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20 août 2011 : Fribourg, Place Georges-Python, Rencontres de folklore internationales (posté le 21/08/2011 à 08:38)

Voyager sans bouger, juste en avançant dans la foule à petits pas pour me rapprocher de la scène. Déluge de couleurs, de rythmes, de danses, de visages et de corps qui jubilent. Tout commence en Afrique, au Burkina Fasso, dans un crescendo de balafons et de cabrioles, puis des Indonésiennes avancent noblement au son de la percussion. Le corps d'Afrique et le corps d'Asie se répondent, frénésie vibrante puis calme presque immobile, deux formes de sacré qui laissent place au carnaval du Costa Rica, son trombone pétaradant, ses danses plus profanes, plus mixtes (toujours la même histoire, la drague, l'homme-paon, la fille hésitante qui ne se refuse point au bout du compte...). Mêmes jeux en Lituanie (où les filles sont jolies, à noter dans mon agenda de voyages) avec un orchestre dont la musique tourne autour de nos traditions européennes et de la Russie, sans toutefois se soumettre, fierté d'un peuple qui joue et qui danse son indépendance retrouvée. Le premier passage par le Pérou impressionne. Les mecs, vrais coqs dans des costumes qui en foutent plein la vue, s'affrontent dans des joutes corporelles, ciseaux en main, qui briseraient les articulations de plus d'un. Je remarque soudain qu'un groupe m'a glissé des oreilles, la pause au milieu du voyage, les yodleurs appenzellois, un peu crouilles au milieu d'un monde qui bouge, parfaite image de la Suisse molle qui se recroqueville et s'immobilise quand tout court, danse, frétille. Et pour frétiller, ça frétille, du côté d'Antigua et Barbuda, où les tonneaux de pétrole deviennent des sons aquatiques d'une douceur enchanteresse. Si tous les barils de fuel étaient transformés en instruments de musique, le réchauffement climatique n'aurat plus lieu que dans les coeurs. Et un peu plus bas, parce que les danseuses des Caraïbes sont (enfin !) fort peu vêtues et balancent leurs corps d'une manière qui laisse peu de doutes sur leurs intentions. La drague est presque partout présente dans la musique de danse, mais elle est plus explicite sous le soleil quand dans la neige. Retour en Europe, en Macédoine, avec la musique la plus belle de soirée, la folie des Balkans, la clarinette hurlante, l'âme qui rit et qui pleure pendant que les filles agitent leur mouchoir comme Florian dans la salle à traire. Puis un nouveau petit tour au Pérou, où des conquistadors se battent dans des costumes qui redonnent de la couleur à cette soirée qui n'en manquait pas, avant l'escapade slovaque, ses violons fous et les robes qui tournent, les longues bottes noires et les petits jupons blancs (autre pays à noter dans mon agenda...) et, clou de la soirée, un tango endiablé dans un bouge de Buenos Aires, avec des Zorros qui font peur puis des corps de femmes qui se frottent aux visages imperturbables des mâles fatals. Les chanteurs sont un peu jeunes. Ils cassent le cliché du petit vieux qui braille d'une voix rauque "coraçon". Le bandonéiste rassure. On s'y croit quand même. Le voyage au mille couleurs se termine. Je me rends compte que je n'ai pas bougé.

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9 août 2011 : Fribourg, Cap'ciné, Harry Potter et les reliques de la mort, 2ème partie (posté le 09/08/2011 à 18:24)

Le dénouement de la série, quand sait déjà tout par le livre, pourrait sembler sans grand intérêt. Le spectacle cinématographique en vaut cependant la chandelle. Bien sûr, cela tient du show hollywoodien, la sempiternelle mise en scène de la lutte finale (étrange langage communiste pour une manie américaine...) entre le bien (Harry Potter, Dumbeldore, qui, même mort, intervient, Hermione, Ron, Neville Londubas, qui prend du coffre) et le mal (Voldemort, Bellatrix, ces noms qu'il convient d'oublier...). La victoire du bien (à quand le film à gros budget où ce sont, comme cela semble plus réaliste, les méchants qui gagnent?), après mort et résurrexion (ça ne vous rappelle pas quelque chose?) ramène l'ordre ancien, heureux, l'innocence du temps des premiers jours d'école, le Poudlard rigolo qu'on aimait dans les premiers livres, et dont J.K. Rowling nous prive en n'écrivant pas de suite et en laissant à d'autres l'histoire des enfants de nos héros. Il est néanmoins un personnage, dans tout cela, qui reste ambigu jusqu'au bout, qui n'entre de plain pied dans aucun camp, celui de Drago Malefoy. Harry lui sauve la vie. La mère de Drago sauve Harry. Drago rejoint ses parents auprès de Voldemort. Il survit. On le voit sur ce quai de gare. Minuscule espace pour penser un entre deux, un sorcier presque humain.

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24 juillet 2011 : Fribourg, Café de la Presse, concert d'un quintet de cuivre et choeur d'hommes (posté le 24/07/2011 à 21:43)

Dans le café, les clients ont les yeux rivés sur les Champs-Elysées. Un barbu à bonnet rouge parie sur Greipel. Je pense Cavendish. Soudain, les cuivres prennent possession du lieu, entre negro spiritual et renaissance, jazz et valse, trombone, cor et percussion, chapeaux de paille et drapeaux noirs et blancs. Les clients lèvent le nez du journal et de leur bière. Les cuivres sont par terre. L'orchestre se fait choeur : "Le vieux chalet". Retour d'Alsace, arrivée à Fribourg. A Paris, c'est bien Cavendish qui gagne. Un petit vieux s'assied près de moi et me demande si c'est la fête. Cadel Evans en jaune. "Au... Au... Au..." Tiens, ça me rappelle quelque chose, diguedon, ma dondaine. Une bière du Quartier avec les musicos. Le tour est fini. Qui a gagné? Le barbu à bonnet rouge, qui tournait le dos à l'orchestre, est parti.

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3 juillet 2011 : Payerne, salle Pierre-Viret, concert d'Elisa Francey (flûte traversière), Lucas Francey (trombone à coulisse) et Eugénia Rody (piano) (posté le 04/07/2011 à 10:45)

Marier la flûte et le trombone paraît audacieux. Et pourtant... Ce concert fut un moment de grand plaisir musical. La flûte japonaise permet dès le début l'évasion, avant que le son chaud du trombone n'enveloppe l'atmosphère de romantisme. Petit voyage en Grèce pour oublier un instant qu'on ne parle de ce pays à la culture si riche qu'en termes de plans d'austérité et révolte (car les Antigone d'aujourd'hui, celles qui réclame la justice, indignées, ont mille fois raison) et retour au pays mécanique de Jean Tinguely, grinçant et génial, torturé et souriant. Airs irlandais, appel du large, enterrement du chien du frère de Léonard Bernstein, et pour finir, tangos et mambos endiablés dans les ruelles sordides et merveilleuses de Buenos Aires. A quoi bon voyager? Le mariage de la flûte et du trombone, avec en témoin une pianiste aussi agréable à écouter qu'à regarder, donne le brin d'exotisme qui manque à la vie ordinaire. Dans dix ans, une clarinette peut-être se joindra à la fratrie musicale...

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25-26 juin 2011 : Mézière, théâtre du Jorat, Catulli Carmina de Karl Orff et Les Noces d'Igor Stravinski, par le Choeur de Chambre de l'Université de Fribourg (dir. Pascal Mayer) (posté le 27/06/2011 à 20:11)

La grange sublime accueille une musique qui ne l'est pas moins. L'énergie débridée des grivoiseries catulliennes, raillée par des vieillards plus vrais que nature, donne l'élan à un choeur prêt à en découdre avec les difficultés. Certes la musique de Karl Orff se répète un peu, certaines ficelles étant un peu trop tirée pour ne pas casser, mais le plaisir animal que l'on ressent aux moments d'extase demeure intact, avant que des Noces délicieusement païennes viennent donner à ce concert le coup de génie qui lui manquait encore. La musique de Stravinski, si difficile et si évocatrice, passe, à travers les mots de Ramuz, du rire à la prière, du grotesque au pitoresque, des tresses à tirer dedans la mousse aux culs tout nus, des mariés qui s'enroulent aux clous de Saint Côme, des neuf espèces de vins que chez nous on boit aux chemises et aux culottes, bref du coq à l'âne. La fresque est jubilatoire, le plaisir est total, sauf quand les entrées sont à côté. La grange sublime a abrité un feu d'artifice l'espace d'un week-end.

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18-19 juin 2011 : Canobbio, sortie et concert de la Concorde de Montagny-Cousset (dir. Jacques Aeby) (posté le 20/06/2011 à 16:48)

Il m'est impossible de ne chroniquer que le concert. Enfreignons joyeusement la règle ! Joyeusement, le terme est de mise. La météo hirtienne n'incite de prime abord pas à la jubilation. Les verres de blanc et l'ambiance dans le car compensent largement cet inconvénient somme toute anecdotique. Le Gotthard sous la pluie et le vent, et le Tessin imbibé d'eau pendant que nous nous imbibons d'une autre manière, sont aussi épiques que lorsque le diable et la vieille lançaient des pierres dans le canton d'Uri (pour plus de détails, s'adresser à Martin, et pour les questions d'électricité, à James). L'arrivée à destination se fait, comme de bien entendu, en fanfare. La Concorde y réalise d'ailleurs une répétition marchante de toute grande qualité, sans chef pour saluer le public et sans instruments. Venons-en quand même au concert (avec instruments, cette fois-ci), qui fut un grand cru, alors que la suite fut une grosse cuite. L'accueil tessinois nous procure toute l'énergie nécessaire pour nous surpasser dans des envolées marignanes, sous la protection magistrale d'un drapeau manipulé avec brio par un Gérard plus jeune que jamais, même lorsqu'il joue au loto (chambre 12...). Malgré les glaçons dans le dos et une tenue toujours plus courte, personne n'atteindra la chambre susmentionnée (pour plus d'informations, entrez dans le bar et jouez aux dés avec la serveuse). La joie, en italien, se dit allegria, et mélange la grappa, le champagne et je ne sais quoi qui soûle. La sortie bredouille du bar (la serveuse s'est rhabillée) se fait en titutibant, et les abris PC sont, pour des musiciens fatigués, une chambre d'hôtel fort luxueuse qu'ils quittent à regret peu après pour trouver, sous leur regard vitreux et ébahi, le soleil. La vue derrière l'église est ravissante... La messe permet à chacun de confesser ses folies de la veille et surtout de resouffler dans son instrument (souffler dans le ballon eût été suicidaire). Nouvel apéro, nouveau morceau de bidoche, nouveau concert par une pompe locale, alors que les jeunes ont cessé de pomper. Les vieux tiennent mieux le coup... Dans le car du retour, l'animation est assurée par le duo Gérard (encore plus jeune qu'hier) et Trolley. Déjà Cousset? On se quitte à grandes embrassades pour se retrouver bientôt, car une ambiance comme celle de la Concorde, c'est aussi rare que précieux, un peu comme le soleil dans une sortie organisée par Martin.

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5 juin 2011 : Payerne, Abbatiale, Cantate n°214 "Tönet, ihr Pauken! Erschallet, Trompeten!" de Jean-Sébastien Bach, "Ode à la musique" de Frank Martin, "L'air de ton nom" d'Henri Baeriswyl, par l'Ensemble vocal Chorège et l'Orchestre de chambre de Lausanne (dir. Hugo Stern) (posté le 06/06/2011 à 12:44)

Aboutissement de douze ans de plaisirs musicaux en grandes pompes. Nous fêtons la reine en fanfare, dans une cantate de Bach jubilante. Les flûtes, le hautbois d'amour (peut-on trouver un plus beau nom d'instrument de musique?), les chanteurs, le clavecin, les cordes, les trompettes virevoltent. Plus loin, ça brasse sans doute, mais nous jubilons, car la musique est une science qui veut qu'on rie et chante, et danse, avec un Frank Martin ritoulé des centaines d'heures et ripoliné dans une version réussie, certes. Puis naît l'air de ton nom, quête d'un être de l'été, d'une aubépine qui prend parole, sans hélas qu'aucune nuit des pierres ne soit mordue. L'angoisse de cette nuit laisse place, petit à petit, au jour de sable, à l'allée du vent, au grandiose choral qui chante enfin l'air de son nom. Quelle est ce nom? Nous ne le saurons jamais, mais des milliers d'adjectifs heureux viennent le décorer quand, à la fin, les salves d'applaudissements viennent couronner roi notre cher Hugo, sans qui tant de moments précieux n'aurait pas été vécus. Merci.

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4 juin 2011 : Fribourg, Belluard, Capitaine Quichotte (Théâtre cinématographie, par la Compagnie Les Ânes Volants, création de Yves Loutan) (posté le 05/06/2011 à 11:23)

Le rêve et la réalité s'imbriquent, se mélangent, s'interpénètrent. Le héros en chair et en os entre dans la toile, devient cinéma, puis revient sur terre. Le soleil de l'Espagne et l'orage de Fribourg font semblant d'avoir été prévus ensemble. Les aventures (et il faut insister sur le mot "aventures") de Don Quichotte naviguent entre le virtuel et le terre à terre. Sa folie est raison de vivre. Sait-il qu'il délire? Peu importe. Il sait qu'il n'y a de vraie vie que dans la passion, l'honneur, la chevalerie des livres. Introuvable à son et à notre époque? Alors, il faut l'inventer. Don Quichotte crache à la gueule des moralistes raisonnables comme l'aubergiste-roi qui l'adoube crache à tout va. Sancho comprend son maître. Il ne délire pas. Il vit. Il aime, il se bat, il rêve. Je ne peux terminer l'évocation de Don Quichotte qu'avec les mots d'un de ses plus fidèles disciples, Jacques Brel : peut-on trouver de plus noble but à nos vies que de "tenter, sans force et sans armure, d'atteindre l'inaccessible étoile" ? Idéalisme? Oui, nécessaire idéalisme.

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28 mai 2011 : Fribourg, Nuit des Musées (posté le 29/05/2011 à 21:06)

Deux enquêtes seulement pour une courte nuit... Gutenberg expose les monstres qui servait jadis à écrire. Peut-être aurait-il fallu poursuivre directement sur Tinguely, mais je suis happé par le jeu de piste de la BCU, qui m'emmène dans l'antre des livres, à travers l'arsenic, les vieilles dentelles, la mort sur Nil, et, dans le lieu le plus infréquenté de la bibliothèque, les oiseaux à chocottes. Un orchestre pain-fromage (qu'est-ce qu'ils foutent là?) achève la visite et la nuit.

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21-22 mai 2011 : Rueyres-les-Prés, Musique en vol 2011, 90ème Giron des Musiques Broyardes (posté le 23/05/2011 à 18:29)

Ma première Broyarde! Les danses roumaines, bien jouées, sans accroc à la troisième clarinette, précèdent le sauna de la cantine où les souffleurs soufflent sans pour autant réveiller l'air frais. Après souffler, siffler. Le coup de blanc est indispensable à un concours de marche très sérieux, sous la férule d'un chef qui s'en fout, et qui, honte suprême, salue des gens pendant l'exécution, alors que moi, musicien mais pas militaire, je pars du faux pied et ne joue pas grand chose. Le concert du soir est plus convaincant que la rapidité du service, même si les brass band confondent un peu le sport et la musique. Le lendemain, c'est marche et compagnie, lecture à vue de partitions trop rapides, attente pour un cortège bouillonnant, Marignan, quelques verres de blanc encore, souper plus rapide que la veille, discussions philosophiques. Tout est passé si vite... Je reviendrai l'an prochain, histoire de partir du bon pied et de jouer plus de notes dans Marignan.

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