meslectures

          | Ma musique

Ecrire sur et à partir de la musique a-t-il un sens? Souvent, il semble que la musique se suffit à elle-même, mais je ne peux m'empêcher de lui donner des mots, de la décrire ou de l'interpréter, de me souvenir des cadeaux qu'elle m'a offerts, des émotions qu'elle m'a procurées et du silence qui s'est brisé grâce à elle. 

J'écrirai donc, au hasard de mes musiques, ce qu'elles m'inspirent. 

Antonin Dvorak, Dance Slave n°6, moderato, quasi minuetto, op.72, par l'orchestre de Cleveland, sous la direction de George Szell (posté le 27/12/2014 à 09:58)

Certains jours, même les musiques les plus légères semblent tristes. On voudrait bien danser, mais on ne peut pas. Il neige, même si tout sautille, même si ces trilles de flûtes et ces mélodies simples des violons sont à l'évidence printanières. La mort rôde, malgré la vivacité des clarinettes et le plaisir des cors, parce que dans un hôpital… Dvorak pourtant aide à croire que la vie va gagner et que la légèreté du chant d'un paysan est toujours la plus solide des espérances. 

Commentaires

Amalia Rodrigues, Cuidado Coraçao (posté le 23/12/2014 à 18:53)

Le Portugal est une île. Il s'éloigne lentement des terres trop sèches. Il se noie dans ses souvenirs. Il invente Amalia Rodrigues. 

Commentaires

Les Quatre Barbus, Le Männerchor de Steffisburg (posté le 23/12/2014 à 10:03)

S'il est une tradition welche qui fait l'unanimité, c'est bien celle qui consiste à se foutre de la poire des bourbines. Gilles déjà, en son temps reculé, s'était laissé aller à quelques moqueries qui nous réchauffent le coeur écrasé sous le déferlement des aboiements staufifres. 

Imaginez la scène : les drapeaux qui volent, les fouets qui claquent, les vaches qui beuglent, la sciure, le cor des Alpes (y a-t-il plus sciure que le cor des Alpes?), les saucisses de Saint-Gall trop grillées, le discours de Christoph Blocher et de ses sbires puis, après la marche "Bundesrat Gnägi", l'entrée solennelle du Männerchor de Steffisburg qui hurle "ja ds'oberland, ja s'oberland, s'bärneroberland isch schön" avant de chuchoter "du fragsch was i möcht singe" la larme à l'oeil. Voici l'image idyllique d'une Suisse qui se regarde le nombril, certaine d'être protégée par les trous qu'elle a creusés dans ses montagnes vierges de toute invasion étrangère et par ses coffre-forts beaucoup plus accueillants. 

Le seul problème, c'est qu'on oublie qu'en Suisse, il y a aussi des gens qui causent français et qui ne se pissent pas dessus à la vue du roi de la lutte (pire, ils ignorent jusqu'à son nom) et à l'idée de s'empiffrer de röstis aux pommes et au fromage. Bref, il y a aussi des Gilles qui regardent nos belles traditions (qui ne sont pas tout à fait les nôtres) avec circonspection et ironie. En ces temps où le hérisson se remet en boule, il est salutaire de lui rappeler que ses piquants ne sont que folklore et qu'il ferait erreur en se prenant trop au sérieux. 

Commentaires

Sacloret, Le stratagème (posté le 22/12/2014 à 17:42)

Reprenons là où les avions laissés les conseils drague du professeur Sarcloret et constatons d'abord l'échec de la procédure présentée en préambule à cette série de conférences (cf "L'amour, comment procéder", ci-dessous) qui ne manquera pas de porter ses fruits en temps voulu.

Trois stratégies nous sont présentées dans le présent ouvrage afin d'atteindre l'objectif que nous sommes fixé au préalable et qu'il n'est pas nécessaire ici de préciser une nouvelle fois: 

  1. "La bouffe pantagruélique dans un endroit très romantique" : l'inconvénient tient dans l'abus d'alcool et de graisses saturées. Il peut certes sembler agréable de roter à deux ses escargots, mais dès qu'il s'agit de songer à plus d'intimité, le repas pèse sur l'estomac et ôte à la bagatelle tout intérêt. Il vaut donc mieux renoncer à cette solution fort boiteuse.
  2. "Le concert de musique pop" : Sarcloret, pour nous encourager, affirme (je cite) que "c'est souvent comme ça qu'on les chope" (sic). Attention cependant à deux écueils à éviter à tout prix : la fumette et la fatigue, qui empêchent tout déploiement de la chose. Il n'est pas nécessaire de préciser que sans la chose, l'objectif s'éloigne de manière exponentielle. 
  3. "Un film un peu politique, très très beau et un peu tragique" : la dose de tragédie doit cependant rester raisonnable. Dans le cas contraire, il est fort probable que les poches sous les yeux de votre proie leur enlève toute séduction et qu'une fois de plus, vous vous voyiez dans l'obligation de reconnaitre que vous avez (je recite) "changé de slip pour des prunes" (resic). 

Au cas - que l'on ne peut malheureusement pas exclure - où aucune de ces trois stratégies ne fonctionne pour vous, nous vous conseillons de méditer cet aphorisme certes un peu dérangeant, mais dont on ne peut nier la perspicacité : "J'aime mieux un bon poulet chasseur que tirer des coups pour du beurre". 

La semaine prochaine, nous vous proposerons donc la recette du plat cité ci-dessus. Cela vous éloignera peut-être de votre objectif mais il nous semble judicieux de reconsidérer le but de ce cours. Il semble en effet que vous ayez eu les yeux plus gros que le ventre. 

Commentaires

Joseph Bovet, Laudate Dominum, par le Choeur des Armaillis de la Gruyère, sous la direction de Michel Corpataux (posté le 22/12/2014 à 13:58)

L'abbé Bovet, les Armaillis, la verte Gruyère, décor pittoresque pour nostalgiques d'un passé fantasmé? Antichambre de l'UDC? Folklore grippé qui s'acharne à survivre entre les grues, qui à Bulle aujourd'hui ne sont plus des oiseaux? La chaleur des voix, le calme de l'harmonie, la douceur d'une prière confiante, la mélodieuse simplicité d'un plaisir de tous les jours, balaient toutes les critiques. Bovet, malgré le temps qui passe, reste l'âme du pays de Fribourg, le coin de terre vers lequel on revient sans cesse pour ne pas oublier qui l'on est, le socle solide d'une identité sereine. Tout cela n'est-il que du vent? Un silence inespéré au coeur du vacarme? Une brève respiration entre deux courses éreintantes? Oui, et c'est pour cela que l'abbé Bovet est aujourd'hui plus précieux que jamais. 

Commentaires

Jimi Hendricks, Manic Depression (posté le 21/12/2014 à 17:26)

C'est comme si le coeur battait en syncope sur des bidons d'huile. Puis ça dit, sans stopper l'oppression percussive, music sweet music, en souvenir d'un temps où ça ne saturait pas, un temps d'avant la dépression, un temps où le mot kiss ne se confondait pas encore avec le mot kill. La guitare, d'abord grave, soudain se fâche et hurle son plaisir sadique d'assassine électrifiée. A côté, ça ne cesse de roiller sur les plastiques qui encombrent l'anarchie stressée d'une génération qui se complait dans la boue polluée des festivals décapités. Jimi s'éclate et éclate les oreilles bourrées des hordes nostalgiques d'une époque sans foi ni loi qui prenait son pied dans sa propre décapitation.  

Commentaires

Carl Orff, "Nulli se dixit muflier mea nubere malle" des Catulli Carmina, par le choeur et l'orchestre symphonique de la radio de Cologne, sous la direction de Ferdinand Leitner (posté le 21/12/2014 à 17:05)

Le paon bombe le torse. Il se prend pour Jupiter à l'assaut. Il étale à la face du monde son bel organe lapé par les jappements hallucinés des polissonnes emberlificotées qui se pâment à ses pieds. Les vieux rigolent à pleines tripes et répètent un "Quoi, Micky?" qui me donne des envies de rosé. Puis, sérieux comme des papes défroqués, ils hurlent "Amanti" et se remettent à rire, la mémoire avinée tentant vainement de se souvenir comment c'était. C'était pas mal, finissent-ils par admettre, un peu pompettes. 

Commentaires

Léo Ferré, Sérénade, poème de Paul Verlaine (posté le 18/12/2014 à 21:59)

"Comme la voix d'un mort qui chanterait du fond de sa fosse", Léo Ferré, cadavre chevelu, ressuscite les mots de Verlaine, cadavre aviné qui joua jadis sa vie sur le danger des mots vespéraux. Cruelle et câline, la voix grésille et vibre. Aigre et fausse, elle dit le baiser envolé d'une lèvre rouge d'il y a trop longtemps. Le soir se fond dans une nuit qui ne trouve pas le repos au creux de l'insomnie. Des restes de mandolines pleurent toujours à en râle-mourir. D'autre poètes disparus reviendront hanter nos nuits qui n'en finiront pas de fuir les ombres d'un matin qui jamais ne renaîtra. La voix de Léo Ferré, celle de Verlaine, celle d'Apollinaire, celle de tous les aimés que la vie exila, ne se taira pour toujours qu'à moitié. 

Commentaires

Sarcloret, Nicole (posté le 14/12/2014 à 14:16)

Il est des chansons qu'il ne faudrait pas écouter par un dimanche après-midi grisâtre et solitaire comme celui-ci, des accordéons tristes qu'il faudrait emmuseter, des "coincés contre la mort" qui en rajoutent une couche, des bouteilles qui s'inclinent vers une gueule de bois infiniment monotone. Le temps passe. Hier, Nicole a dansé dans sa cuisine. Aujourd'hui… 

Commentaires

Julos Beaucarne, Antoinette et moi (posté le 13/12/2014 à 13:37)

Comptine érotique pour les enfants, cette chansonnette est un délice. Les amours naïves déjà sont tentées. Il faudrait grandir trop vite. Les petits corps déjà s'étirent, et s'attirent. Satyres? Il faudrait pousser le bouchon un peu trop loin. Se mettre nus? Tiens, on n'est pas pareils… Demain, nous serons amants. Nous jouerons de la clarinette basse et du piccolo. Nous saurons que nous ne mourrons pas. 

Commentaires

Page PrécédentePage suivante

   

Supprimer les publicités sur ce site pendant 1 an


Tous droits réservés