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| Roman
10 avril 2012 : San-Antonio, Du plomb dans les tripes (posté le 10/04/2012 à 15:52) |
Revoilà San-A James Bond à la française, moins classieux que le Brittish, plus grande gueule, espion en pleine guerre, qui s'échappe à l'aide d'un couteau offert par une nénette, plus ou moins faussement gentille et évidemment salope au possible, d'un répère de la Gestapo, pour partir à la recherche d'une arme révolutionnaire qui n'en est pas vraiment une. Cadavres qui pleuvent, évasions spectaculaire, partie de jambes en l'air (une seule...), trahisons et tortures, le plat est servi chaud, assaisonnée de métaphores de derrière les fagots pour un joli petit plaisir de lecture. | |
3 avril 2012 : San-Antonio, Mes hommages à la donzelle (posté le 06/04/2012 à 13:17) |
Le San-Antonio du début, encore hésitant dans le délire verbale et la gaudriole, sait déjà surprendre son lecteur par d'abracadabrantesques retournements de situation, par des cadavres à tire-lariguot et par un style déjà (mais pas assez) jouissif. Le nid d'espion est défait. La méchante mignonne attendrit l'homme San-A et rebute (bien sûr, elle ne le bute pas même une seule fois) le policier. Une esquisse de Bérurier, nommé Bouboule, cogneur éléphantesque, apparaît, puis disparaît, cadavre de plus dans l'hécatombe. On attend encore le génie. | |
27 mars 2012 : Curzio Malaparte, La peau (posté le 31/03/2012 à 14:48) |
La plongée dans le corps de la guerre est vertigineuse. Les peaux s'entassent, les morts et les vivants s'amoncèlent. Naples grouille. Dans le chaos d'une fin de guerre qui n'est qu'une presque-libération, Malaparte éclaire de mots crus l'horreur familière et les chairs torturées, les enfants que l'on vend, les petites filles servies sur un plateau d'argent, les christs en croix qui crachent sur la lâcheté d'un homme perdu, les héros pédérastes qui acouchent de statuettes, les femmes qui exhibent aux doigts vainqueurs de fausses touffes blondes, les peaux écrasées qui deviennent étendards; il radote la guerre et la fantasme; la foule se fait grande dame, monstre et putain; le vent noir pousse au silence et à la mort; les vieux rites renaissent, désespérés et sublimes, dans les cendres d'une éruption du Vésuve, retour sans fin d'un enfer de Dante sur la terre des vivants qui, parce les morts sont trop nombreux, n'ont gagné la guerre que provisoirement. | |
4 décembre 2011 : San Antonio, Les souris ont la peau tendre (posté le 04/12/2011 à 15:35) |
Ambiance occupation à la belge, morts à tire-larigot, trahisons et jambes en l'air, le troisième épisode de la longue saga contient, encore un peu fades, tous les ingrédients du succès dardien. San-Antonio y fait très James Bond à la française, échappant rocambolesquement à des situations impossibles, du haut d'une grande roue encerclée par la Gestapo, galipettant de l'infirmière rebondie qui se transforme en espionne autrichienne, lui préférant de l'authentique résistante au corps de rêve, fuyant en corbillard vers l'Angleterre, fanfaronnant quelques comparaisons de derrière les fagots. On reste cependant dans du roman d'espionnage assez banal, l'immense talent ne demeurant qu'en germe, San-Antiono hésitant encore à se lâcher dans cette écriture jubilatoire qu'on pressent sans doute seulement parce que l'on connait la suite. | |
9 novembre 2011 : Frédéric Dard, Laissez tomber la fille (posté le 09/11/2011 à 20:34) |
Entre plaisir et frustration, car le délire verbale est encore un peu timide, je me laisse entraîner dans les bas-fonds de l'occupation, ses flics allemands sadiques, ses compromissions dans tous les sens, ses tentations de fuite à l'anglaise. San-Antonio (dorénavant avec trait d'union) se trouve embarqué dans un mic-mac invraisemblable (demander la vraisemblance à Frédéric Dard, c'est peine perdu, heureusement), où il se fait presque tuer, par erreur, où il trimbale une nana évidemment plantureuse et emballée, où il se fait avoir par des méchants qui ne le sont pas tant que ça avant d'être sauvé de la mort (encore elle) par des braves types qui n'en sont pas moins des tortionnaires nazis, où il se fait méchamment rosser par un nain qu'il se fait un plaisir de zigouiller par la suite, où il récupère une ampoule ultra-secret-défense que tout le monde désire, où il fait des mimis mouillés (et plus car affinités) à une allemande particulièrement perverse, et où, car il faut bien que ça se termine bien, après un dernier renversement rocambolesque, il débarque à Londres, sain, sauf et en bonne compagnie. Bref, déjà du pur San-Antonio, qui se cherche certes encore, mais dont on sent qu'il va bientôt se trouver. | |
29 octobre 2011 : Frédéric Dard, Réglez-lui son compte ! (posté le 29/10/2011 à 09:43) |
Le tout premier San Antonio (sans trait d'union, le seul...) est une promesse. On y pressens les ingrédients du succès futur. La verve est contenue et les comparaison incongrues ne sont pas toujours heureuses, mais déjà le jeu avec les mots tente quelques saillies intéressante, et le sourire vient souvent aux lèvre d'un lecteur qui demeure néanmoins un peu frustré. le personnage, déjà, rencontre plein de pépettes, mais, fleur bleue, il n'en saute aucune et le grand classique de la scène osée manque encore. San Antonio se laisse même aller à tomber presque amoureux. Fort heureusement, il sait, la première fois, qu'elle est la coupable, piège narratif dans lequel on est à deux doigts de tomber, et, dans le deuxième épisode, il a des scrupules (si, San Antonio a des scrupules!) à cause d'un chic type de mari qui n'en est pas un, de mari, mais qui devient un vrai cadavre, comme beaucoup en sont semés dès ce premier roman. Sinon, tout est déjà là : la bande de voyou qui séquestre San Antonio, la libération à la dernière minute de celui-ci par une combine à la MacGiver, un policier verreux, des nanas sublimes, des réflexions quasi-philosophiques et le lecteur qu'on engueule. Tout est là, mais il manque quelque chose, ou quelqu'un : Béru n'est pas encore né.
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22 octobre 2011 : André Gide, Paludes (posté le 22/10/2011 à 10:50) |
Etrange méta-roman de l'inaction. Que fait le narrateur ? Il écrit Paludes, le roman qu'on lit, l'histoire d'un homme seul dans une tour (celle d'ivoire de l'écrivain sans doute) qui regarde les marais et pêche des vers de terre. Mais ce que l'on lit est autre chose. L'écrivain est sans cesse interrompu. Il croise plein de littérateurs tous plus ridicules les uns que les autres. Il part en voyage, pensant que ça changerait sa trop monotone vie, mais le voyage, sous la pluie, tourne court. Il note dans un agenda son programme du jour, et ne le respecte jamais. Il écrit des pensées. Il souffre de la banalité de sa vie et de l'incompréhension des autres. Il raconte des aventures de chasse. Bref, le roman s'enlise, comme un marais (ou, pour faire plus littéraire, un palude), il est le récit d'un échec, sur un ton tantôt enjoué tantôt pathétique, petite bizarrerie sans ambition, petite incursion dans la modernité, quête inassouvie. | |
20 octobre 2011 : Agota Kristof, Le grand cahier (posté le 20/10/2011 à 21:37) |
Impression rare de lire quelque chose qui ne ressemble à rien de déjà lu. D'abord, tout est raconté par un nous, deux jumeaux qui ne se distinguent jamais l'un de l'autre, comme s'ils ne formaient qu'une seule personne, qu'une seule voix, double et une. Puis, tout est décrit sans le moindre écart émotif, sans le moindre effet pathétique, sans le moindre sentiment exprimé. Cela pourrait être froid. Cela ne l'est pas. L'humanité de ces deux sauvages d'enfants recueillis par une grand-mère, sorcière qui perd petit à petit, sans crier gare, son hostilité et sa rudesse, nait au fil des pages, sans que leur cruauté et leur cynisme ne disparaissent, revenant même dans toute leur splendeur à la toute fin du bouquin. Le climat ignoble de la guerre et de la terreur totalitaire (on devine qu'on se trouve à la fin de la Deuxième Guerre mondiale quelque part dans un pays de l'Est) est rendu, naïvement mais d'une naïveté fausse, dans sa plus crue expression. Rien n'est épargné au lecteur, ni les obus, ni les perversions, ni la violence (celle des mots d'abord), ni la pauvreté crasse. Les deux narrateurs, qui se blindent contre toute faiblesse, évitent l'apitoiement dû aux enfants. Ils ne sont pas des victimes, ou plutôt ne se reconnaissent pas comme tels. Ils embobinent tout le monde, jusqu'au lecteur, qui, finalement, ne sait pas quoi penser d'eux (tiens, j'avais écris "deux"...), car, hors de toute morale, ils sont pourtant attachants, renforcés et détruits par la guerre, mystérieux. | |
8 septembre 2011 : Francis Scott Fitzgerarld, Gatsby le Magnifique (posté le 08/09/2011 à 15:28) |
Gloire et chute d'un mystère, ce roman, comme son personnage-titre, a quelque chose qui envoûte. L'insouciance des riches fêtards qui rôdent autour de la demeure illuminée du généreux Gatsby se mue en indifférence quand le drame s'est noué et que la prestance est devenue cadavre troué. Le narrateur, ce voisin qui se laisse lentement amadouer, reste jusqu'au bout le confident d'un amour fou brisé par l'habitude nauséabonde de l'argent. Gatsby a construit, sans doute malhonnêtement, en tuant un homme peut-être, sa fortune, pour être à la hauteur d'une femme fatale, qui le laisse tomber pour un mari qu'elle n'aime pas; mais à quoi bon résumer une histoire dont les zones d'ombres ne s'effacent pas ? L'atmosphère légère s'alourdit tout au long d'un roman du désenchantement, qui montre ce qui se craquelle dans les êtres trop sensibles, avec une justesse d'écriture qui fait sentir la chaleur d'une journée fatale et la froide nuit terrible qui la suit. Sur une route perdue et sous le regard presque vivant d'une affiche publicitaire, l'accident a lieu, et la gloire conduit au néant. | |
26 août 2011 : Stieg Larsson, Millénium 1, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (posté le 26/08/2011 à 14:42) |
La fraîcheur du Nord aide-t-elle à supporter la cannicule ? Lecture d'été pour se glacer le sang à peu de frais. Le roman est bien ficelé, avec une histoire bien entendu glauque au possible, des intrigues familiales désespérantes, un héros qui n'en est pas tout à fait un sans être, comme trop souvent, un pauvre type, des histoire de coeur et de cul pour émoustiller un peu le lecteur qui étouffait dans les méandres des affaires financières et humaines les plus sordides, des renversements bien sentis. Bref, les ingrédients du pollar réussi sont présents. Pourtant, il me semble que le succès planétaire de ce bouquin (pourquoi précisément celui-là?) est un peu surfait. Il ressemble à beaucoup d'autres romans policiers, sans que le petit plus du génie n'apparaisse. Deux histoires, celle de la famille Vanger, perdue dans une île avec ses secrets à découvrir, et celle de la traque au financier maffieux Wennerström, c'est peut-être un peu trop pour un seul livre. La fin, quand la plus intéressante des deux affaires est résolue, barbe un peu. Les personnages sont peut-être la clé du succès du bouquin, celui de Lisbeth Salander notamment. Cette jeune fille à la fois handicapée sociale et génie de l'informatique, qui s'ouvre au monde petit à petit, suscite une sympathie et un intérêt qui font qu'il n'est pas impossible que je m'attaque à la suite prochainement, l'été prochain peut-être, si la cannicule revient.
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