repoussent bientôt, les fleurs et les légumes, les jardins et les marchés. Mes personnages s'incarnent fort bien. La Julie si courtisée est belle et bien jolie, son mari est un peu rustre (mais c'est quand même un sacré bon type) et l'amant du placard à balais joue sans pathos le latin lover un brin décontenancé. Rire et aimer, c'est ce que nous retiendrons : rire d'un potiron trop lourd, et aimer le goût du chou de Bruxelles le soir au fond du frigo, rire des batailles de poissons astérixiennes, et aimer les roses et les jolies fromagères, rire d'un petit coco angélique, et aimer à perdre la raison, rire pour se débarrasser des mauvaises herbes, et aimer les douces clarinettes qui veloutent les chants, rire d'un cocu cuit qui radote, et aimer la pensée, le soucis, le charme... Soirée charmante, tendre et polissonne, joyeuse comme l'armailli éternel qui dort en tout chanteur.

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16 mars 2013 : Fribourg, FIFF, Cap Ciné, Endurance (réal. Leslie Woodhead, Bud Greenspan) (posté le 16/03/2013 à 18:44)

Haile Gebreselassie court. Enfant, il court sur la terre aride d'Ethiopie, entre l'école et les moissons, entre deux coups de bâtons, vers les bras d'une mère aimante. Il court vers un rêve, une radio sans piles, des pieds nus, une écharde arrachée, un amour timide, le record olympique. Il court malgré un père borné qui ne comprend pas. Il court. Et il arrive où il voulait. Morale éternelle du sport : partir de rien, arriver ailleurs qu'au nulle part des autres qui restent sur place. Pourtant, ce qui reste du film, c'est autre chose, c'est l'Afrique, la charrue qui balotte l'enfant, l'arbre immense des longs palabres, les couleurs éclatantes d'une religion de rires et de pleurs, le soleil sur les peaux de ceux qui n'ont pas d'autres choix que de rester, la misère des rues encombrées. Si Gebreselassie court, ce n'est pas pour fuir, c'est pour courir, juste pour courir, courir après ses souvenirs, et courir vers l'amour retrouvé d'un père qui comprend enfin qui est le plus têtu des deux.

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2 mars 2013 : Fribourg, Nouveau Monde, Wladimir Anselme et Jérémie Kisling (posté le 03/03/2013 à 11:37)

Une guitare sèche et une voix nue errent entre boxeurs de légende, motels crasseux, villes désertes d'Ukraine et tueurs à gage fatigués. Un monde bucolique et désabusé cisèle des mots et chatouille la cervelle, Wladimir Anselme arrive, l'air de rien, vaporise son univers sombre, et s'en va, timide. Puis Jérémie Kisling se dépatouille avec la technique, et envoie, gracieuses, légèrement comiques ou à peine énervées, des chansons simples, nappées de flûte ou de piano, des mélodies jolies, et des mots bien ficelés. Il ne lui manque que la voix, et l'on se dit, finalement, que l'on aurait préféré entendre ses chansons interprétées par d'autres...

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29 décembre 2012 : Fribourg, Equilibre, Viva la mamma de Gaetano Donizetti (dir. Laurent Gendre) (posté le 30/12/2012 à 11:17)

Crêpages de chignons entre divas et mégères, cet opéra sur l'opéra se déguste avec joie. La prima donna fait l'étalage de sa virtuosité. Le public, le vrai, est sous le charme; elle a ses petits caprices, le public, le faux, s'agace. La seconde voudrait être première. Elle en a le charme. Le talent? Sa maman y croit, mais a-t-elle vraiment bon goût, elle qui (lui qui, en vrai) s'étalle en de longs vibratos saugrenus dans un texte qui fait s'arracher les cheveux au poète romantique (une histoire de sardines, genre "ah qu'est-ce qu'on est serré au fond de cette boîte entre l'huile et les aromates") et dans une musicalité qui désespère le long menton maigre du maestro qui doit tout changer de son spectacle à la dernière minute. Le ténor rouge (je ne reproduirai pas son nom : il est allemand, donc très long) s'est cassé, pas question de duo pour la diva, dont le mari n'est pas à la hauteur, tout va à vau-l'eau, il ne reste plus qu'à fuir, lâchement. Tous les clichés de l'opéra italien sont rassemblés pour mieux y être massacrés, mais ils sont massacrés avec talent. C'est une parodie amoureuse de l'opéra, une pique respectueuse à Rossini, une moquerie gentille d'un monde dont on aime les défauts, un franche rigolade sur soi-même qui fait du bien.

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22 décembre : Payerne, Temple, Concert du Kiwanis (posté le 23/12/2012 à 08:44)

Noël sous toutes les coutures, dans tous les états, magique ou plat, naturel ou clignotant... Sur une plage caraïbe, en bikini rose à pompons, une James Bond girl nous accueille en une fanfare fraîche qui sonne sa jeunesse dynamique, puis nous semons quelques graines de mélancolie dans l'air, Noël étant, malgré les agressions lumineuses et sonores qui souillent la fête de kitsch dégoulinant, une tristesse qui s'égare un instant dans l'espoir, un enfant qui nous dit : "Viens, suis-moi!", un sanglot que l'on ravale pour un monde plus paisible. Les enfants qui chantent Noël, parfois faux, souvent en tournicotant, toujours avec force et simplicité, sont ce que la magie de ce temps égaré peut offrir de plus sincère, de plus vrai, de plus souriant. Puis débarque le Noël que l'on voit partout, dégradé par les bons sentiments benets et par le mauvais goût le plus crasse, Céline Dion ou Johnny Hallyday qui beuglent des mots en "ence" (espérance, indifférence, indolence, tolérance...), des modulations latines qui flattent l'oreille comme une craie qui remonte un tableau noir, une main sur l'épaule pour simuler la fraternité et des cheveux rougeâtres pour bien montrer la joie est artificilelle. Un "douce nuit" aux paroles aplaties vient clore ce concert qui montre que Noël mélange la nuit et l'étoile, la souffrance et la chance (vive les mots en "ance"...), la beauté la plus pure et la laideur la plus mielleuse, le sacré et le sucré.

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21 décembre 2012 : Château de Montagny-la-Ville, Audition des éleves de la Concorde de Montagny-Cousset (posté le 21/12/2012 à 23:49)

Quitte à vivre la fin du monde, autant que ce soit en musique... Celle de ce soir n'a cependant rien d'apocalyptique. Des flûtes fluettes et follettes folâtrent avec élégance pour nous déposer au pied du sapin illuminé, un soir de Noël, jadis ou demain. Une trompette nous mène en bâteau sur un océan calme. Pas même un petit tsunami, histoire de finir en beauté... Trombones et tuba s'harmonisent alors qu'on annonçait le chaos. La petite concorde rappelle une belle qui tient ma vie captive dans ses yeux. M'emmènera-t-elle en soucoupe volante vers un paradis où coulent des rivières de miel et de vin blanc ou sur une peau de bête devant la cheminée du château? Non... Juste une mélodie, un peu de mélancolie, toujours pas de fin du monde... Le petit papa Noël distribue les cadeaux, quelques croches staccato pour le clarinettiste en manque de souffle, un coup de gong pour le batteur, un sourire espiègle pour les trombonistes, un bis pour l'ensemble. Va-t-elle enfin arriver, celle que le monde entier attend? A point nommé, elle entre, juste au moment prévu de toute éternité, sous les vivats de la foule. La fin du monde? Non, la prof de clarinette. Ses élèves, des petites mignonnes à croquer qui respirent ensemble la joie de jouer jusqu'aux grands gamins qui laissent s'envoler vers les abîmes qui s'ouvrent sous nos pieds leurs précieuses partitions, mettent un point final à ce monde cruel. Un nouveau monde est né, un monde où tout n'est que musique, où les guerres se font à coup de dissonances vite résolues et où règne enfin l'harmonie.

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9 décembre 2012 : Eglise de Corcelles-près-Payerne, Concert de l'Avent de l'Ensemble vocal Chorège (dir. Fabien Volery) (posté le 11/12/2012 à 12:14)

Ma fatigue et des baffouilles de basses font du début du concert un léger chaos. Pan pan patapan, aïe, pan, la jambe et les paroles refonctionnent dès Saboly. L'émotion peut jaillir, comme l'enfant de Noël, un instant, fugace, quand vole une aile égarée vers un ciel auquel elle essaie de croire. On raconte toujours la même histoire, si jolie et si attendrissante en ces temps sombres, ce petit bébé au pied des animaux, les mages d'Orient qu'une étoile guide, le manteau de Marie accroché dans la crèche, Saint Joseph, pour faire un lit à ce petit, qui ramasse avec grand soin un peu de foin, les bergers lassés des vains bruits de la vallée, les anges de nos campagnes. Tout ceci n'est-il que du vent? Va le vent, va le vent, va le vent qui s'en vint sans crier gare... La petite suite de Noël des Jean-François (Haas et Michel) semble le craindre, dans la simplicité d'un coeur qui rêve et d'un "j'ai besoin d'un je t'aime et je ne l'entends pas". Mais la magie de Noël se niche dans les détails, dans un sourire ou dans un vin chaud, loin des Pères Noëls qui clignottent et des horreurs aveuglantes que nos magasins d'ordures nous refourguent pour agresser la nuit hivernale. Elle est un grand mystère, une suite d'accords à la Francis Poulenc, limpides et surprenants, pas toujours justes, retombant sur leurs pattes, comme les chats, puissants et doux, dont les yeux retrouvent leurs miroirs. Elle est aussi un feu qui se meure et qui renaît dans une danse hallucinée, un solo dont ma soeur me dit qu'il est parfait (le compliment est exagéré mais il touche), une fête tzigane quand on ne cesse de vilipander les gens du voyage, nos rois mages modernes, et le miroir des yeux d'un autre Francis qui se trouble. Le monde est paisible ce soir, il chante.

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8 décembre 2012 : Fribourg, Equilibre, Concert de la Landwehr de Fribourg (dir. Isabelle Ruf-Weber) (posté le 09/12/2012 à 10:46)

Rapide retour dans une Afrique vue d'ici, un peu coloniale, percussive et raide, pour entamer une soirée qui tourbillonera à foison. Un piano kitchounet mélancolise un peu l'âme, des pirates attaquent, et la Jeune Garde se défend bien. Puis l'atmosphère s'enveloppe de mystère, des voix graves (des fa dièses, m'a-t-on dit, mais peut-être confond-je...) enveloppent d'un Stabat Mater sombre, nouvel écho d'Afrique, les montagnes du beau Valais, grimpées puis dévallées en torrents et en cascades. Le second piano se fait plus violent que le premier, dans une sauvagerie parfois apaisée, un sacre de l'hiver entre tempête, blanc manteau de silence et mission impossible. Mais laissons, après la déferlante tendue, le monde se relever et sentir sous ses pieds le chatouillement du dibouk. La frénésie des danses de Roumanie, sifflantes et tapantes, hurlantes et trépidantes, met du baume au coeur... Puis, étrangement, la bacchanale semble trop sage, mélange de valses de salon, séduction de grosses ficelles de soie, et de fais-moi du couscous chérie. Mais soudain, après la danse du ventre, celle du corps entier, habité, sensuel et heureux vient frapper de plein fouet le spectateur bien assis qui ne bouge qu'à l'intérieur, mais qui bouillonne et virevolte dans tous les sens. Tout commence par un solo délicieusement tendre de ma clarinettiste préférée, puis les rythmes chaloupés et fougueux alternent pour me fendre l'âme comme seule la musique le peut. Sans transition, l'Amérique du Sud s'envole pour me déposer dans une noce juive où, toujours magiques, les clarinettes (que j'aime cet instrument, et comme j'aimerais jouer comme celles-ci!) se font plaisir. Les doigts gambadent sur les instruments qui jubilent. Le mariage sera heureux. L'oreille est au paradis. Elle se délecte encore d'un peu d'Espagne et de Puerto Rico puis s'en va, comblée et mélancolique comme après un retour d'Afrique.

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1er décembre 2012 : Temple de Ressudens, Concert de l'Avent de l'Ensemble vocal Chorège (dir. Fabien Volery) avec la Chanson des Ham(m)eaux (dir. Jean-Marc Pillonnel) (posté le 02/12/2012 à 11:35)

L'entrée dans le joli temps de Noël se fait traditionnellement dans le temple magique de Ressudens, sous le sapin illuminé, avec les agneaux, les bergers et la Chanson des Hameaux qui distille proverbes météorologiques, neige en novembre, Noël en décembre, mélodies juives et autrichiennes, plaisir de chanter et clochettes frétillantes. Soudain tombe la nuit. Des enfants. Un sapin. Une histoire d'étoiles d'araignées, d'ange et de paillettes. Noël sous le sapin, comme jadis. C'est toujours dans la pénombre que la dame berce amoureusement son enfant et que la jambe nous fait mal. Tout à coup, la lumière fut. Le petit cheval galope, les rois offrent le nard d'Arabie, le grand mystère ne s'effondre pas. Mais la nuit revient et avec elle, la torpeur des gouffres ténébreux et la bête assoiffée du sang des pauvres hommes (quel morbide individu que celui qui a écrit un texte pareil pour un chant de Noël!). Rassurez-vous : ce n'était qu'un cauchemar. Les clochettes sonnent à nouveau et, après un relent du mal de jambe quand elle tremble pendant le solo, c'est la fête des tziganes et c'est la danse hallucinée. Retour sous le sapin de jadis, le Noël des bergers, la voix de marraine dans le souvenir ému du temps béni de mon enfance, et la ferveur des anges, dans nos campagnes qui chantent, encore et toujours, même au plus profond de la nuit hivernale.  

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30 novembre 2012 : Avenches, Théâtre, Audition des élèves de Margot Corminboeuf (posté le 30/11/2012 à 23:15)

Grande première pour quelques bambins pas le moins du monde impressionnés : ils soufflent leurs notes approximatives puis font, gracieux ou secs, la révérence, comme s'ils étaient nés sur scène. Les flûtes douces se font parfois un peu dures  et les petites clarinettes sifflottent légèrement, puis les plus costauds entrent en piste, beaucoup plus craintifs. Une petite tape du pied, une autre fait du houla-hop en tournant sa valse tourbillonnante, un grand dadet fracasse son lutrin avant de bercer calmement les enfants qui papotent. Entre tensions nerveuses, mystères et tricots de notes en ribambelle, les clarinettes se rassemblent dans la joie de leur si beau son, tendre et vif, brume et soleil, sourire et mélancolie. Le piano, humblement, souligne les trouvailles et cache les misères. On attend la tourneuse de page. Elle se laisse désirer, puis, dans l'apothéose d'un final romantique, elle transforme le bois de son instrument en romance, en douces caresses aux oreilles comblées et en rêve devenu réalité.

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