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          | Philosophie

18 octobre 2011 : Arthur Schopenhauer, Métaphysique de l'amour, Métaphysique de la mort (posté le 18/10/2011 à 17:37)

Le primat de l'espèce sur l'individu explique les contradictions de l'être humain. L'amour n'est autre que la ruse de notre être en tant qu'espèce pour que l'individu subsiste à travers ses enfants. Nous n'aimons qu'en fonction d'un instinct entièrement tourné vers la reproduction, mais nous croyons que nous ne sommes tournés que vers la volupté, le plaisir, la satisfaction pourtant toujours décevante d'une volonté de jouir. Schopenhauer, par cette idée, croit donner la clé du mystère de la passion amoureuse. Convaincant ? Si l'on suit les fondements de sa philosophie, sans doute oui. Quels sont-ils ? "Le monde comme volonté et comme représentation" : la volonté est un vouloir-vivre, qui est subjectif, sans accès à l'intellect, c'est-à-dire à la représentation du monde, qui a pour but d'objectiviser celui-ci. Là, ça se complique... Essayons quand même de comprendre. L'espèce veut vivre et a donc peur de la mort. Elle seule pourtant ne meurt pas parce que l'homme en tant qu'espèce ne meurt pas (ce que l'on pourrait sans doute contester) et, grâce ou à cause de l'amour, vit éternellement. L'individu veut comprendre. Sa conscience donne donc naissance au monde, qui n'est qu'un phénomène, tout comme l'est l'individu. Ceux-ci, le monde et l'individu, sont donc mortels, mais ce n'est qu'accessoire, puisque l'être véritable, celui de l'espèce, de la volonté, de l'instinct demeure dans l'Idée sans cesse réactualisée de l'homme, Idée immuable et éternelle, donc impérissable. Que penser de tout cela ? Il y a quelque chose de limpide dans la pensée de Schopenhauer, et aussi quelque chose d'absolument insaisissable. J'avoue m'y être un peu perdu.

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13 octobre 2011 : Arthur Schopenhauer, Essai sur les femmes (posté le 13/10/2011 à 18:53)

En pleine ère du féministement correct, lire un texte aussi mysogine, il faut avouer, en toute perfidie, que cela fait plaisir. Certes, cette pensée ne correspond en rien aux femmes libérées de notre temps, et essentialise ou naturalise beaucoup trop la femme en faisant d'elle un être dénoué d'intelligence, ou, pour être plus crédible sans être moins vache, dont l'intelligence ne sert qu'à mentir à l'homme afin qu'elle puisse le séduire et jouer ainsi son seul rôle véritable, celui de la continuation de l'espèce. Certes, Schopenhauer force un peu le trait lorsqu'il évoque la concurence jalouse des femmes entre elles, dans le but perfide de forcer les hommes au mariage alors qu'ils sont, par nature, polygames. Mais en cassant le mythe de la dame de toute vertu et l'illusion de la beauté de ce qui n'est qu'instinct, il donne à réfléchir, et il aboutit, terrible, à une pensée sombre, qui explique peut-être sa démolition en règle de la femme. Le plus grand malheur pour un homme, pense Schopenhauer, c'est de naître; et ce sont les femmes qui donnent la vie...

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9 octobre 2011 : René Descartes, Discours de la méthode (posté le 09/10/2011 à 15:30)

Suis-je cartésien? Oui et non, sans doute, comme souvent. La méthode séduit : n'admettre comme base de pensée que ce dont on est absolument sûr, que ce qui est prouvé sans être la conséquence de quoi que ce soit d'autre. Bien sûr, le risque, c'est le scepticisme, parce que rien, peut-être, n'est absolument sûr. Descartes a une certitude : "Je pense". Il en déduit l'être : "Je suis". Pourquoi ce primat de l'âme sur le corps ? Pourquoi pas "je sens, donc je suis" ? Si je sens, c'est que je pense que je sens. Tout, selon Descartes, doit passer par la raison pour que je puisse affirmer que cela est. Cette confiance absolue dans la raison ne me convainc pas. Il me semble (et ce "sembler" est déjà non cartésien) que la raison n'est qu'une dimension, qu'un aspect de notre pensée et de notre être, que l'imbrication du corps et de l'esprit, reconnue par Descartes, ne hiérarchise pas grand chose. La méthode de Descartes, si elle semble (toujours "sembler"...) marcher dans les sciences pures, et est en cela une révolution de notre rapport au monde, ne donne, en philosophie, rien de si solide qu'on ne puisse le remettre en question. Sa preuve de l'existence de Dieu nie la capacité d'invention de l'esprit humain, et je ne sais toujours pas si Dieu est. Je passe peut-être à côté de cette philosophie et, à tout bien réfléchir, je ne suis sans doute pas cartésien.

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5 septembre 2011 : Paul Lafargue, Le droit à la paresse (posté le 05/09/2011 à 19:07)

Lecture idéale pour la rentrée ? Peut-être, même s'il m'a fallu, cet après-midi même, dénier ce droit si précieux à quelques élèves encore en week-end... Le propos de ce bouquin est intéressant, car il sonne encore comme une provocation face à l'idéologie dominante, celle du travailler plus pour gagner plus et du calcul du mérite en fonction des heures passées à bosser. Certes la rhétorique prolétarienne du beau-fils de Marx semble un peu dépassée, mais sa critique de la surproduction, de l'allongement non nécessaire des horaires de travail, des bienfaits supposés du boulot constant, me séduit. Il prône un maximum de trois heures de travail par jour et prétend que cela est possible, étant donné la machinisation, et surtout, et c'est là que j'abonde dans son sens, que c'est ainsi qu'on rendra l'homme épanoui. L'oisiveté, la glandouille, les grandes ripailles, les bénichons, les recrotzons, les bals des pèdzes, un peu de lecture, un peu de musique, un pique-nique, des grillades, un après-midi à la piscine, un peu de surf sur la vague Internet, une sieste crapuleuse, n'est-ce pas plus bénéfique qu'une journée à corriger les réponses critiques de mes élèves que, cet après-midi, j'aurais mieux fait de soulager, en les laissant faire la sieste qui manifestement les attirait irrésistiblement.

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26 août 2011 : Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du Parit communiste (posté le 26/08/2011 à 18:27)

Que peut-on conserver de la pensée communiste après l'échec plus qu'évident des régimes politiques et économiques qui ont tenté de l'incarner ? Pas grand chose. La lutte des classes, qui est le fondement de la description de la société par Marx et Engels, a abouti à la dictature du prolétariat, parce qu'elle est un appel haineux à la destruction violente d'une partie de la population. Si forcément la bourgeoisie et le prolétariat sont en lutte, alors le goulag est inévitable. Néanmoins, la description de la société capitaliste du dix-neuvième siècle par les marxiste est assez juste, et l'on se dit à plusieurs reprises en cours de lecture qu'elle demeure juste au vingt-et-unième siècle. Les moyens proposés pour lutter contre l'exploitation des petits par les grands (une révolution violente qui donne le pouvoir au prolétariat, et qui abolit la propriété privée) ne fonctionne pas du tout : si je n'ai aucun intérêt privé à travailler pour mon propre compte, je vais préférer ne pas faire grand chose. C'est ce qui s'est passé. Encore une petite remarque. La pensée marxiste suppose un schéma historique toujours identique : la bourgeoisie renverse les systèmes féodaux anciens et seulement ensuite, le prolétariat renverse la bourgeoisie. Or, ce sont dans des pays où il n'y avait pas vraiment eu de révolution bourgeoise que le communisme a réussi à s'implanter, prouvant paradoxalement que le théorie communiste de l'histoire est fausse. Bref, il faut inventer autre chose que le communiste si l'on créer pour demain des lendemains qui chantent.

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7 août 2011 : Gottfried Wilhelm Leibniz, Principes de la Nature et de la Grâce, Monadologie et autres textes, 1703-1716 (posté le 07/08/2011 à 09:15)

Dieu a choisi librement de créer le meilleur des mondes possibles. Postulat de départ contestable : qu'est-ce que Dieu ? qu'est-ce le meilleur ? un autre monde (à l'instar des altermondialistes...) est-il possible ? Intéressons-nous cependant aux conséquences, un peu vrac, mon esprit n'ayant pas la rigueur logique de Leibniz. Dieu a donc choisi un monde parmi une infinité de mondes possible. Son critère de choix est le "meilleur", c'est donc un critère moral. Qu'implique ceci ? A la fois que le monde dans lequel nous vivons est contingent, et non pas nécessaire, et que ce monde est déterminé, choisi dans sa totalité par Dieu, qui, parce qu'il est Dieu, sait tout sur ce monde, son évolution, les substances qui le composent et ce qu'elles feront à tel ou tel moment. Un monde donc sans liberté ? Pour Leibniz, non. Nous demeurons libres même si le résultat de notre choix est prévu par Dieu. En effet, il n'aurait pas été contradictoire (c'est-à-dire impossible) que notre choix soit autre, même si ce choix est déterminé dans ce monde. La liberté est peut-être une illusion, mais les choix que nous faisons, c'est quand même nous qui les faisons. J'avoue que ce point m'échappe un peu. Leibniz réussit-il vraiment à sauver la liberté ? Quelques mots encore sur les Monades, ces substances-miroirs que nous sommes. Chaque substance, chaque être contient ses relations avec la totalité du monde, il reflète l'harmonie préétablie par Dieu, cette harmonie qui fait que les âmes et les corps, tout en étant séparés sont joints de telle sorte qu'ils n'agissent pas les uns sans les autres, mais là aussi, je reste dans le flou. Quelle est la nature de cette jointure? Pourquoi Leibniz affirme-t-il que l'âme est éternelle tout en la liant au corps ? Bref, malgré la relative clarté des réponses, bien des questions sont soulevées par un système convaincant pour une époque qui n'est plus la nôtre.

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10 juin 2011 : Paul Valéry, le Bilan de l'intelligence (posté le 10/06/2011 à 16:58)

Bilan de 1935, mais que notre monde en accélération continue peut et doit encore méditer... Nous avons perdu le sens de la durée, bombardés que nous sommes sans cesse par tout, n'importe quoi et leurs contraires. La transition sentie par Valéry semble perpétuelle. Plus rien n'est stable. Tout bouge. La modernité vibre, fuit, court, s'effiloche, bâtit des chateaux de sable. Et l'intelligence? Elle subit. Certes les neurones sont excitées et les connexions se font et se défont à tire-larigot, mais la pensée, le lent travail d'élaboration d'un système d'explication du monde, fonctionne à vide. Nous croyons penser mais c'est l'air du temps qui cause dans notre cerveau. Lutter contre ce vide par l'éducation ? Oui, mais sans que le but unique de celle-ci soit le diplôme, ennemi mortel de toute vraie culture... Mais cessons là ce commentaire lui-même dans l'air du temps : il faut que je corrige les examens de mes élèves...

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5 janvier 2011 : Emmanuel Levinas, Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme, suivi d'un essai de Miguel Abensour (posté le 05/01/2011 à 09:21)

"Philosophie" et "Hitler", sont-ce vraiment deux mots que l'on peut relier ? Levinas ose le lien et montre quelle est est la rupture essentielle entre l'hitlérisme au pouvoir (le texte date de 1934 et pressent tout) et tout le reste de la philosophie occidentale. Quelle est-elle donc, cette rupture ? L'hitlérisme serait l'acceptation du corps biologique en tant que seul élément de l'identité. Je ne suis que corps et c'est bien comme ça. Si je ne suis que corps, je suis rivé à celui-ci, j'y suis enchaîné, je n'ai aucune liberté sinon celle de me soumettre à ce qui est écrit dans mon sang et de me débarasser de ce qui lui nuit. L'essai qui suit permet de comprendre cette rupture face au christianisme et au libéralisme. Il montre aussi que Levinas écrit en réaction à Heidegger, grand philosophe rallié au nazisme. Les passages sur celui-ci demeure néanmoins obscurs pour moi... Allons plus loin dans la réflexion, en suivant Abensour. Ce qui ne pose pas problème aux nazis, c'est l'être. Ils sont dans la complète acceptation, sans la moindre révolte, de leur être, réduit à leur corps, alors que Levinas pense que l'être est un souci, un problème, que l'enchaînement, le fait d'être un être et pas un autre, suscite la nécessité d'une évasion, contraire même de l'enchaînement hitlérien. Je suis prisonnier de mon être, pour Hitler et pour Levinas. Mais pour Hitler, je dois m'y soumettre sans me poser de questions, et pour Levinas, je dois me révolter et m'évader parce qu'être est intenable. Réflexion passionnante, à creuser...

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1er janvier 2011 : Aristote, la Métaphysique (posté le 01/01/2011 à 17:08)

Le livre fondateur de la tradition philosophie occidentale demeure bien obscur. Que cherche-t-il ? Ce qu'est l'être en tant qu'être. Vaste programme réalisé sous toutes les coutures durant cinq cents pages. Que retenir, à défaut de vraiment comprendre ? La notion de substance. L'être est substance. Il n'est pas séparé des choses. Les principes ne sont pas extérieurs aux êtres en actes. Platon au tapis : la théorie des idées est balayée, parce qu'elle dédouble tout, qu'il n'est pas nécessaire que le principe soit ailleurs qu'en substance. Bien d'autres principes me sont sans doute passés sous le nez, dans la complexité et la distance historique des propos aristotéliciens. Il me manque, à moi le non-philosophe, le concret, le tactile, le sensuel, le littéraire et l'historique, pour ne pas passer un peu ou beaucoup à côté d'un momument trop impressionnant de la pensée pure.

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13 mai 2010 : Lucien Jaume, Qu'est-ce que l'esprit européen? (posté le 13/05/2010 à 19:47)

Réflexion politique et sociale sur la pensée européenne, cet petit livre essaie de montrer d'où vient notre vision du monde, démocratique, libérale et juridique. Il montre, à travers l'histoire, comment l'individu, puis la société, se sont constitués en moteurs essentiels de la légitimité politique. Le roi qui met de l'ordre dans la guerre des loups perd du poids à mesure que l'on se rend compte (peut-être d'ailleurs est-ce faux...) que l'intérêt des uns correspond à l'intérêt des autres, que faire mon bien, c'est (quelle chance!) faire aussi le bien des autres, et que la société peut fonctionner grâce à l'amour-propre de chacun, grâce à une sorte d'égoïsme intelligent. Il montre que l'individu et l'opinion publique sont les juges de la conformité des lois votées par leurs représentants avec une loi naturelle (divine?) vécue par tous, et que le peuple a donc le droit de se révolter contre l'ordre établi quand celui-ci viole les principes pour lesquels il a été établi. Bref, il décrit ce que nous croyons être une démocratie qui fonctionne. Y a-t-il un modèle alternatif à celui-ci, quand l'opinion, comme il semble que ce soit parfois le cas aujourd'hui, devient tyrannique, quand la majorité se trompe, en niant les principes qui sont à la base de notre société? Je ne sais pas...

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